Des mots malgré le silence : une chercheuse de l’UMONS primée pour sa thèse sur le langage
Chez les enfants atteints de surdité sévère à profonde, l’implant cochléaire – un dispositif implanté chirurgicalement dans l’oreille interne afin d’envoyer vers le système nerveux les signaux auditifs convertis en signaux électriques – permet de restaurer un certain niveau d’audition. Son utilisation améliore nettement la perception du langage oral par rapport aux aides auditives amplificatrices, bien que certaines limites subsistent, notamment pour les sons de parole acoustiquement complexes.
C’est à ces enjeux que s’est intéressée Sophie Fagniart, chercheuse à l’UMONS, diplômée en neuropsychologie et en logopédie. Dans le cadre de sa thèse menée au sein du Service de Métrologie et Sciences du Langage (Prof. Kathy Huet), elle a étudié le développement du langage chez de jeunes enfants porteurs d’implants cochléaires. Son travail vient d’être récompensé par le prix de thèse de l’Association Francophone de Communication Parlée (AFCP), qui distingue des recherches de grande qualité en communication parlée.
Décrypter les fragilités… et les ressources des enfants sourds
Son étude, menée auprès d’enfants âgés de 2 ans et demi à 7 ans, combine des méthodes d’analyse variées : tests linguistiques adaptés, enregistrements audios, retranscriptions précises et analyses acoustiques. L’objectif ? Cerner comment les enfants équipés d’un implant cochléaire perçoivent et produisent les sons de parole.
« Nous avons observé une vulnérabilité accrue à certains sons dits ‘à risque’, mais aussi des capacités de compensation surprenantes », explique Sophie Fagniart. Certains enfants parviennent à s’appuyer sur des indices visuels, ou sur des variations temporelles du signal sonore, pour contourner les informations manquantes.
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Ces stratégies sont surtout observées chez les enfants bénéficiant d’une prise en charge adaptée, ce qui souligne l’impact positif de méthodes bien ciblées.
Une recherche aux retombées cliniques concrètes
Des projets sont en réflexion pour développer des outils d’évaluation mieux adaptés aux spécificités perceptives des enfants porteurs d’implants cochléaires. Une réflexion est également menée sur l’amélioration des méthodes de prise en charge.
« Nous espérons prolonger ces travaux vers des applications cliniques », explique la chercheuse. «L’objectif est de proposer des méthodes plus fines, capables de soutenir chaque enfant dans son parcours langagier ».
Grâce à une démarche rigoureuse combinant analyse acoustique et observation clinique, les travaux de Sophie Fagniart contribuent à mieux comprendre le développement du langage dans un contexte sensoriel particulier.