Projet de coopération au développement REHMOK
En février 2023, une délégation d’étudiants et d’encadrants du département architecture de la Polytech de Mons s’est rendue en République Démocratique du Congo pour y rencontrer leurs partenaires du micro projet de coopération internationale REHMOK.
Réalisé en collaboration avec les professeurs et étudiants de l’UNIKIN (ISAU et Faculté Polytechnique), de l’INBTP et l’organisation Ingénieurs sans Frontières (ISF), cette rencontre a permis de lancer les bases d’un travail multidisciplinaire visant à amélioration des conditions de vie des habitants du village de Mokamo.
Mokamo est un petit village de la province de Bandundu, situé à environ 11 heures de route à l’est de Kinshasa. Le village qui s’étale sur 36km² s’est développé au siècle passé grâce au commerce de l’huile de palme. On y établira un dispensaire inauguré en 1953 ainsi quelques habitations en dure pour loger les ouvriers de l’usine. Aujourd’hui, les Sœurs de la Charité de Namur s’occupent de la gestion du dispensaire et des logements qui sont loués aux médecins et soignants. Cette enclave dans le village constitue le camp Croix-Rouge.
C’est dans ce cadre rural et éloigné des bruits de la ville que s’est déroulé la première phase du projet de coopération REHMOK pour la réhabilitation du camp Croix-Rouge. L’objectif est de concevoir les plans d’exécution de nouveaux logements durables, adaptés au climat tropical local et répondant aux besoins des habitants précarisés. Notre mission a également pour ambition de répondre aux enjeux écologiques planétaires en tenant compte de l’impact de la construction sur son environnement naturel, et cela à toutes les étapes du processus de conception. La terre crue utilisée pour la construction des habitats locaux à Mokamo est ici comme ailleurs considérée à tort comme le matériau des plus pauvres qui vivent dans des cases. C’est donc aussi l’une des ambitions du projet REHMOK que de revaloriser ce matériau de construction naturel, traditionnel, sein et peu coûteux auprès des habitants du village, en proposant des habitats aux lignes modernes, et qui répondent aux principes de l’architecture bioclimatique en milieu tropical.
Les maisons du camp sont toutes construites dans un béton grossier. Partout, elles exhibent leurs cicatrices comme autant de témoignages du temps qui passe. Défiant les lois de la statique, les murs lézardés soutiennent péniblement une toiture de tôles ondulées colmatée avec des matériaux de fortune. La pratique traditionnelle veut que la cuisine se fasse à l’extérieur de la maison. Celle-ci ne sert qu’au repos. Si la famille s’agrandit, on ajoute une pièce qui sera construite en torchis à l’aide de branchages et d’un peu de terre. Ici, les habitants s’accommodent de peu.
A Mokamo, il n’y a pas d’archives, de photos ou de films pour raconter l’histoire des habitants. Les récits qui entretiennent les mémoires se transmettent oralement. Les relevés réalisés sur place ont permis de cartographier la trentaine d’habitations, de pratiquer des tests géotechniques et collecter des échantillons de terres et de roches qui seront analysés en laboratoire pour la suite du projet.
De retour en Belgique, les étudiants ont développé des solutions constructives innovantes et adaptées au contexte. La construction en terre crue s’est imposée comme un matériau idéal pour concevoir des habitats écologiques, économiques et modernes, tant dans leurs conceptions que dans leurs mises en œuvre.
La phase 2 du projet REHMOK a débuté en septembre 2023 et aura pour objectif le prototypage à l’échelle 1/1 d’éléments architecturaux en terre avant de passer à la dernière phase d’exécution.