Remarquable zythoconférence à l’UMONS Charleroi, en collaboration avec La Manufacture urbaine
L’UMONS Charleroi a accueilli près de 230 personnes, ce mardi 27 mars, dans le cadre de son cycle de conférences « Les Invités de l’UMONS ». Elle a surtout accueilli un orateur de qualité. Historien de l’art, Sébastien Biset est aussi zythosophe et c’est avec ces deux caractéristiques qu’il a pu parler avec talent de la bière et de son incursion dans le domaine de l’art. Retour sur cet événement atypique qui proposait aussi au public une dégustation de bières de La Manufacture urbaine.
Sujet dans l’air du temps, le phénomène microbrassicole n’est pas nouveau mais prend de l’ampleur !
Cette revanche microbrassicole remonte à plus d’un siècle et demi, comme l’explique Sébastien Biset, ce spécialiste de la bière qui mène actuellement une réflexion sur la zythologie, entendue comme la science de la bière. Pour comprendre, il faut se replonger dans le contexte du XIXème siècle marqué par l’ère industrielle. 1842, des bourgeois créent le prototype de la première pils. Les chemins de fer se multiplient, la distribution s’intensifie, la révolution de la bière est en marche. Les grands industriels s’emparent du phénomène et prennent de plus en plus de place au détriment de la singuralité de la bière. Le XXème siècle est alors synonyme de grande déprime pour les amateurs de bière. Il faudra attendre les années 2000 pour voir fleurir toute une série d’initiatives autour de la bière. Mais pour Sébastien Biset, l’important, c’est surtout l’histoire sociale de la bière.
L’histoire sociale de la bière remonte à l’époque de l’écriture cunéiforme. En Mésopotamie, la bière existait déjà. (On y retrouve la première recette de bière en pain liquide.) Aux environs de 1750 avant J.C., la bière est très vite légiférée dans le code juridique babylonien d’Hammurabi. Pour ne reprendre qu’un extrait cité lors de cette conférence : « Les brasseurs qui diluent trop la bière seront noyés dans leur propre bière et ceux qui fabriquent de la bière frelatée devront la boire jusqu’à ce que mort s’ensuive. »
Sébastien Biset a ainsi évolué dans le temps et poursuivi en questionnant la notion d’ivresse, la notion de lien social et de socialité et de symbole (de vie et de fertilité) que représentait la bière. La bière s’enracine très loin dans nos traditions. Au XVIème et XVIIème siècles, la bière était dépeinte comme un objet dans les natures mortes. Début XIXème siècle, on représentait des estaminets avec des assemblées de fumeurs et de buveurs. A l’époque, l’alcool jouait un rôle de catalyseur qui précipitait une manière de vivre. Une manière de jouir pleinement de la vie. Comme le décrit Guy Debord dans ses textes poétiques. L’alcool étant pour lui une véritable passion.
A travers de nombreux exemples, Sébastien Biset a démontré la présence de la bière dans les arts les plus récents. Il a ensuite conclu son exposé en parlant de marketing et de nouvelle communication graphique autour de la bière. Une logique visuelle participant aujourd’hui à cette culture de la bière et qui s’accompagne de nouveaux lieux de consommation et de production. Des espaces pluriels où il fait bon vivre. C’est sur ce modèle que s’est construite La Manufacture urbaine de Charleroi.
Après la théorie, place à l’application. La séance de questions et réponses avec le public s’est poursuivie de manière encore plus sympathique et informelle autour du verre de l’amitié. Les participants ont en effet été invités à déguster quatre bières brassées par La Manufacture urbaine (la Wallonne et l’IPA en bouteille, la Charleroy 350 et l’Asphalte au fût).
Pour (re)voir cette conférence, rendez-vous sur l’UMONS TV, à UMONS Conférences ou cliquez sur ce lien .
Plus d’infos sur le cycle Les invités de l’UMONS et ses conférences: lena.goessens@umons.ac.be