Culture de l'espace post-soviétique

« B містах », poème de Halina Kruk, traduction en français

Publié le 4 décembre 2023
Rédigé par Anne Delizée
Traduction de l’ukrainien effectuée par David Grigoryan, Théotime Joyeux, Damien Lambert et Emilie Vander Putten, troisième Bachelier de la Faculté de Traduction et d’Interprétation – École d’Interprètes Internationaux de l’Université de Mons, sous la direction de Anne Delizée  в містах, яких війна не торкалась своїми брудними руками,  не обслинювала своїм ненаситним ротом,  не вигризала діри […]

Traduction de l’ukrainien effectuée par David Grigoryan, Théotime Joyeux, Damien Lambert et Emilie Vander Putten, troisième Bachelier de la Faculté de Traduction et d’Interprétation – École d’Interprètes Internationaux de l’Université de Mons, sous la direction de Anne Delizée 

в містах, яких війна не торкалась своїми брудними руками, 

не обслинювала своїм ненаситним ротом, 

не вигризала діри в доладних архітектурних ансамблях, 

не залишала пустку в місцях, де хтось когось уперше поцілував чи зустрів, 

чи зробив перші кроки, чи бачив востанне, 

чи сидів в товаристві і думав – як гарно довкола, як добре, 

що місто це все пережило і в першу, і в другу… 

в містах, що ніколи не знали, як все може враз опинитись в руїнах, 

я майже не вірю, що нас хоч колись зрозуміють 

Halina KRUK, 2023 

 

VERSION FRANCAISE

Dans les villes que la guerre n’a pas tailladées de ses griffes acérées, 

Qu’elle n’a pas embavées de sa gueule affamée,  

Dans les villes où l’architecture n’a pas été déchiquetée, 

Où la guerre n’a pas éventré les décors du premier baiser, 

Les lieux de la première rencontre, des premiers pas, du dernier adieu,   

Là où, ensemble, on profitait de chaque instant merveilleux, 

Dans la ville qui, disait-on, avait réussi à survivre aux deux plaies de notre temps…  

Dans ces villes qui ne peuvent imaginer que les rues peuvent être éviscérées brutalement,

Je ne crois pas qu’un jour, on nous comprendra ! 

Traduction: David Grigoryan, Théotime Joyeux, Damien Lambert et Emilie Vander Putten

AUTRE VERSION FRANCAISE

Dans les villes que la guerre n’a pas touchée de ses sales pattes, 

Qu’elle n’a pas ensalivée de sa bouche avide, 

Où elle n’a pas creusé de trous béants dans l’harmonie des pierres, 

Où elle n’a pas empli de vide les lieux du premier baiser, 

Ou du premier rendez-vous, ou des premiers pas, ou du dernier adieu, 

Ou des soirées entre amis, quand quelqu’un a songé – que c’est beau, quelle chance 

Que cette ville a survécu à tout, à la première, à la seconde… 

Dans les villes qui ignorent que tout, soudain, peut n’être que ruines, 

Je ne pense pas que l’on puisse, fût-ce un jour, nous comprendre. 

Traduction: Anne Delizée