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Gaston Lagaffe, plus qu’un gaffeur : la critique sociale vue par Stéphane François

Publié le 26 septembre 2025
Rédigé par Léa Saintghislain
Stéphane François, professeur à l’École des Sciences Humaines et Sociales de l’UMONS, vient de signer un article intitulé La critique sociale chez Franquin. L’exemple de Gaston Lagaffe. Il est publié dans l’ouvrage collectif Neuvième art, pouvoirs et politique (Presses universitaires de Valenciennes, 2024). Ce volume, dirigé par Emmanuel Cherrier, Pierre-Alexis Delhaye, Serge Deruette et Stéphane […]
Stéphane François, professeur à l’École des Sciences Humaines et Sociales de l’UMONS, vient de signer un article intitulé La critique sociale chez Franquin. L’exemple de Gaston Lagaffe. Il est publié dans l’ouvrage collectif Neuvième art, pouvoirs et politique (Presses universitaires de Valenciennes, 2024). Ce volume, dirigé par Emmanuel Cherrier, Pierre-Alexis Delhaye, Serge Deruette et Stéphane François, réunit plusieurs contributions qui explorent la bande dessinée comme miroir politique et social.

Dans son article, Stéphane François met en avant la place centrale d’André Franquin (1924-1997) dans l’histoire de la bande dessinée franco-belge. Il montre aussi à quel point son humour, en apparence léger, cache une critique sociale fine. À travers Gaston Lagaffe, Franquin ne se contente pas de faire rire : il questionne le monde qui l’entoure.

Derrière les gaffes et l’absurde, on retrouve des thèmes bien sérieux :

  • la dénonciation de la bureaucratie et du productivisme,

  • le rejet de la chasse et de l’institution militaire,

  • la critique du consumérisme,

  • et déjà, une sensibilité écologique et décroissante.

Apparu en 1957, Gaston incarne l’esprit contestataire des Trente Glorieuses. Pourtant, il reste proche du public, grâce à son côté maladroit et attachant. Employé de bureau rétif à la hiérarchie, inventeur farfelu et doux marginal, il esquisse une autre manière de vivre : plus lente, moins tournée vers la productivité, et plus respectueuse de la nature comme des autres.

L’analyse replace aussi Gaston dans le parcours de Franquin. Avec les Idées noires (1977), l’auteur exprime une critique plus sombre et frontale de la société. Mais en réalité, beaucoup de ces thèmes étaient déjà présents dans Gaston Lagaffe : pacifisme, écologie, refus du conformisme. Franquin, sans jamais se poser en « auteur politique », a su utiliser la bande dessinée et l’humour pour donner voix aux sensibilités contestataires de son époque.

En définitive, l’article de Stéphane François rappelle combien la bande dessinée va bien au-delà du simple divertissement. Elle peut être un outil de réflexion sociale et culturelle. Et Gaston Lagaffe apparaît alors comme une figure charnière : drôle et grave à la fois, enfantin et contestataire, profondément ancré dans les débats de son temps.