Aspects socio-politiques de l'espace post-soviétique

Les siloviki : la poigne de fer de Poutine

Publié le 4 novembre 2023
Rédigé par Anne Delizée
Les siloviki : la poigne de fer de Poutine  Repère rédigé par Virginie Sallustio, avec l’aide de Martin Michel, deuxième Bachelier de la Faculté de Traduction et d’Interprétation – Ecole d’Interprètes Internationaux de l’Université de Mons, sous la direction de A.Delizée  Depuis son arrivée au pouvoir, Poutine s’impose comme un homme à poigne en plaçant […]

Les siloviki : la poigne de fer de Poutine 

Repère rédigé par Virginie Sallustio, avec l’aide de Martin Michel, deuxième Bachelier de la Faculté de Traduction et d’Interprétation – Ecole d’Interprètes Internationaux de l’Université de Mons, sous la direction de A.Delizée 

Depuis son arrivée au pouvoir, Poutine s’impose comme un homme à poigne en plaçant aux postes-clés des proches chargés du maintien de l’ordre. Les hommes forts de Poutine servent à renforcer les rouages d’un système politique qui se veut intangible. 

« En Russie, le pouvoir revient toujours à ceux qui tiennent les canons ». Ce proverbe russe sied parfaitement au climat actuel de la Russie de Poutine. Dès 2000, lorsque Vladimir Poutine est officiellement élu à la tête de la Russie, il commence à placer ses collègues du FSB aux postes-clés de la politique sécuritaire à travers le pays. 

Mais qui sont exactement les “Siloviki”, ces « faucons » de l’État russe ? Tout d’abord, il convient de se pencher sur la composition de ce terme d’origine russe : il est en effet constitué du mot “sila” qui signifie “force”. Siloviki est le pluriel de “Silovik”, désignant des agents au service des forces de sécurité russes, chargées du maintien de l’ordre. Concrètement, le “silovik” représente des instances étatiques auxquels l’Etat délègue son droit d’utiliser la force et dont la mission première est de veiller à l’application de la loi. Nous pouvons citer le FSB : le service de sécurité fédéral, héritier du KGB, ainsi que le SVR : le Service de Renseignement Extérieur ; le GRU : la Direction Générale des Renseignements de l’État-Major des Forces Armées de la Fédération de Russie ; le MVD : le Ministère de l’Intérieur, chargé du maintien de l’ordre public et de la garantie des droits et obligations des citoyens ; le EMERCOM, le Ministères des Situations d’Urgence qui a pour tâche de réagir aux crises globales ou locales et aux catastrophes naturelles ; et enfin, le MO : le Ministère de la Défense qui dirige l’administration et les opérations des Forces armées de la Fédération de Russie. Hauts fonctionnaires et puissants patrons, les Siloviki sont le point d’appui de Poutine, l’élite du pouvoir placée au sommet de la pyramide. 

     Parmi les figures de proue de Poutine, sur lesquelles il compte pour faire tourner les rouages du système, nous pouvons citer : Nikolaï Patrouchev, le secrétaire du Conseil de sécurité de Russie jusqu’en 2008, qui compte parmi les siloviki les plus fidèles du président russe. Autre figure de proue: Sergueï Ivanov, actuellement ministre des Affaires étrangères, est au côté de Poutine depuis 16 ans. Il a été à la tête du Conseil de sécurité russe en 1999, puis placé en 2001 au ministère de la Défense. Il a été remplacé par Anton Vaïno, autre homme de force de Poutine, actuellement à la tête de l’administration du Kremlin. Aussi, Igor Setchine est un autre proche collaborateur de Vladimir Poutine. Une partie de son travail consiste à superviser les contrats pétroliers et gaziers de la Russie, ainsi que les liens internationaux du pays avec ses alliés stratégiques. Il est également le président du conseil d’administration de « Rosneft », l’une des plus grandes compagnies pétrolières de la Fédération de Russie. Enfin, Alexandre Bortnikov, le directeur des services de sécurité (FSB) est un haut fonctionnaire auquel Poutine accorde une confiance totale. 

Dès lors, en Russie actuelle, on compte près de 4,5 millions de siloviki, dont les policiers et l’armée : 6% de la population active du pays, soit davantage encore qu’en URSS, dont la superficie était pourtant bien plus étendue, et l’absence de liberté bien plus évidente. On dit que l’influence de cette “force de frappe” au sein du système politique n’a de cesse de s’étendre, tandis que le pouvoir des institutions politiques s’amoindrit. 

     En somme, ces élites en uniforme finissent par former une sorte « d’État profond » selon les termes employés par le politologue Nikolaï Petrov. Pour les citoyens russes ordinaires, ces agents représentent une absence de tout droit politique substantiel, et réduisent le champ de l’exercice des libertés civiles en posant des limites importantes à la sécurité des personnes. L’ère des siloviki se terminera-t-elle lorsque Poutine quittera enfin le pouvoir ? Si c’est le cas, au regard de la situation actuelle, les Russes vont devoir patienter encore quelque temps.