Un chercheur de l’UMONS participe à la découverte d’une hormone inhibant la prise de nourriture chez les étoiles de mer
Voilà donc un point commun qu’on aurait pu difficilement soupçonner entre les étoiles de mer et les humains dont l’ancêtre commun remonte quand même à plus de 600 millions d’années ! Comme nous, les étoiles de mer produisent donc des hormones qui les avertissent qu’elles doivent cesser de manger.
Vous le savez peut-être, les étoiles de mer se nourrissent de manière assez inhabituelle. Sous chaque bras de l’animal se trouvent des podia, des petits « pieds » collants servant à se déplacer ou à attraper une proie telle qu’une huitre ou une moule, par exemple. Ces organes sont capables d’exercer une puissante force de traction pour ouvrir la coquille de leur proie. Dès que la proie entrouvre sa coquille, l’étoile de mer y déverse… son estomac ! La digestion se déroule à l’extérieur de l’étoile de mer et peut durer des heures au terme desquelles l’étoile de mer « ravale » finalement son estomac.
En utilisant l’étoile de mer commune comme modèle d’étude, une équipe de chercheurs issus de différentes universités européennes parmi lesquels le Dr. Jérôme Delroisse (chargé de recherche FNRS dans le laboratoire de Biologie des Organismes Marins et Biomimétisme), a examiné l’impact de certaines molécules chimiques endogènes (produites par l’animal) dans la régulation de la prise de nourriture chez cet animal à la symétrie si particulière. Les chercheurs ont spécifiquement étudié une hormone peptidique* homologue, c.à.d. à l’origine évolutive commune, à la cholécystokinine, molécule bien connue pour son rôle de répresseur de l’appétit et d’inducteur de la satiété chez l’humain.
L’équipe a ainsi découvert que lorsque la molécule est injectée expérimentalement dans les étoiles de mer, les animaux rentrent leur estomac… Même lorsque les chercheurs ont fourni aux étoiles de mer une moule, leur repas préféré, l’injection de la molécule a inexorablement mené à la rétraction de l’estomac dans l’étoile de mer.
Jérôme Delroisse, chargé de recherche FNRS et chercheur dans le laboratoire de Biologie des Organismes et Biomimétisme : « Ces expériences démontrent que la fonction biologique générale de ces régulateurs chimiques – l’inhibition de la prise de nourriture – a été conservée au cours de l’évolution des animaux et ce, même chez des organismes aussi particuliers que les étoiles de mer… »;
L’ étude, dirigée par le Professeur Maurice Elphick de la Queen Mary University of London vient d’être publiée dans le journal Elife. La publication du journal Elife est disponible en anglais via le lien suivant : https://doi.org/10.7554/eLife.65667
(*) de nature protéique, à l’inverse des hormones stéroïdiennes bien connues.