Cycle de conférences : Tiphaine Samoyault, lauréate de la Chaire Francqui 2023-2024
Dans ce cadre, l’Université de Mons (UMONS) accueillera la Professeure Tiphaine Samoyault pour un cycle de 5 leçons, à partir du lundi 26 février 2024.
Directrice d’études à l’École des Hautes Études en Sciences Sociales (EHESS) depuis 2021, Tiphaine Samoyault a été professeure de littérature générale et comparée aux Universités Paris 8 Vincennes – Saint-Denis puis Sorbonne Nouvelle Paris 3. Elle y a enseigné à tous les niveaux des cours de littérature française et étrangère, des séminaires de théorie de la traduction ainsi que de théorie de la littérature mondiale. Elle a été professeure invitée dans les universités Johns Hopkins, Cornell et Nankin.
Les recherches de Tiphaine Samoyault se situent à l’intersection de la littérature, de la traduction et des sciences humaines et sociales.
Le séminaire s’organise autour de 5 leçons :
Leçon inaugurale : Doit-on transformer les œuvres du passé ?
Lundi 26 février 2024, 18h30, auditoire La Fontaine
Centre Vésale, Av. du Champ de Mars 6B, 7000 Mons
Cette conférence inaugurale cherchera à apporter des nuances dans un débat contemporain parfois très polarisé entre celles et ceux qui considèrent les textes comme intouchables et les autres qui estiment possible d’en adoucir certains traits devenus illisibles. Sans le recouvrir tout à fait, ce débat rejoint celui de la question woke qui donne aussi lieu à des positions caricaturales. Je m’efforcerai d’inscrire ces débats dans la pensée plus générale d’un nouveau partage des voix et de la relation entre représentation et représentativité.
Traduire en temps de guerre : la profession de fixeur/fixeuse
Mardi 27 février 2024, 13h30, auditoire Landercy
Bâtiment Rosa Parks, 9 Avenue Frère Orban 7000 Mons
La leçon portera sur le personnage du « fixeur » dans les zones de conflit, afin de cerner les contours d’une figure polymorphe, à la fois guide, interprète et facilitateur de l’information et parfois de la stratégie militaire. Le terme de « fixeur », apparu en anglais au moment de la guerre du Vietnam (fixer), appartenait plutôt jusque-là au jargon journalistique : il désigne ceux ou celles qui accompagnent les journalistes ou les armées sur les terrains risqués les faisant profiter de leur expérience des lieux, de leurs connaissances des langues et de leurs contacts. Cette figure témoigne de l’ambivalence de la traduction en temps de guerre et de son impossible neutralité.
Transparence et opacité dans la traduction
Mercredi 28 février 2024, 18h, auditoire La Fontaine
Centre Vésale, Av. du Champ de Mars 6B, 7000 Mons
L’IA au service de la traduction est fondée sur le principe de l’équivalence, au nom d’une transparence des langues et des cultures entre elles. Nous évoquerons les problèmes posés par ce principe et reviendrons précisément sur l’expression d’Édouard Glissant de « droit à l’opacité » (Le Discours antillais, p. 14)
Quelle éthique pour la traduction aujourd’hui ?
Jeudi 29 février 2024, 10h30, salle polyvalente de la FTI-EII
Av. Victor Maistriau, 7000 Mons
L’éthique de la traduction a mis au cœur de la traductologie la pensée de l’étranger et de l’altérité dont celle-ci est porteuse. En tant qu’exercice de la différence, la traduction serait exemplaire d’une relation respectueuse de l’étranger, d’un rejet de l’ethnocentrisme. Or, la relation à l’autre n’est pas toujours la même en traduction, l’étranger n’est pas le même étranger, le poids de l’histoire ne joue pas de la même façon lorsqu’on traduit une petite langue vers une langue dominante, ou une langue travaillée par la mémoire de l’oppression d’autres langues vers une langue d’oppression ou de domination. Nous réfléchirons à ces questions en nous centrant en particulier sur le principe de l’actualisation en traduction.
Le bégaiement décolonial
Jeudi 29 février 2024, 18h, auditoire Landercy
Bâtiment Rosa Parks, 9 Avenue Frère Orban 7000 Mons
Prolongeant la pensée de Gilles Deleuze qui fait du bégaiement un trait des littératures mineures, Seloua Luste Boulbina, dans L’Afrique et ses fantômes (Présence africaine, 2015), écrit : « Aujourd’hui, je revendique le bégaiement comme l’expression de la décolonialité en acte. » Nous réfléchirons à la portée de cette formule à partir d’exemples, sans faire uniquement du bégaiement une métaphore, mais en nous appuyant sur les apports des Disability Studies.
Inscription aux conférences
L’inscription (par leçon) est gratuite, et vivement souhaitée.
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À propos de la Chaire Francqui
La Chaire Francqui existe depuis 1933 et constitue l’une des activités phares de la Fondation du même nom. Cette Chaire encourage la collaboration et les échanges entre les universités belges. Ceci enrichit les environnements académiques, favorise l’excellence académique et la recherche interdisciplinaire, et contribue également à renforcer les réputations des différentes universités.
La leçon inaugurale d’un tel cycle est généralement l’occasion de réunir toutes les personnalités éminentes du domaine en question.
https://francquifoundation.be/francais/chaire-francqui/
Contact
Amélie Honorez
Chargée de Communication
École des Sciences humaines et sociales, UMONS
+32 (0)65 37 22 05