Séminaire annuel d’analyse des Luttes
Luttes collectives : variations d’existences.
Les luttes sociales font exister des situations inédites. Loin de résulter d’une quelconque « mécanique de l’histoire », ces luttes font irruption dans les scènes presque jouées d’avance du business as usual.
Elles supposent bel et bien des organisations collectives, des alliances, la multiplication de scènes (scientifiques, juridiques, de performance), de figures, des formes d’enquête, une inscription active dans des histoires longues, des manières de subsister, des formes d’institutionnalisation, de négociation, de services. Elles font émerger de nouvelles scènes publiques, actualisent des scènes préexistantes et/ou subsistent à l’état latent sur des modes mineurs. Elles ont affaire à des formes de contre-luttes, d’organisations d’acteurs sur les plans médiatiques, juridiques et politiques.
Ces luttes, ces conflits doivent donc pouvoir être exploré.es dans leurs écologies.
Cette exploration, à partir des travaux d’étudiants du Master en Transitions et Innovations sociales (METIS), prendra quatre directions traversant quatre ateliers. Une série des conflits ou luttes prennent naissance à partir de lieux, de biens dont le caractère commun semble menacé, par une situation (postcoloniale) multipliant les conflictualités autour d’une ressource, par un projet immobilier qui prend l’apparence de la « transition » ou par l’absence de prise en charge d’agressions à caractère sexuel. Faire exister, par des performances activistes, par la recherche de désaccords latents, comme par des modes d’institutionnalisation, une localité autrement devient enjeu pour certains acteurs/trices et chercheur.es. Une série d’autres communications insisteront plus particulièrement sur les processus d’enquêtes et fabrications de figures (précarité alimentaire, point violet, cohabitant, rapport à la maladie) au sein de mouvements sociaux qui sont parvenus à s’instituer. Contrairement à ce que laisse penser leur caractère institué, chacun de ces processus impliquent alliances et coalitions d’acteurs que rien ne garantit a priori. Une troisième série de communications explorent les processus d’institutionnalisation (relation de service, par exemple) qu’accompagnent parfois l’analyse, par les acteurs, d’une baisse de l’intensité des luttes initiales. Est-on si sûr cependant que les relations de service doivent être pensées dans cette seule opposition aux luttes activistes ? Enfin, les luttes n’ont pas affaire à un monde inerte : les acteurs interpellés peuvent s’organiser en contre-luttes (backlash, organisation institutionnelle, activisme juridique) moins souvent traitées par la sociologie des mouvements sociaux. Ces rapports, déplaçant les espaces de conflictualités feront l’objet d’une dernière série de communications.
PROGRAMME
- 13h15 – Accueil
- 13h30-14h45 Bagarres autour de biens communs.
Micropolitique du partage de l’eau d’irrigation en RD Congo : les agriculteurs à la marge ? Parfait Kaningu Bushenyula
Construire vert, oui, mais à quel prix ? Antoine Hurez
Le tunnel de Nimy : d’un lieu problématique local à un sujet politique abordé en séance plénière. Alice Crucq
- 14h45-15h15 Faire exister des campagnes : figures, enquêtes.
La sororité populaire espagnole… dernière solution contre les violences de genre ? Michel Bienfait, Elisa Carreda, Angèle Maiorca
#OctobreRose. Elisa Di Piazza
La faim justifie les moyens. Tanya Lejeune
Lutte contre le statut de cohabitant.e : une revendication aux 42 printemps. Alban Blondeau
- 15h15-15h30 Pause
- 15h30- 16h45 Institutionnalisations et relations de service.
Lutte contre le sans-abrisme : histoire d’un mouvement évoluant. Dylan Paret.
Interventions dans la parentalité précaire. Yvonne Pontegnie.
Abandon pas très gay ? Démission parentale? Stéphanie Rosso. Usagers, asbl.
- 16h45-18h00 Luttes et contre-luttes.
Luttes des détenus, luttes impossibles. Ismael Smaili
Sociologie de l’antiféminisme : le cas du backlash de MeToo. Colangelo Lucie
Frontières ténues entre trafic d’êtres humains et solidarité : frictions entre hébergeurs de personnes migrantes et politiques migratoires. Céline Matis
- 18h00 Conclusions suivies d’un verre de l’amitié.