Institution

L’UMONS fait sa rentrée académique sous le signe du Temps et distingue cinq Docteurs Honoris Causa

Publié le 27 septembre 2025
Rédigé par Christophe Morel
La cérémonie de rentrée 2025-2026 de l'UMONS s'est déroulée ce vendredi 26 septembre à Mons, à l’Amphithéâtre Richard Stiévenart. L'événement, placé cette année sur le thème du temps, a été rehaussé par la remise des insignes de Docteur Honoris Causa.

C’est sous le signe de l’émotion et de la solennité que l’Université de Mons a ouvert sa cérémonie de rentrée académique ce vendredi 26 septembre. Pour la dernière fois depuis sont entrée en fonction en 2018, le Prof. Philippe Dubois, Recteur de l’UMONS, a conduit le cortège académique, donnant le coup d’envoi officiel de ce moment phare de la vie universitaire.

Veuillez noter que la vidéo de l’événement ainsi qu’une galerie photos seront prochainement disponibles sur cette page.

L’ouverture musicale, portée par la voix profonde du baryton-basse Emmanuel Wallon et soutenue au piano par Flavien Casaccio, a résonné comme une méditation intemporelle. L’extrait choisi, la cantate « Ich habe genug » de Bach, a invité l’auditoire à réfléchir sur la fuite du temps et sur la nécessité de savoir l’habiter pleinement.

Une introduction en parfaite résonance avec le fil conducteur de cette année : le temps. Une thématique choisie par le Conseil Académique de l’UMONS pour rappeler combien, après les bouleversements liés à la crise sanitaire, il est devenu essentiel de repenser notre rapport au temps — qu’il s’agisse de mieux le gérer individuellement ou de l’organiser collectivement au sein de l’université.

« Aujourd’hui, je prononce devant vous mon huitième discours de rentrée académique, et le dernier en tant que Recteur de l’Université de Mons. Bientôt huit années… Et pourtant, j’ai l’impression que nous sommes à ma première cérémonie solennelle, a déclaré le Prof. Philippe Dubois, Recteur de l’UMONS. Albert Einstein le disait : Le temps est une illusion. Une illusion sans doute, mais je peux vous assurer de sa tangibilité. Car ces années de mandat rectoral ont aussi été rock n’roll. Elles m’ont confronté à une succession de crises : financières, sanitaires, environnementales, énergétiques, géopolitiques, et maintenant, je dirais, politiques. Heureusement, je ne fus et ne suis pas seul face à ces épreuves et ces défis. Un Recteur n’est rien s’il n’a pas autour de lui une équipe et un collège rectoral soudé et compétent. Mais aussi des doyennes et doyens, des présidentes et présidents d’école ainsi que des services généraux dévoués à la même cause », a-t-il ajouté.

Moment fort de cette cérémonie, la remise des insignes de Docteur Honoris Causa à cinq personnalités d’exception issues des sciences exactes et naturelles, des sciences humaines et sociales, des sciences de la vie et de la santé, ainsi que de la société civile, a incarné toute la richesse et la diversité des savoirs qui font rayonner l’UMONS.

En tant qu’invités de prestige, Carlo Rovelli (Physicien théoricien et philosophe des sciences), Maggie Berg (Professeure émérite d’anglais au Canada), Barbara K. Seeber (Professeure d’anglais au Canada), et Sana Afouaiz (experte internationale des questions sur les inégalités de genre), ont reçu des mains du Recteur Dubois le diplôme et les insignes de Docteur Honoris Causa (plus d’infos les concernant ici). Absent lors de la cérémonie suite à un souci de santé, Eric Gilson (Biologiste français) a lui aussi reçu cet honneur.

