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La Fondation Raoul Warocqué octroie 157.000 euros à 9 projets destinés à faire progresser la recherche médicale en Hainaut

Publié le 28 mai 2025
Rédigé par Christophe Morel
La Fondation Raoul Warocqué pour la recherche médicale en Hainaut vient d’annoncer la sélection et le financement de neuf projets de recherche médicale de pointe, portés par des équipes hainuyères reconnues. Ces projets ont été officiellement dévoilés lors du 2ᵉ Gala de la Fondation organisé le 27 mai au domaine du Chant d’Éole à Quévy.

L’événement qui s’est tenu le 27 mai au Domaine du Chant d’Éole et qui a rassemblé près de 400 donateurs marque une étape majeure dans le soutien à la recherche scientifique en Hainaut. L’occasion de mettre en lumière des problématiques essentielles de santé publique telles que l’obésité, les maladies cardiovasculaires, le diabète, les maladies neurodégénératives, ainsi que les effets secondaires des traitements oncologiques.

Présidée par Tommy Leclercq, Gouverneur de la Province de Hainaut, la Fondation a pour mission de renforcer l’effort de recherche médicale de haut niveau en Hainaut, dans une perspective pluraliste et ouverte, et de réduire l’impact des inégalités sociales sur la santé.

Le Gala organisé annuellement vise à mobiliser les forces vives du territoire : citoyens, entreprises, associations, fondations, etc. Toute contribution (dons, legs, partenariats) alimente directement les projets de recherche sélectionnés. Suite au premier appel, 9 projets soutenus par la Fondation vont bénéficier d’un financement (voir la liste ci-dessous).

Depuis la création de sa Faculté de Médecine voici plus de 50 ans, l’Université de Mons joue un rôle majeur dans le domaine de la Santé au travers des formations de pointe qu’on y dispense dans les secteurs de la médecine mais aussi de la pharmacie et des sciences biomédicales. L’UMONS peut d’ailleurs s’appuyer sur la dynamique enclenchée par son Institut Santé qui rassemble 25 laboratoires, 210 chercheurs et 160 doctorants.

De nombreux défis à relever

Seules ou au travers de collaborations fortes déjà existantes avec le réseau hospitalier, les talentueuses équipes de l’UMONS s’attèlent depuis des années à la compréhension des maladies et au développement de nouveaux traitements.

Mais on peut et on DOIT faire mieux ! Le Hainaut, la Province la plus peuplée de Wallonie, la seconde du pays, est confronté aujourd’hui à de nombreux défis, dont celui notamment de la préservation de la santé de sa population. Les difficultés sociales que la province connaît ont aussi un impact négatif sur la santé des personnes qui y sont confrontées.

Il n’est pas tolérable que le taux de mortalité soit en Hainaut 5% plus élevé qu’en Wallonie et 17% qu’en Belgique ! Que l’espérance de vie pour les hommes y soit de 3 ans plus courte qu’en Belgique et, pour les femmes, de 18 mois plus courte que sur le reste du territoire.

C’est pour relever ce défi sanitaire public que l’UMONS s’est dotée d’une Fondation pilotée par des personnalités reconnues. Une Fondation dont le nom a été choisi minutieusement.  « Notre point de ralliement, ce soir, c’est un nom. Un nom qui porte haut les couleurs de l’histoire hennuyère : celui de Raoul Warocqué. Né en 1870, disparu en 1917, il fut un industriel de génie, un homme de culture, un philanthrope avant l’heure, un élu du peuple. Et, surtout, un visionnaire. La Fondation que nous animons aujourd’hui cherche à faire vivre cet héritage. Car à travers lui, ce sont des valeurs fortes qui nous sont transmises : l’esprit d’entreprise, l’engagement régional, et un humanisme éclairé », a souligné Tommy Leclercq, Gouverneur de la Province de Hainaut et Président de la Fondation Raoul Warocqué pour la recherche médicale en Hainaut, lors du deuxième gala de la Fondation.

« L’Université de Mons a choisi de s’engager. Elle s’engage par la recherche, par l’innovation, par la formation. C’est dans cet esprit que nous avons vu naître ces dernières années une intensification remarquable de nos collaborations avec les réseaux hospitaliers. Jamais les liens entre l’UMONS et le monde clinique n’ont été aussi vivants, aussi organiques, aussi porteurs de sens. C’est là une évolution majeure, que nous saluons et que nous entendons approfondir encore. Cette synergie est essentielle pour faire progresser la prévention, affiner les diagnostics et améliorer les traitements dispensés aux malades », a de son côté insisté le Prof. Philippe Dubois, Recteur de l’UMONS.

