Des chercheurs de l’UMONS et de l’ULB démontrent comment le caméléon capture ses proies
Sous une apparence nonchalante, les caméléons sont des prédateurs redoutables, qui capturent leur proie (pesant parfois jusqu’à près d’un tiers de leur poids !) en projetant soudainement leur langue avec une formidable précision. Des chercheurs de l’Université de Mons et de l’Université de Bruxelles, en collaboration avec le Muséum National d’Histoire Naturelle de Paris, sont parvenus à expliquer les mécanismes derrière ce redoutable piège adhésif. Leur étude est parue ce lundi 20 juin 2016 dans la prestigieuse revue Nature Physics.
Le caméléon est un animal fascinant présentant de nombreuses caractéristiques étonnantes : ses mains en forme de pinces, ses yeux étonnamment mobiles, sa peau qui change de couleur. Mais sa caractéristique la plus emblématique est peut-être sa langue protractile lui permettant d’attraper des proies à distance.
Prédateurs redoutables, les caméléons sont capables de projeter avec une précision époustouflante leur langue avec une accélération allant jusque 1500 m/s² et s’allonger pour atteindre une longueur d’environ deux fois leur taille. Une adhésion suffisante entre la proie et la langue est donc nécessaire pour permettre la capture de telles proies.
Emmenés par Pascal Damman de l’Université de Mons – Laboratoire Interfaces & Fluides Complexes, Faculté des Sciences – et Fabian Brau de l’Université libre de Bruxelles, ULB – Unité de chimie physique non linéaire, Faculté des Sciences – , des chercheurs de l’UMONS, de l’ULB et du Muséum National d’Histoire Naturelle de Paris viennent donc de montrer que le mucus secrété au bout de la langue des caméléons avait une viscosité 400 fois supérieure à celle de la salive humaine. La déformabilité de la langue durant la projection, produisant une grande surface de contact entre cette dernière et la proie, combinée à ce fluide visqueux constitue un piège adhésif particulièrement efficace.
Les auteurs ont utilisé des outils de mécanique combinés avec des mesures de la morphologie de la langue pour montrer que la force visqueuse produite durant une capture était suffisante pour attraper des proies de masse élevée par rapport à celle des caméléons. Leurs prédictions théoriques ont été comparées favorablement avec des données expérimentales de masses maximales de proies variant en fonction de la taille des caméléons.
Ces résultats fournissent une nouvelle méthodologie pour l’étude de la capture des proies par d’autres prédateurs, comme les salamandres ou les crapauds, se nourrissant de cette manière.
Plus d’infos ?
Pascal Damman – Laboratoire Interfaces & Fluides Complexes, UMONS pascal.damman@umons.ac.be
Fabian Brau – Unité de chimie physique non linéaire, Faculté des Sciences, ULB fabian.brau@ulb.ac.be