« Je pense pouvoir exprimer notre pensée à tous en disant que ce doctorat honorifique est particulièrement significatif pour nous, car il reconnaît non seulement le travail intellectuel comme une fin en soi, mais, me semble-t-il, sa signification la plus profonde réside dans la reconnaissance de l’engagement citoyen qui a inspiré et continue d’inspirer chacun d’entre nous. À cet égard, je suis particulièrement reconnaissant à l’Université de Mons pour sa clairvoyance », a souligné Carlo Rovelli au nom de l’ensemble des nouveaux DHC de l’UMONS.

La thématique de temps a également résonné dans les interventions des orateurs représentant le Personnel administratif, technique et ouvrier (PATO), le Corps Scientifique (Corsci), et les étudiants. L’occasion pour Patricia Laurent, représentante du PATO, d’insister notamment sur l’importance des moments passés au sein de l’université: « Le temps n’est pas qu’une contrainte. Le temps est aussi un cadeau. L’université est encore un des rares lieux où on laisse le temps pour apprendre, pour se tromper, apprendre de ses erreurs, rebondir. Elle doit aussi être l’endroit où on prend le temps de débattre avec ses collègues, construire des amitiés, forger son identité. Le temps aussi d’écouter une conférence sur un sujet qui nous passionne, de se former, de s’arrêter pour échanger quelques mots avec des collègues. »

De son côté, Lucas Equeter, président du Corsci, s’est interrogé, non sans une certaine inquiétude, sur la place encore accordée au temps dans la recherche scientifique : « Et s’il venait à nous manquer ? Si nous devenions une usine à papiers, sans plus pouvoir prendre le temps de réflexions transdisciplinaires, sans pouvoir exprimer une vision sur la société dans laquelle nous nous insérons et à laquelle nous contribuons ? Si notre rôle était réduit à celui d’une béquille pour le monde industriel, à celui d’un créateur d’emplois et de technologies ? Plus que jamais, il nous appartient aujourd’hui de prendre le temps pour décider collectivement quelle place laisser au temps dans la recherche scientifique et la vie d’une institution comme l’UMONS... »

Naturellement, la parole des étudiant.e.s a elle aussi occupé une place importante dans la cérémonie. L’un des sujets majeurs abordés fut la réforme du décret Paysage, qui suscite de vives inquiétudes quant à son impact sur le parcours académique. Selon Adrien Monjardez, cette réforme impose « une vision du temps étudiant qui n’a plus rien de libérateur. » Le président de l’Organisation Représentative des Etudiants (ORE) a également ajouté: « Les plus touché.e.s par la réforme ne seront pas les étudiant.e.s qui ont les moyens, le soutien, la sécurité pour avancer vite et droit. Ce sont celles et ceux qui, chaque jour, jonglent entre un job étudiant, des responsabilités familiales, des difficultés financières ou de santé. Nous, à l’ORE-UMONS, nous refusons cette vision de l’enseignement supérieur. Nous pensons que l’université ne doit pas être un filtre, mais un tremplin. Qu’elle doit offrir du temps pour apprendre, pour se tromper, pour changer de voie. Du temps pour penser, pour débattre, pour rêver. Le savoir n’est pas une marchandise. Le temps d’étude ne doit pas être un luxe. Face à cette réforme, notre engagement est clair : défendre une université accessible, humaine, solidaire. Une université qui ne sélectionne pas par l’échec, mais qui accompagne vers l’émancipation. Car non, à vingt ans, nous ne sommes pas les rois du monde. Mais nous sommes debout, avec sur nos épaules une tête pleines de rêves, d’ambitions. Nous sommes volontaires, solidaires, mais aussi inquiets et lucides. Et nous sommes déterminé.e.s à faire entendre notre voix. »

L’année académique 2025-2026 est lancée à l’UMONS. Et elle s’annonce une fois de plus riche et stimulante. « Je forme le vœu que le temps puisse toujours nous inspirer : qu’il soit temps de la réflexion, temps de l’engagement, et surtout, temps de la solidarité », a conclu le Recteur de l’UMONS.

La vidéo de l’événement ainsi qu’une galerie photos seront prochainement disponibles sur cette page.