La Fondation Raoul Warocqué pour la recherche médicale en Hainaut veut renforcer et intensifier dans une perspective pluraliste l’effort de recherche scientifique médicale de haut niveau au bénéfice du Hainaut et de ses habitants. Pour ce faire, elle s’engage à collecter des financements sous forme de don, leg ou autre qui seront affectés sur le terrain à des projets visant à améliorer la qualité des soins de santé et renforcer encore l’expertise de nos praticiens, au service de nos concitoyens.

En faisant un don à la Fondation Raoul Warocqué, les donateurs/trices contri­buent concrètement à lutter contre la survenance de pathologies en lien indirect avec les difficul­tés sociales telles que l’obésité, les maladies cardio-vasculaires, le diabète, sans oublier les aspects liés à la prévention et aux assuétudes.

Par ailleurs, leur soutien permet à la Fondation de poursuivre plusieurs missions essentielles :

  • Encourager l’intérêt pour la recherche auprès des jeunes médecins et des paramédicaux ;
  • Décerner des bourses et des mandats de recherche à des médecins belges ou étrangers menant leurs activités dans les hôpitaux hainuyers ou dans le cadre des programmes de recherche initiés par des membres de ces insti­tutions ;
  • Participer au financement actif de recherches menées par des groupes de chercheurs/cheuses des hôpitaux hainuyers ;
  • Participer au financement actif de l’acquisition d’équipements de pointe vi­sant l’innovation de la recherche pour les soins aux patients ;
  • Participer au financement actif de projets de recherche clinique et/ou de formation dans un domaine innovant utile aux hôpitaux ;
  • Participer au financement de recherches à caractère plus fondamental.

Et plus généralement, la Fondation vise à soutenir la dynamique de la recherche dans les domaines de pointe et à créer les conditions pour une recherche d’excellence.

Plus d’informations concernant la Fondation ici.


Les 9 projets soutenus en 2025 par la Fondation
Bellefroid Eric, ULB – Gosselies, Neurodéveloppement (Montant affecté: 15.872 €)

PRDM12 est un gène important pour la formation des nerfs innervant la peau et le corps afin de détecter la douleur. Les mutations de PRDM12 chez l’homme entraînent une maladie rare, l’insensibilité congénitale à la douleur, qui résulte de la dégénérescence des neurones de la douleur  lors de leur formation dans l’embryon. À l’heure actuelle, le rôle de PRDM12 dans le développement des neurones de la douleur reste mal compris.

Des travaux récents du laboratoire suggèrent que PRDM12 permettrait la survie des précurseurs des neurones de la douleur lors de la neurogenèse en réprimant d’autres gènes spécifiant d’autres identités neuronales. Il est donc émis l’hypothèse que la capacité de PRDM12 à promouvoir le développement des neurones de la douleur passe par la répression active de ces gènes.

L’objectif du projet est de tester cette hypothèse en décryptant le rôle de ces gènes réprimés par Prdm12 dans la promotion de destinées alternatives  de neurones sensoriels ainsi qu’en analysant les conséquences de leur dérégulation dans l’absence de douleur résultant de l’inactivation de PRDM12.

Bonnefont Jérôme, UMONS, Neurosciences (Montant affecté: 20.000 €)

La maladie d’Alzheimer est causée par l’accumulation de protéines anormales et l’inflammation du cerveau. Cependant, les patients suivent des trajectoires différentes en termes de symptômes, ce qui suggère des vulnérabilités variées aux mécanismes initiaux de la maladie. Ces vulnérabilités pourraient avoir une origine développementale.

Pour explorer cette hypothèse, une technique innovante de marquage des cellules du cerveau en développement sera utilisée, combinée à des analyses génétiques avancées. L’objectif est d’identifier les programmes de développement qui créent les différentes populations de neurones dans une zone spécifique du cerveau.

À l’aide d’outils bioinformatiques de pointe, les lignées cellulaires seront reconstruites afin de comprendre comment ces neurones se développent et se diversifient. En comparant ces données avec les changements observés dans un modèle de la maladie d’Alzheimer, il sera possible de déterminer comment ces programmes de développement influencent la vulnérabilité des neurones.

