{"id":53,"date":"2024-09-25T14:03:33","date_gmt":"2024-09-25T12:03:33","guid":{"rendered":"https:\/\/web.umons.ac.be\/bomb\/?p=53"},"modified":"2024-09-30T09:09:26","modified_gmt":"2024-09-30T07:09:26","slug":"le-genome-de-lophiure-une-avancee-significative-pour-mieux-comprendre-levolution-de-la-regeneration-chez-les-animaux","status":"publish","type":"post","link":"https:\/\/web.umons.ac.be\/bomb\/2024\/09\/25\/le-genome-de-lophiure-une-avancee-significative-pour-mieux-comprendre-levolution-de-la-regeneration-chez-les-animaux\/","title":{"rendered":"Le g\u00e9nome de l\u2019ophiure : une avanc\u00e9e significative pour mieux comprendre l\u2019\u00e9volution de la r\u00e9g\u00e9n\u00e9ration chez les animaux"},"content":{"rendered":"

\"\"Les m\u00e9thodes et techniques actuelles transforment profond\u00e9ment la biologie en offrant des outils puissants pour explorer la diversit\u00e9 et l’\u00e9volution des esp\u00e8ces. Les derni\u00e8res ann\u00e9es ont \u00e9t\u00e9 marqu\u00e9es par un effort consid\u00e9rable de s\u00e9quencer les g\u00e9nomes des organismes de notre plan\u00e8te. Outre le challenge technique, ces g\u00e9nomes sont des mines d\u2019or d\u2019informations pour les chercheuses et les chercheurs qui \u00e9tudient ces organismes.<\/p>\n

Une \u00e9quipe de chercheurs, comprenant le Dr. J\u00e9r\u00f4me Delroisse, chercheur postdoctoral \u00e0 l’Universit\u00e9 de Mons (Service de Biologie des Organismes Marins et Biomim\u00e9tisme<\/a>), a r\u00e9cemment publi\u00e9 une \u00e9tude dans Nature Ecology and Evolution <\/a>sur le s\u00e9quen\u00e7age du g\u00e9nome de l\u2019ophiure europ\u00e9enne\u00a0Amphiura filiformis<\/em>, un invert\u00e9br\u00e9 marin r\u00e9put\u00e9 pour ses capacit\u00e9s exceptionnelles de r\u00e9g\u00e9n\u00e9ration.<\/p>\n

Une premi\u00e8re pour les ophiures!<\/strong><\/h5>\n

Les ophiures sont des animaux marins appartenant au groupe des \u00e9chinodermes, tout comme les \u00e9toiles de mer, les oursins ou les concombres de mer. Ces organismes se caract\u00e9risent par un petit corps central et de longs bras fins et flexibles.<\/p>\n

Les \u00e9chinodermes, dont font partie les ophiures, occupent une position phylog\u00e9n\u00e9tique particuli\u00e8re dans l’arbre du vivant. Ils appartiennent \u00e0 une lign\u00e9e \u00e9volutive qui inclut \u00e9galement les vert\u00e9br\u00e9s. A titre comparatif, les insectes ou les mollusques, par exemple, appartiennent \u00e0 une autre lign\u00e9e \u00e9volutive. Les \u00e9chinodermes et les vert\u00e9br\u00e9s partagent donc un anc\u00eatre commun plus r\u00e9cent que celui qu’ils partagent avec la majorit\u00e9 des autres invert\u00e9br\u00e9s. \u00c9tudier les \u00e9chinodermes peut ainsi nous aider \u00e0 mieux comprendre l\u2019\u00e9volution de notre propre lign\u00e9e \u00e9volutive\u00a0!<\/p>\n

L\u2019int\u00e9r\u00eat scientifique des ophiures r\u00e9side aussi dans leurs capacit\u00e9s exceptionnelles de r\u00e9g\u00e9n\u00e9ration. Elles peuvent r\u00e9g\u00e9n\u00e9rer leurs bras apr\u00e8s une blessure, ce qui en fait un mod\u00e8le id\u00e9al pour \u00e9tudier les processus de cicatrisation et de r\u00e9g\u00e9n\u00e9ration.<\/p>\n

