Psychologie légale : un chercheur de l’UMONS primé par l’ATSA à Orlando
La psychologie légale explore un terrain délicat mais crucial : comprendre les mécanismes psychologiques qui sous-tendent l’acte criminel. Dans sa thèse de doctorat, Luca A. Tiberi, chercheur au sein du Service de Psychopathologie légale de l’UMONS, a étudié comment les patients AICS internés reconnaissent les émotions à travers trois canaux : le visage, la voix (prosodie) et le corps.
Peu d’études s’étaient intéressées à cette problématique et, lorsqu’elles existaient, elles concernaient uniquement des personnes détenues en prison, avec des résultats souvent contradictoires se concentrant uniquement sur la reconnaissance des expressions faciales. Luca A. Tiberi a voulu dépasser ces limites en adoptant une approche « multicanaux », évaluant la reconnaissance des émotions non seulement à travers les visages, mais aussi la voix et les postures, le tout à partir de stimuli dynamiques plus proches de la réalité.
Pour renforcer la solidité de ses analyses, il a conçu des tâches expérimentales à partir de stimuli validés internationalement. Par exemple, les visages initialement statiques ont été animés grâce à un logiciel de morphing, et l’étude a pris en compte non seulement la précision des réponses en ayant recours à la mesure de sensibilité et de biais de réponse (théorie de détection du signal), mais aussi les temps de réaction.
« Nos études ont mis en évidence un déficit de reconnaissance des émotions discrètes, sauf pour le dégoût perçu au travers de la prosodie affective. Cela suggère des mécanismes d’adaptation liés au vécu social de ces patients », explique le chercheur.
Un prix international pour valoriser des travaux uniques en psychologie légale
Attribué par l’ATSA, l’Association for the Treatment and Prevention of Sexual Abuse, institution mondiale de référence en matière de prévention des abus sexuels, le prix Research Graduate Student Award constitue une belle reconnaissance pour un jeune chercheur. Il s’accompagne d’un montant de 1 000 dollars et d’une belle visibilité internationale.
Pour Luca A. Tiberi, la surprise fut totale : « J’ai d’abord cru à une lettre de refus, puis j’ai découvert que j’étais lauréat. C’est une reconnaissance incroyable, à titre personnel et pour tout le Service de Psychopathologie Légale de l’UMONS ».
Au-delà de l’honneur, ce prix ouvre de nouvelles perspectives. Le chercheur souhaite désormais prolonger ses travaux en s’intéressant plus particulièrement à l’influence de certains diagnostics cliniques (dont le trouble pédophilique) lors de la reconnaissance de stimuli non plus adultes mais d’enfants. Ces pistes de recherche pourraient permettre, à terme, de mieux comprendre le fonctionnement socio-affectif chez les individus AICS, sphère présente dans plusieurs facteurs directement liés au risque de récidive sexuelle..
Une distinction qui ouvre de nouveaux horizons
Si ce prix consacre un parcours individuel, Luca A. Tiberi insiste sur la dimension collective de cette réussite. Il souligne le rôle essentiel de ses collègues du Service de Psychopathologie Légale de l’UMONS, mais aussi de ses mentors et collaborateurs extérieurs. Parmi eux, Xavier Saloppé (Université de Lille), Steven Gillespie (Université de Liverpool) ou encore Franca Cortoni (Université de Montréal), figure internationale de la psychologie forensique.
« C’est aussi grâce à eux que j’ai pu croire en ma candidature. Leur soutien, leur humilité et leur rigueur m’inspirent chaque jour », confie-t-il.
