Clefs pour les sciences du langage
Le langage comme systèmeLe terme langage est utilisé par les spécialistes qui écrivent des grammaires, rédigent des dictionnaires, se penchent sur l’évolution des manières de parler (en France; l’Académie française, en Belgique; le Conseil de la Langue et de la Politique Linguistique, etc.). Il s’agit ici de regards sur le langage considéré en tant que système propre à une communauté (une région, un pays, …) : ses membres le détiennent solidairement et sont ainsi liés entre eux par une forme de contrat social. Celui-ci est souvent implicite mais il peut faire l’objet de décisions explicites (réformes de l’orthographe, constitution de lexiques professionnels, etc.). La maîtrise de ce système passe nécessairement par l’apprentissage (le bébé que le hasard fait naître au sein d’une communauté linguistique donnée se voit, de facto, imposer le système qui y prévaut, et ce, sans possibilité de négociation). Les Etats décident ce qu’est – ou ce que sont – leur(s) langue(s) officielle(s), quelle est leur zone d’extension et quelles en sont les fonctions admises. |
Le langage comme fonctionLe terme langage est également convoqué quand on réfère à la fonction cognitive qui permet aux êtres humains d’échanger entre eux. La focalisation est ici sur l’individu et non sur la communauté : on s’intéresse au fonctionnement du cerveau-esprit humain, pas à celui d’un ensemble social. La recherche fondamentale sur la production et/ou la perception de la parole correspondent à cette acception. C’est également le cas des travaux relatifs aux troubles du langage, aux handicaps, à l’apprentissage des langues étrangères ou encore à l’acquisition de la langue maternelle, etc. |
Le langage : système et fonction en permanente interactionLes deux concepts (système et fonction) sont liés. En effet, d’une part, au plan communautaire, c’est l’utilisation du langage par ses usagers dans le contexte de leurs relations sociales qui, au fil des siècles, produit le système et le fait évoluer ; d’autre part, la fonction langage ne peut être support de communication que si elle s’appuie sur un système accepté par une communauté de locuteurs (pour se comprendre, il faut maîtriser les mêmes mots et les mêmes structures syntaxiques que ceux avec qui on veut échanger). |
Le langage comme territoire professionnelLes divers contextes professionnels liés au langage sont en général perçus comme fort écartés les uns des autres. Ainsi, le linguiste intéressé par des recherches sur la grammaire n’a guère l’habitude de fréquenter des médecins spécialistes du larynx ou de l’oreille. Le psychologue du langage n’a guère de contacts avec le traducteur et les relations entre logopèdes et ingénieurs spécialisés dans la synthèse de parole sont peu probables. Ces professions sont, de fait, considérées comme disjointes, et les lieux d’enseignement qui y forment sont généralement isolés les uns des autres. |
Les sciences du langageL’approche caractérisant le territoire épistémologique des sciences du langage est au contraire fédératrice: son projet est de convier autour de questions de recherche spécifiques au langage toutes celles et ceux qui détiennent une expertise –quelles qu’en soient la nature et le domaine- susceptible de contribuer à l’effort commun. À l’UMONS, l’Institut de Recherche en Sciences et Technologies du Langage rassemble ainsi une centaine de chercheurs relevant de 5 des facultés de l’Université et assurant par la diversité de leurs spécialités la couverture du large champ des sciences du langage. |