Le service de Génie Architectural et Urbain obtient la reconnaissance d’Europa Nostra pour la sauvegarde du Château de Fer d’Ath
Qui aurait pu croire qu’un travail de fin d’études réalisé par un étudiant ingénieur architecte de la Faculté Polytechnique aboutirait aujourd’hui à une reconnaissance mondiale d’un patrimoine exemplaire ?
Classé dans une liste constituée de quatorze “sites du patrimoine les plus menacés d’Europe en 2025″, le bâtiment pourrait faire partie de la liste finale des sept sites les plus menacés en 2025. La présence du Château de fer parmi ces sept sites retenus par l’organisation européenne de référence pour la conservation du patrimoine Europa Nostra pourrait être déterminante pour l’avenir de l’édifice.
L’histoire commence en 2022, à partir de la recherche réalisée par Adrien Pineau intitulée « Le château de fer d’Ath. Étude d’une des dernières maisons en fer utilisant le système Danly ». Ce travail avait permis de souligner le caractère unique et authentique de cette bâtisse constituée entièrement de fer, construite à la fin du 19e siècle par l’ingénieur belge Joseph Danly.
Le bâtiment représente aujourd’hui un exemple unique en Belgique et rare en Europe de ce système de construction basé sur l’assemblage de caissons en tôles embouties. À ce titre, cette construction peut être considérée comme un vestige unique, témoignage de l’innovation de l’ingénierie wallonne en construction métallique à cette époque. Son intérêt scientifique reste néanmoins largement méconnu aujourd’hui. Plus encore, l’édifice ne bénéficie d’aucune protection légale, ce qui pose la question de sa sauvegarde et de sa mise en valeur dans le contexte économique actuel.
Depuis les premiers travaux, le Service de Génie Architectural et Urbain de la Faculté Polytechnique de l’UMONS s’est investi dans des campagnes d’analyses approfondies du bâtiment. Un travail important de sensibilisation auprès des autorités et des mécènes a également été mené avec la collaboration d’autres scientifiques, architectes, ingénieurs et experts, ce qui aboutit à la création de l’association de fait « Château de fer 1887 ». Cette association est avant tout un outil d’action et de gestion du projet de conservation. Son comité de pilotage a récemment proposé une étude de faisabilité pour un projet muséal qui permettrait de mettre en valeur la partie Danly de l’édifice.
Des recherches de financements sont toujours en cours pour concrétiser le projet qui bénéficie par ailleurs du soutien de nombreuses institutions et organisations, parmi lesquelles le Conseil International des Monuments et Sites (ICOMOS), l’Association du Patrimoine Industriel Wallonie-Bruxelles, la Fédération Européenne des Associations du Patrimoine Industriel et Technique (EFAITH), ainsi que la Régie des Bâtiments, l’actuel propriétaire du site.
La Régie des Bâtiments soutient l’association dans ses démarches de sauvegarde, mais devra malheureusement procéder à la mise en vente prochaine du site. Plusieurs pistes sont donc actuellement à l’étude pour éviter de voir disparaître l’édifice lors de la revente.
Dans le cadre de son travail de sensibilisation, le Service de Génie Architectural et Urbain a donc également introduit un dossier de candidature auprès d’Europa Nostra, l’organisation européenne de référence pour la conservation du patrimoine. Cet investissement vient d’être récompensé par une reconnaissance majeure des experts d’Europa Nostra qui ont listé le château de fer parmi 14 autres sites du patrimoine les plus menacés d’Europe pour l’année 2025.
Les 14 sites, répartis dans 14 pays européens, ont été présélectionnés par un comité consultatif composé d’experts européens en histoire, archéologie, architecture, analyse de projets et finance. Les nominations pour le programme 2025 des sept sites les plus menacés ont été faites ou approuvées par des membres d’Europa Nostra, ainsi que par des membres de l’Alliance européenne du patrimoine. La liste finale devrait être dévoilée dans le courant du mois de mars.
Quoi qu’il en soit, la présence du Château de fer dans la pré-liste des 14 sites symbolise non seulement l’importance patrimoniale et la valeur culturelle du Château de Fer d’Ath, mais aussi les menaces graves auxquelles il est actuellement confronté.
Notons que le classement prend en compte, entre autres, l’engagement des communautés locales et le soutien des acteurs publics et privés, essentiels à la sauvegarde de ce site historique. Un autre facteur clé dans cette reconnaissance est le potentiel du Château de Fer à devenir un catalyseur de développement socio-économique durable pour la région.
Cette nomination par Europa Nostra constitue une étape cruciale dans la reconnaissance de ce patrimoine unique et dans la lutte pour sa sauvegarde.
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