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Hygge & Lykke – Un petit coin de Scandinavie à Mons

Publié le 14 mars 2025
Rédigé par Julien Degueldre
Dans le cadre du cours de Culture et Langue en Master 1, l’un des points abordé est la question de l’identité scandinave ainsi que la perception que l’on peut en avoir en Belgique. Nous avons dès lors décidé avec les étudiants, sous forme d’activité annexe, de réaliser un entretien avec Valérie Waroquier, propriétaire de la […]

Dans le cadre du cours de Culture et Langue en Master 1, l’un des points abordé est la question de l’identité scandinave ainsi que la perception que l’on peut en avoir en Belgique. Nous avons dès lors décidé avec les étudiants, sous forme d’activité annexe, de réaliser un entretien avec Valérie Waroquier, propriétaire de la boutique montoise d’inspiration scandinave « Hygge & Lykke », située Rue du Miroir 29 dans le centre-ville de Mons. Valérie a gentiment accepté de se prêter au jeu et de nous donner son avis sur le sujet. Voici le résultat de cette interview.

Hygge & Lykke – Un petit coin de Scandinavie à Mons

Entretien avec Valérie Waroquier réalisé par Alexis Bini et Mika Paygnard, étudiants de Master 1 en danois à la FTI-EII (Université de Mons)

Valérie Waroquier est la propriétaire de la boutique montoise d’inspiration scandinave « Hygge & Lykke », située Rue du Miroir 29 dans le centre-ville de Mons. Derrière cet intérêt pour la culture scandinave, on retrouve plusieurs choses.

 

Un autre type de consommation

Tout d’abord, la boutique « Hygge & Lykke » est une boutique basée sur le slow living. Ainsi, on y promeut un autre type de consommation, plus réfléchie et plus respectueuse de l’environnement. Pour Valérie, cette philosophie est intimement liée au côté scandinave de son magasin :

« En Scandinavie, les gens ont tendance à choisir parfois un objet design pour lequel ils ont attendu et économisé pendant quelques années, et d’acheter la belle pièce, alors que chez nous les gens ont tendance à vouloir changer tout le temps et à acheter plein de petits trucs donc ce n’est pas du tout la même manière de concevoir l’habitat et de le décorer. »

Plus d’importance accordée à la nature

Valérie a pu observer lors de ses vacances en Europe du Nord que l’écologie et la nature ont bien plus d’importance qu’ici. Une différence qui l’a marquée : « L’humain était vraiment connecté [à la nature], et l’humain n’essayait pas de surplomber son environnement. »

Cette cohésion avec la nature, qu’elle voit entre autres dans l’architecture moins intrusive des stations de ski nordiques par rapport au paysage, est très importante pour elle. Elle fait aussi le lien avec le droit en Suède pour tout un chacun de pouvoir profiter de la nature, appelé allemansrätt. Elle aime cette idée d’une nature qui appartient à tout le monde. Ce droit illustre pour elle une différence de conception entre Belgique et Scandinavie quant à la notion de ce qui est privé. De plus, elle applaudit cette adaptation à l’environnement que l’on peut trouver dans ces contrées. Par exemple, les questions des effets du manque de lumière et de luminothérapie y ont été abordées et normalisées bien plus rapidement que chez nous, montrant ainsi que les Scandinaves savent s’adapter à leurs besoins tout en restant respectueux de leur environnement.

Un modèle pour tous

Pendant l’interview, une vision ressort souvent : celle de la Scandinavie comme modèle à suivre. En se penchant sur les origines de l’intérêt de Valérie pour les pays nordiques, on retrouve une admiration pour le système de santé publique scandinave. Ayant elle-même travaillé dans le milieu de la santé en Belgique, elle nous explique que le modèle scandinave y est vu comme un idéal à atteindre : « Ils ont une vision plus systémique des choses, où un problème est vu sous différents angles. Les solutions apportées sont basées sur une vision riche et multiple, ce qui fait que les solutions le sont aussi et sont plus cohérentes. »

Une autre raison d’admirer les sociétés nordiques est la cohésion entre les personnes que l’on retrouve dans ces pays. Valérie cite l’exemple des trains : ceux-ci comportent à la fois des wagons silencieux et des wagons familiaux ; ainsi, on répond aux différents besoins des passagers, mais sans exclure personne. D’une façon générale, elle estime d’ailleurs que les pays nordiques partagent une vision plus collective de la société. Et cette collectivité ne s’arrête pas aux compatriotes : dans ses voyages, Valérie a pu constater l’ouverture des Scandinaves aux autres ainsi qu’à elle, malgré son statut d’étrangère.

