Les identités en question : « Immigré de seconde génération », « Français d’origine étrangère », « personnes issues de l’immigration », ces français qui ne le seraient pas tout à fait. Construction et fonction du racisme anti-immigré dans la France contemporaine
Damien Darcis
Le racisme colonial, l’antisémitisme, « l’arabophobie », le racisme « ordinaire » en temps de prospérité économique ou le racisme en tant de crise peuvent se connecter les uns aux autres, mais ils diffèrent cependant : ils n’ont pas nécessairement les mêmes « cibles », pas les mêmes « intentions », ils ne se formulent pas de la même façon, ils ne mobilisent pas les mêmes concepts, ils ne cachent pas les mêmes « enjeux ». Si le terme « racisme » peut donc, très largement, désigner toute forme de discrimination à l’égard d’un autre, son degré de généralité peut nous empêcher de bien comprendre les configurations spécifiques des discours et des pratiques racistes. Celles-ci sont chaque fois déterminées par un cadre social, économique ou culturel donné. Autrement dit, elles sont conjoncturelles. Plutôt que de débattre du racisme en général et risquer de passer à côté d’une partie des enjeux actuels, je vais m’attacher ici à l’analyse de la crise raciste dans un cadre précis : celui de la crise économique. Autrement dit, je vais étudier une configuration raciste spécifique qu’on peut appeler un racisme de crise. Mes questions sont les suivantes : qu’est-ce que le racisme de crise ? Comment se formule-t-il ? Qui vise-t-il et pourquoi ?