Les populations européennes de bourdons déclinent, selon une étude interuniversitaire publiée dans la revue Nature
« Ce qu’on observe de plus en plus, c’est qu’on a une disparition massive de beaucoup d’espèces de bourdons avec des communautés qui sont beaucoup moins diversifiées qu’il y a une centaine d’années« , explique notamment le Dr. Guillaume Ghisbain, chercheur et enseignant au département de zoologie de l’UMONS. Une observation qui se base sur la collecte de milliers de spécimens à travers l’Europe, et en dehors de l’Europe.
Dans l’étude publiée dans la revue Nature et qui se base sur pas moins de 400.000 données dont la majorité provient du département de zoologie de l’UMONS, l’équipe de recherche démontre un déclin des populations de bourdons depuis 1900 dans la majeure partie de l’Europe. Elle estime par ailleurs que les aires de distribution de ces espèces vont subir d’importantes contractions dans les décennies à venir, et ce sous tous les scénarios de changement climatique et d’utilisation du sol considérés dans l’étude.
Ces résultats indiquent qu’environ 38 à 76% des espèces de bourdons d’Europe actuellement classées dans la catégorie “préoccupation mineure” devraient subir des pertes d’au moins 30% de territoire écologiquement approprié d’ici 2061-2080 par rapport à 2000-2014. Les scénarios explorés soulignent que certaines parties de la Scandinavie pourraient devenir des refuges potentiels pour les bourdons européens.
On ne sait toutefois pas prédire si cette zone restera exempte de facteurs de stress anthropiques supplémentaires non pris en compte dans les modèles de l’étude. Les résultats de cette étude soulignent le rôle crucial des politiques d’atténuation du changement climatique pour la protection de ces pollinisateurs contre la transformation anthropique de la biosphère.
La dégradation des habitats et le changement climatique agissent à l’échelle mondiale comme des moteurs majeurs de l’effondrement de la faune, avec des preuves grandissantes que cette érosion de la biodiversité s’accélérera dans les décennies à venir. Dans une nouvelle étude publiée dans la revue Nature, des chercheurs belges ont quantifié l’adéquation écologique passée, présente et future du continent européen pour les bourdons, un groupe de pollinisateurs menacés et classés parmi les contributeurs les plus importants de la production agricole dans l’hémisphère nord.
Pour ce faire, les chercheurs ont utilisé une approche de “machine learning” pour entraîner des modèles de niche écologique sur plus de 400’000 données d’occurrence de bourdons datées et géoréférencées.
Les auteurs démontrent que les dernières décennies ont été marquées par une baisse de la richesse en espèces de bourdons sous le 55° parallèle nord, ainsi qu’une diminution notable de l’adéquation écologique du continent principalement concentrée en Europe centrale. Ils constatent également que l’évaluation actuelle du risque d’extinction ne reflète pas les tendances démographiques projetées pour ces espèces. Plusieurs espèces actuellement classées dans la catégorie “préoccupation mineure” devraient en effet montrer des diminutions aiguës de l’étendue spatiale de leur niche écologique sur base de tous les scénarios de changement global considérés dans l’étude.
Alors que dans tous ces scénarios la Scandinavie apparaît comme un refuge écologiquement propice pour les bourdons européens, le succès d’un tel refuge reposera néanmoins sur la capacité de ces espèces à coloniser et maintenir avec succès des populations viables sur ces territoires. En outre, on ne sait toutefois pas prédire si cette zone restera exempte de facteurs de stress anthropiques supplémentaires non pris en compte dans les modèles de l’étude.
Les auteurs concluent que des mesures de conservation ultérieures devront être appliquées main dans la main avec des politiques mondiales strictes visant à atténuer l’empreinte humaine sur ces pollinisateurs vitaux pour de nombreux écosystèmes, tout en incorporant des réglementations renforcées sur les émissions de gaz à effet de serre et sur la gestion du paysage à l’échelle nationale et continentale.
Article à lire dans la revue Nature ici.