En résumé, cette approche vise à découvrir pourquoi certains neurones résistent mieux aux mécanismes pathologiques initiaux de la maladie. Les résultats obtenus dans ce projet, basé sur l’idée que la maladie d’Alzheimer est un trouble du développement qui apparaît avec le vieillissement, pourraient ainsi ouvrir la voie à des thérapies géniques ou cellulaires pour les maladies neurologiques.

Alexandra Tassin, UMONS, Physiologie et ré-adaptation respiratoire (Montant affecté: 19.600 €)

La bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO) est un problème majeur de santé publique, particulièrement en Wallonie. Cette pathologie, dont l’une des causes principales est le tabagisme, est caractérisée par un déclin progressif de la fonction pulmonaire causant un manque d’oxygène au niveau du sang (hypoxémie) et des tissus (hypoxie). L’hypoxémie, d’abord périodique (durant le sommeil ou à l’effort), devient persistante lorsque la pathologie progresse. Les muscles locomoteurs sont particulièrement atteints dans la BPCO. L’objectif est de mieux comprendre les mécanismes impliqués dans les effets négatifs de l’hypoxémie périodique sur le muscle, avec un focus particulier sur la capacité du muscle à se régénérer.

En outre, l’étude portera sur le potentiel thérapeutique de l’adiponectine. Cette hormone, aux propriétés anti-inflammatoires et antioxydantes, est également connue pour ses effets bénéfiques sur la fonction et la régénération musculaires. Des altérations de la voie de l’adiponectine ont été mises en évidence dans la BPCO et dans des modèles d’hypoxie.

L’utilisation de ces modèles permettra de déterminer si le manque d’adiponectine aggrave les effets de l’hypoxie sur le muscle et si une réactivation de cette voie peut améliorer la régénération musculaire dans ce contexte pathologique.

Florian JUSZCZAK, UMONS, Biochimie métabolique et moléculaire (Montant affecté: 16.000 €)

La néphropathie diabétique (DN) est la principale cause d’insuffisance rénale. Les lésions du tubule rénal proximal sont un facteur clé de la progression de la maladie et constituent donc une cible majeure pour le développement de nouvelles thérapies.

Bien que les modèles précliniques traditionnels aient permis d’améliorer la compréhension de la DN, ils présentent des limites importantes, notamment l’absence de microenvironnement in vivo et de stimuli physiologiques, ce qui freine les avancées. Pour relever ces défis, les recherches récentes ont mis en évidence le potentiel des organoïdes et de la technologie des « organes sur puce ».

Dans ce contexte, l’objectif est de développer un nouveau modèle de DN à l’aide de cultures tridimensionnelles de tubules rénaux cultivés in vitro. Ce modèle reproduira fidèlement l’architecture, la fonction et le métabolisme in vivo du tubule proximal, fournissant ainsi un outil puissant pour tester de nouvelles thérapies à fort potentiel translationnel.

Soufiane Diaby, Jacques Hernigou & Olivier Bath, EPICURA – Baudour, Service orthopédie et traumatologie (Montant affecté: 20.000 €)

La prothèse totale de hanche est une opération très fréquente qui aide à soulager la douleur et améliorer la mobilité chez les personnes souffrant de problèmes à la hanche (arthrose, fractures, etc.). Pour que cette opération soit une réussite, le choix de la taille et de la position des pièces implantées est crucial. Dans le cas contraire, des complications peuvent survenir (différence de longueur entre les jambes ou gêne à la marche). Aujourd’hui, cette décision (appelée planification) repose essentiellement sur l’expérience du chirurgien, ce qui peut entraîner des erreurs ou imprécisions.

L’intelligence artificielle (IA) pourrait rendre cette étape plus fiable et rapide. De nouveaux algorithmes, comme THANet, utilisent des modèles d’IA pour analyser les radiographies et prédire automatiquement la meilleure taille et le meilleur positionnement des différentes pièces de la prothèse.

Ce projet vise à comparer ces outils d’IA aux décisions prises par des chirurgiens experts. L’objectif est d’évaluer si ces modèles permettent de gagner du temps, d’améliorer la précision, d’éviter les erreurs et de personnaliser l’opération selon chaque patient. Si ces outils s’avèrent efficaces, ils pourraient devenir des assistants précieux en salle d’opération.

