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La Fondation Stop Alzheimer finance un projet de l’UMONS à hauteur de 100.000 euros pour réduire les troubles du comportement chez les patients

Publié le 23 mai 2025
Rédigé par Christophe Morel
La cérémonie de remise des subventions en recherche psychosociale sur la maladie d’Alzheimer et les maladies apparentées s’est déroulée ce vendredi 23 mai au sein du bâtiment Rosa Parks à l’UMONS. Cet événement a mis en lumière 11 projets impliquant 21 chercheurs, récompensés par la Fondation Stop Alzheimer, pour un financement total de près de 700.000 euros. Parmi ceux-ci, le projet mené par le Professeur Laurent Lefebvre, chercheur à l’UMONS, dont l’objectif est de réduire les troubles du comportement chez les patients atteints de la maladie d’Alzheimer aux stades modéré et sévère.

La maladie d’Alzheimer touche aujourd’hui plus de 220.000 personnes en Belgique. En l’absence de traitement curatif, il devient crucial de développer des solutions concrètes et humaines pour améliorer le quotidien des malades et de leurs proches.

Même si la recherche médicale progresse, notamment avec l’approbation récente d’un nouveau médicament par l’Agence européenne du médicament, « ces traitements demeurent encore peu efficaces et difficilement accessibles, ne concernant qu’une minorité de patients. C’est pourquoi nous devons agir dès aujourd’hui pour améliorer la vie des personnes déjà confrontées à la maladie, à travers des solutions non médicamenteuses, concrètes et humaines », a précisé Lucie Leroux, responsable de la Fondation Stop Alzheimer, lors de la cérémonie de remise des subventions qui s’est tenue le 23 mai à Mons en présence des chercheurs lauréats, du Professeur Philippe Dubois, Recteur de l’UMONS, et du bourgmestre Nicolas Martin.

C’est justement dans cette optique d’amélioration de la vie des patients que la Fondation Stop Alzheimer a attribué près de 700.000 euros à 11 projets de recherche psychosociale menés en Belgique et dont le point commun est d’aborder des enjeux cruciaux du quotidien : accompagner les aidants souvent isolés, former les soignants à une approche plus personnalisée, mieux comprendre les besoins émotionnels des patients, favoriser l’inclusion dans les hôpitaux, adapter les pratiques éducatives, ou encore réfléchir à l’organisation future des soins en Belgique.

Concrètement, certains projets développeront des outils numériques pour aider les proches à mieux gérer les repas ou la toilette, d’autres créeront du matériel pédagogique pour sensibiliser les étudiants, ou proposeront des modules de formation innovants pour le personnel soignant. Tous partagent un même objectif : rendre la communication et l’accompagnement plus respectueux, plus doux, et plus efficaces.

Parmi les projets récompensés, celui mené à l’UMONS par le Professeur Laurent Lefebvre, avec Isabelle Simoes Loureiro et Chiara Vantwembeke. Le chercheur a reçu une enveloppe de plus de 100.000 euros, l’un des financements les plus conséquents annoncés lors de la cérémonie du 23 mai.

Le projet du Professeur Laurent Lefebvre, Chef du Service de Psychologie Cognitive et Neuropsychologie (PCN) de l’UMONS, s’attaque à un défi de taille: réduire les troubles du comportement (agitation, agressivité, opposition) chez les personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer à un stade modéré ou sévère. Ces troubles, qui touchent plus de 90 % des patients à ce stade, pèsent lourdement sur la qualité de vie des malades et de leurs aidants, souvent démunis.

L’approche développée à Mons se distingue par son originalité et sa portée interdisciplinaire. Le projet repose sur l’analyse du langage spontané dans différents contextes émotionnels, en lien avec les fonctions exécutives encore préservées chez les patients. Grâce à l’intelligence artificielle, les chercheurs élaborent actuellement un outil innovant baptisé AECEL, capable de détecter, dans le discours des patients, des indices sur leurs capacités cognitives résiduelles et sur l’impact des émotions sur leur expression.

Deux études complémentaires sont prévues. L’une pour construire et entraîner l’IA à partir de récits émotionnels. L’autre pour tester son efficacité sur le terrain auprès des patients, et ainsi guider au mieux les proches et les soignants dans leur volonté de communication. L’objectif final est la production d’un guide de bonnes pratiques, gratuit, accessible en deux versions (aidants proches et professionnels de santé) et accompagné d’une vidéo explicative. Ce guide offrira des conseils concrets pour adapter la communication et prévenir les tensions, en favorisant une relation plus apaisée et plus humaine. « Même en phase avancée de la maladie, certaines capacités subsistent, qui se traduisent dans le langage. Trop souvent, on les oublie. Ce projet vise à les mobiliser, à redonner du pouvoir aux patients dans l’échange », a expliqué le Professeur Laurent Lefebvre, porteur du projet. « Notre ambition est simple: proposer des outils concrets, validés scientifiquement, pour améliorer le quotidien des aidants et des malades », a-t-il ajouté.

Le fait de voir ce projet financé par la Fondation Stop Alzheimer illustre parfaitement la nouvelle orientation de l’association qui mise désormais autant sur la recherche psychosociale que sur la recherche biomédicale.

De son côté, l’UMONS confirme son engagement sociétal et sa volonté de transformer la recherche scientifique en actions concrètes, au service des personnes. « Cette cérémonie est la preuve éclatante de l’importance que jouent les universités dans leur rôle essentiel, aux côtés de l’enseignement et de la recherche, qu’est la mission de services à la société. On ne peut rêver plus bel exemple et plus belle collaboration entre nos laboratoires, les familles, les malades et votre Fondation (Stop Alzheimer)« , a d’ailleurs insisté le Prof. Philippe Dubois, Recteur de l’UMONS.

« Dans ce domaine, il n’y a pas de petite avancée. Tout le travail réalisé est une contribution qui peut toujours être déterminante », a de son côté souligné Nicolas Martin, le bourgmestre de Mons, en remerciant chaleureusement les chercheuses et chercheurs présent.e.s pour leurs efforts permanents. Des recherches qui poursuivent un objectif commun : transformer les découvertes scientifiques en progrès tangibles pour les patients.

À propos de Stop Alzheimer

Stop Alzheimer est une fondation d’utilité publique sans but lucratif, active en Belgique depuis 30 ans. Elle finance la recherche fondamentale, clinique et psychosociale contre la maladie d’Alzheimer et les troubles apparentés. L’association ne bénéficie d’aucun subside public et repose uniquement sur les dons privés. Plus d’informations sur les projets soutenus: www.stopalzheimer.be/fr