Le hygge

 Le mode de vie scandinave, que Valérie associe avec l’authenticité, la chaleur, et les petits espaces douillets, est aussi quelque chose qui lui plait énormément et qui nous ramène au concept de hygge.

C’est dans une de ses lectures que Valérie a découvert le hygge, et ce concept, qui a donné son nom à la boutique, lui a immédiatement parlé. Pour elle, le hygge est quelque chose de spécial, typiquement scandinave. Un mot qui n’a pas d’équivalent en français. Il est aussi difficile à traduire que la dolce vita italienne. Elle associe le hygge à des activités qui font du bien, comme déguster une tasse de thé, se réchauffer autour d’un feu, ou allumer des bougies. Le hygge permet de se ressourcer, de faire l’équilibre entre sa vie intérieure et extérieure, de recouvrer ses forces après une activité sociale. Elle fait également le lien avec le concept de maison-refuge, un élément important selon elle pour les Danois, dont le foyer est un cocon dans lequel peu de gens peuvent entrer. Si cette vision est peut-être un peu trop fermée au monde extérieur pour Valérie, qui préfère constituer un équilibre entre vie personnelle et sociale, elle en parle cependant positivement. D’ailleurs, l’ambiance de sa boutique a pour but de refléter ce côté « chaleureux » et de « refuge ».

Cette fascination pour les pays du Nord se retrouve d’ailleurs aussi chez d’autres membres de la famille : les filles de Valérie lui ont raconté qu’on peut trouver sur les réseaux sociaux des hashtags spécifiques pour la mode scandinave, qui serait une référence et un modèle chez certains jeunes.

Une destination exotique

L’attrait de la Scandinavie s’explique aussi par son exotisme et ses aspects culturels propres qui suscitent la curiosité. Valérie a par exemple découvert la Sainte-Lucie, la fête de la Lumière, dont elle a adoré le principe. Quand elle est sortie cet hiver dans les rue de Mons accompagnée d’enfants pour allumer des bougies dans le cadre de cette célébration, plusieurs passants ont été intrigués ; ceux-ci sont alors venus leur poser des questions et ont beaucoup aimé le concept.

Valérie considère également la gastronomie scandinave comme particulière, un type de nourriture que l’on ne déguste pas tous les jours. Elle nous confie en riant que lors de ses voyages dans le Nord, il lui est arrivé de gouter des plats sans trop savoir ce qu’elle mangeait exactement.

L’exotisme nordique s’étend aussi aux langues pour Valérie, pour qui les langues scandinaves semblent complexes et complètement différentes de la nôtre, avec des lettres distinctes et des règles linguistiques inédites.

Si elle ne sait donc malheureusement pas parler ces langues, Valérie apprécie toutefois le courant du « nordic noir », que ce soit en roman ou en série. Ce qui lui plait particulièrement, c’est l’ambiance de ces œuvres, ainsi que le fait de pouvoir se glisser dans la tête des tueurs et d’essayer de comprendre ce qu’il s’y passe.

En revanche, en ce qui concerne le buzz autour des vikings, souvent associés aux pays scandinaves, Valérie ne s’y retrouve pas vraiment. En plus d’en avoir une image trop masculine, guerrière et tribale pour elle, Valérie voit cette période historique comme trop éloignée de la culture et de l’histoire belge.

Des différences, mais aussi des ressemblances

Si toutes ces particularités scandinaves attirent, elles peuvent aussi être difficiles à saisir : il faut pouvoir les raccrocher à des concepts connus. C’est la raison pour laquelle la gérante de « Hygge & Lykke » utilise aussi le terme anglais slow living dans sa communication, une appellation plus familière pour les futurs clients et les passants.

Malgré tout, Valérie identifie des points communs entre le Danemark et la Belgique, et même spécifiquement avec Mons. En plus d’une météo fameusement maussade que nous partageons, elle souligne la ressemblance de l’architecture dans certaines villes, peut-être due à l’influence de pays plus au nord que le nôtre, comme les Pays-Bas.

On peut ainsi se sentir un peu en Scandinavie également à Mons !

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