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L’UMONS revendique le Master en médecine au bénéfice de ses étudiants et de la santé des Hainuyers

Publié le 6 juillet 2020
Rédigé par DCOM
L’UMONS ne dispose actuellement que du cycle de Bachelier en médecine ; ce qui contraint ses étudiants à aller se diplômer dans d’autres universités dans ce domaine. Et ce qui ne résout en rien la pénurie de médecins et de spécialistes de la santé que rencontre le Hainaut, province la plus peuplée de Wallonie. La revendication du Recteur de l’UMONS est donc bien perçue.

L’Université de Mons (UMONS), par la voix de son Recteur le Prof. Philippe Dubois, revendique l’obtention du Master en médecine pour faire face aux besoins sanitaires légitimes de la province de Hainaut.

L’UMONS, au travers de sa Faculté de Médecine, de Pharmacie et des Sciences biomédicales ne dispose en effet actuellement que du cycle de Bachelier en médecine ; ce qui contraint ses étudiants à aller se diplômer dans d’autres institutions universitaires du pays et tend à ne pas résoudre la pénurie de médecins et de spécialistes de la santé que rencontre le Hainaut, province la plus peuplée de Wallonie.

La proposition du Recteur de l’UMONS génère actuellement un consensus politique. Toutefois, la décision d’octroi du Master en médecine à l’UMONS doit être « coulée » dans un décret pour pouvoir être effective. Il revient en effet à l’Académie de Recherche et d’Enseignement Supérieur (ARES) de proposer au Gouvernement de la Fédération Wallonie-Bruxelles les habilitations et aux parlementaires à les valider.

Mais plusieurs arguments et faits objectifs statistiques plaident en faveur de ce Master au bénéfice de l’UMONS :

  • Le Hainaut est la province la plus peuplée de Wallonie ;
  • L’état général de la santé de sa population présente des indicateurs faibles, voire inquiétants : taux de mortalité globale, taux de mortalité prématurée plus élevés qu’ailleurs et espérance de vie réduite ;
  • Or, une pénurie de médecins généralistes y est constatée, aggravée par l’âge moyen avancé des praticiens et doublée d’un recrutement jugé trop faible de médecins en provenance des autres provinces;
  • De plus, l’épidémie de COVID-19 a mis en lumière la fragilité relative du Hainaut et de ses nombreux clusters face à un rebond;
  • Enfin, l’UMONS qui est en nette progression depuis sa création-fusion voici maintenant 10 ans (un gain de plus de 4.000 étudiants pour être aujourd’hui à près de 10.000, ce qui en fait la 4e université de la CF) est l’université de référence en Hainaut et dispose déjà de solides collaborations avec les principaux établissements de soins hospitaliers hainuyers.

« Je revendique cet ancrage territorial plus fort en termes de soins de santé, déclare le Recteur Philippe Dubois, parce que les autorités provinciales sont tout aussi conscientes que moi de la situation. Aujourd’hui, elles me harcèlent pour que l’UMONS, à l’instar de ce qui se pratiquera pour la pharmacie à partir de septembre, bénéficie d’une offre complète en médecine. »

Le moment est donc venu de revendiquer le Master en médecine pour l’UMONS et sa Faculté de Médecine et Pharmacie, revendication émanant de manière pressante des responsables de la Province du Hainaut, particulièrement des milieux hospitaliers.

Pour s’en rendre compte, il suffit de consulter l’état de santé des Hainuyers publié par l’Observatoire de Santé du Hainaut.

L’espérance de vie continue de s’accroître, mais l’écart se creuse entre d’une part le Hainaut, et d’autre part la Wallonie, et surtout la Belgique, témoin d’inégalités sociales et territoriales croissantes.

En Hainaut, la mortalité reste élevée. Si les taux de mortalité hainuyers rejoignaient ceux de la Belgique, 2.330 décès seraient évités chaque année. La mortalité prématurée (avant 65 ans) présente des différences particulièrement marquées puisqu’elle est 11 % plus élevée qu’en Wallonie et 38 % plus élevée qu’en Belgique.

L’espérance de vie augmente mais reste inférieure à la moyenne nationale : pour la période 2010-2014, l’espérance de vie en Hainaut est de 75,9 ans pour les hommes, soit 3 années de moins que la moyenne belge, un écart qui apparaît moins marqué chez les femmes (81,6 ans, soit une différence de 18 mois).

La mortalité hainuyère est supérieure à celle de la Wallonie (+ 5 %) et à celle de la Belgique (+ 17 %). On relève 14 598 décès en 2014, soit un taux brut de mortalité de 10,9 pour 1 000 habitants en Hainaut. La mortalité masculine est nettement plus élevée que la mortalité féminine. Les maladies de l’appareil circulatoire sont la première cause de décès en Hainaut en 2012 (29 %), suivies des tumeurs (24 %) et des maladies de l’appareil respiratoire (10 %).

La mortalité prématurée (avant 65 ans) en Hainaut est supérieure à celles de la Wallonie et de la Belgique. Les trois principales causes de décès prématurés sont les tumeurs, les morts non naturelles et les maladies de l’appareil circulatoire. Les décès prématurés sont deux fois plus nombreux chez les hommes que chez les femmes.

En Belgique, c’est le Hainaut qui affiche la mortalité la plus élevée tant pour les hommes que pour les femmes parmi l’ensemble des provinces belges. Par ailleurs, le Hainaut est victime historiquement d’une pénurie objectivée de médecins généralistes.

Au sujet du faible taux de recrutement et d’installations en Hainaut, des données sont extraites du cadastre wallon des médecins généralistes 2016 réalisé par l’AVIQ accessible ici

Les statistiques 2018 par arrondissements sont également claires :

  • Wallonie : 1 médecin généraliste actif par 1116 habitants;
  • Hainaut : 1/1164;
  • Mons : 1/1320 (arrondissement 1/1222);
  • Charleroi 1/1223 (arrondissement (1/1187);
  • Tournai : 1/1014 (arrondissement 1/1143);
  • Namur : 1/907 (arrondissement 1/964);
  • Liège : 1/1245 (arrondissement 1/1084).

En plus de cette pénurie en termes de recrutement, le Hainaut est confronté à une moyenne d’âge de ses généralistes plus élevée qu’ailleurs et donc, la nécessité d’apporter du « sang neuf » dans la profession.

C’est en province de Hainaut qu’on trouve donc le plus de médecins âgés de plus de 65 ans (et toujours en exercice). C’est le pourcentage le plus élevé du pays…

Enfin, la crise Covid a mis en lumière ce besoin de médecins et de soignants en Hainaut.

L’UMONS s’est impliquée déjà dans cette crise via sa recherche médicale au travers d’une multitude de projets tels que la plateforme de dépistage COVID-19, au bénéfice des soignants des établissements hospitaliers.