La r\u00e9g\u00e9n\u00e9ration des animaux: un processus commun ?<\/strong><\/h5>\n

L\u2019analyse approfondie de l\u2019expression g\u00e9n\u00e9tique au cours de la r\u00e9g\u00e9n\u00e9ration chez l\u2019ophiure a r\u00e9v\u00e9l\u00e9 des vagues successives d\u2019expression de g\u00e8nes r\u00e9gulant des processus fondamentaux tels que la cicatrisation, la prolif\u00e9ration et la diff\u00e9rentiation tissulaire chez ces organismes particuliers.<\/p>\n

Une approche comparative de l\u2019expression des g\u00e8nes lors de la \u201cr\u00e9g\u00e9n\u00e9ration d\u2019appendices\u201d (les bras, les jambes ou les pattes\u2026) a \u00e9t\u00e9 r\u00e9alis\u00e9e avec d\u2019autres esp\u00e8ces d\u2019invert\u00e9br\u00e9s et de vert\u00e9br\u00e9s. Cette analyse a r\u00e9v\u00e9l\u00e9 une conservation des g\u00e8nes impliqu\u00e9s, particuli\u00e8rement dans la phase prolif\u00e9rative, entre les invert\u00e9br\u00e9s et les vert\u00e9br\u00e9s.<\/p>\n

Cette \u00e9tude sugg\u00e8re que les g\u00e8nes conserv\u00e9s, connus pour leurs r\u00f4les dans la r\u00e9g\u00e9n\u00e9ration chez d’autres esp\u00e8ces, pourraient \u00e9galement contribuer \u00e0 la r\u00e9g\u00e9n\u00e9ration des ophiures. Les recherches futures devront d\u00e9terminer si cette similarit\u00e9 r\u00e9sulte d’une ascendance commune ou d’une utilisation convergente des m\u00eames voies mol\u00e9culaires.<\/p>\n

R\u00e9g\u00e9neration et bioluminescence au service de la survie!<\/strong><\/h5>\n

Certaines ophiures, comme\u00a0Amphiura filiformis<\/em>, se distinguent non seulement par leur capacit\u00e9 de r\u00e9g\u00e9n\u00e9ration, mais aussi par leur aptitude \u00e0 \u00e9mettre de la lumi\u00e8re, on parle de bioluminescence.<\/p>\n

En cas d\u2019attaque par un pr\u00e9dateur, les ophiures peuvent \u00ab autotomiser \u00bb leurs bras, c’est-\u00e0-dire les d\u00e9tacher volontairement. Le bras d\u00e9tach\u00e9 \u00e9met alors un flash lumineux, perturbant le pr\u00e9dateur et d\u00e9tournant son attention de l\u2019ophiure, qui pourra ensuite r\u00e9g\u00e9n\u00e9rer son bras amput\u00e9. Ainsi, ces deux capacit\u00e9s, r\u00e9g\u00e9n\u00e9ration et bioluminescence, interagissent pour am\u00e9liorer la survie des ophiures dans leur environnement naturel.<\/p>\n

D’un point de vue mol\u00e9culaire, la bioluminescence est m\u00e9di\u00e9e par une enzyme sp\u00e9cifique appel\u00e9e ‘lucif\u00e9rase’. Le nouveau g\u00e9nome de l’ophiure constitue une excellente opportunit\u00e9 pour \u00e9tudier l’\u00e9volution de ces g\u00e8nes et, plus g\u00e9n\u00e9ralement, de la bioluminescence. Il r\u00e9v\u00e8le de multiples copies de g\u00e8nes ‘lucif\u00e9rase’ qui semblent, en r\u00e9alit\u00e9, remplir des fonctions mol\u00e9culaires vari\u00e9es durant la vie de l\u2019animal.<\/p>\n