Les universités de la Fédération Wallonie-Bruxelles inquiètes et solidaires face aux attaques contre la science aux États-Unis
Communiqué du Conseil des rectrices et recteurs du 20 février 2025
La mise en œuvre des nombreux décrets de Donald Trump touchant aux questions de genre, de diversité, d’équité et d’inclusion (DEI), aux thématiques environnementales et climatiques et à l’aide au développement se traduit par une politique de censure, d’intimidations, de licenciements et de réductions budgétaires.
Les agences fédérales ayant en charge la santé (le centre de contrôle des maladies, CDC), l’environnement (l’agence de protection de l’environnement, EPA), les désastres (agence fédérale de gestion des urgences, FEMA) sont les plus immédiatement concernées et font l’objet de véritables purges dans leurs sites web, bases de données et programmes de financement. Quant à l’agence qui avait en charge l’aide au développement, l’USAID, elle a tout simplement été dissoute.
Les financements qui concernent les universités sont également visés. La « National Science Foundation » (NSF), organisme en charge du financement de la recherche fondamentale, a été chargée de dresser des listes des milliers de projets de recherches qui contiennent un certain nombre de termes liés aux thématiques DEI, afin de pouvoir les suspendre. Les instituts nationaux de santé (NIH) qui financent la recherche dans le domaine de la santé ont quant à eux annoncé que les frais généraux accordés aux universités en supplément des financements de projets de recherche seraient dorénavant plafonnés à 15%, une diminution drastique pour de nombreuses universités qui dépendent de ces budgets pour assurer les missions de base des structures en charge de la mise en œuvre des projets (administration, maintien de laboratoires, personnel de soutien, etc.). Les frais de participation aux congrès scientifiques sont gelés au NIH pour le moment.
Ces restrictions touchant aux terminologies, aux sujets, aux méthodes et aux moyens de la recherche compromettent de manière durable ces activités et leur crédibilité. Les universités de la Fédération Wallonie-Bruxelles s’alarment de ces mesures et de leur impact sur l’indépendance et l’intégrité de la recherche scientifique, qui nécessitent que les chercheuses et chercheurs puissent mener librement leurs travaux, collaborer avec les personnes de leur choix, communiquer leurs résultats et examiner ceux-ci avec leurs pairs sans entraves.
Elles rappellent que la recherche scientifique est un processus collectif qui œuvre au progrès et repose sur une intense collaboration internationale. Celle-ci est d’autant plus indispensable lorsqu’elle concerne des enjeux globaux, comme la prévention du risque pandémique ou les changements climatiques. L’impact de ces mesures sur la production de nouvelles connaissances et l’innovation nous concerne toutes et tous.
Elles s’engagent à encourager les actions visant à réduire l’impact de ces mesures dans leurs communautés académiques et scientifiques respectives (implications dans des projets collaboratifs, participation aux comités éditoriaux de revues internationales, à l’organisation de conférences, promotion de mobilité en provenance des Etats-Unis, …) et appellent les autorités belges et européennes à réaffirmer l’importance de la liberté de chercher dans tous les domaines des connaissances.