Elise Hennebert, UMONS, Biologie cellulaire (Montant affecté: 16.480 €)

Les grossesses non désirées constituent un problème mondial de santé publique. On estime qu’à travers le monde, 44 % des grossesses ne sont pas planifiées. L’une des raisons principales est que les méthodes de contraception sont très peu développées chez l’homme. En effet, alors qu’une grande variété de moyens de contraception sont proposés aux femmes, chez l’homme, les méthodes se limitent au préservatif et à la vasectomie.

Il devient donc urgent de développer de nouvelles méthodes de contraception masculine. Les recherches actuelles se concentrent surtout sur des méthodes non hormonales, causant moins d’effets secondaires que les solutions hormonales. Ces méthodes visent notamment à inhiber des protéines essentielles à la production et au fonctionnement des spermatozoïdes. Parallèlement, certaines plantes sont connues pour induire une infertilité masculine après leur consommation.

Ce projet vise à identifier des composés issus de ces plantes, susceptibles d’être utilisés comme contraceptifs masculins.

Stéphane Carlier, UMONS – HELORA, Cardiologie (Montant affecté: 20.824 €)

Les traitements contre le cancer sauvent des vies, mais peuvent parfois entraîner des effets secondaires toxiques pour le cœur. Ces effets, appelés « cardiotoxicité », peuvent causer des séquelles irréversibles des cellules cardiaques et mener à une insuffisance cardiaque, voire à l’arrêt du cœur et au décès.

Pour éviter ce problème, il est nécessaire de développer des outils permettant de prédire quels patients sont à risque de complications cardiaques après leur traitement anticancéreux. Ce projet vise à développer des mini-cœurs personnalisés à partir de cellules souches issues du sang de patientes atteintes d’un cancer du sein. Ces mini-cœurs serviront à tester la toxicité des médicaments utilisés contre le cancer afin de prédire, pour chaque patiente, le risque de développer des troubles cardiaques.

L’objectif final est de trouver un équilibre entre l’efficacité du traitement contre le cancer et la protection du cœur, pour permettre aux patients de vivre longtemps et en bonne santé après leur guérison.

Hélène Marlier, UMONS, Biochimie métabolique et moléculaire (Montant affecté: 13.600 €)

L’insuffisance rénale chronique (IRC) est un problème de santé publique croissant qui touche plus d’une personne sur dix dans le monde. Le vieillissement est un facteur de risque majeur pour l’IRC. La sénescence cellulaire, caractéristique du vieillissement, contribue au dysfonctionnement tissulaire en induisant la sécrétion de facteurs pro-inflammatoires et pro-fibrotiques. L’obésité, également un facteur de risque important, pourrait favoriser l’induction de cette sénescence. Une interaction entre obésité, sénescence et IRC est donc envisagée.

En l’absence de stratégies thérapeutiques efficaces pour traiter l’IRC, ce projet cherche à investiguer les perturbations métaboliques liées à la sénescence rénale et leur impact sur le développement de la pathologie, afin de découvrir de nouvelles cibles thérapeutiques et biomarqueurs.

Un modèle murin d’obésité est utilisé pour déterminer dans quelle mesure l’obésité entraîne une sénescence rénale susceptible d’accélérer l’IRC. Par ailleurs, un modèle in vitro de sénescence permet également d’étudier les voies moléculaires impliquées.

Pierrick Uzureau, ULB – CHU Charleroi, Médecine expérimentale (Montant affecté: 14.631 €)

Ce projet de recherche s’intéresse à l’impact du flux sanguin irrégulier sur les cellules endothéliales, qui tapissent l’intérieur des vaisseaux. Ces cellules jouent un rôle clé dans la santé vasculaire et réagissent aux forces exercées par le sang en mouvement. Un flux sanguin perturbé peut provoquer une réponse inflammatoire et favoriser le développement de maladies vasculaires. Il est donc crucial de comprendre l’effet de ces perturbations sur les cellules vasculaires.

Pour cela, un système microfluidique sera utilisé, permettant de recréer des conditions de circulation sanguine contrôlées dans un « laboratoire miniature ». Des cellules endothéliales y seront exposées à un flux sanguin stable ou turbulent, et leur comportement sera observé à l’aide de techniques avancées de microscopie. L’objectif est d’analyser leur réponse aux changements de flux : forme, adhésion, activation inflammatoire et interaction avec les plaquettes sanguines.

Ces travaux pourraient permettre de mieux comprendre les mécanismes à l’origine des anévrismes et d’ouvrir la voie à de nouvelles stratégies de prévention cardiovasculaire.