Rania Aro, désormais Docteur après un parcours de vie inhabituel entre Damas et Mons
Ce vendredi 11 juin, Rania Aro a brillamment défendu sa thèse et obtenu ainsi le titre de Docteur. Son parcours atypique vaut bien un coup de projecteur. Il inspire en effet le respect tant cette jeune femme a su faire preuve de courage et de persévérance, malgré une situation personnelle particulièrement difficile.
Originaire de Syrie, Rania a été diplômée en 2000 de l’Université de Damas en science pharmaceutique et chimie pharmaceutique. Elle a ensuite travaillé dans son pays durant près de 15 ans dans le domaine du marketing et de l’industrie pharmaceutique. Mais la guerre civile allait profondément modifier sa trajectoire de vie. Arrivée en Belgique en mai 2014 avec ses deux enfants pour passer des vacances chez sa sœur, la jeune femme ne rentrera finalement plus dans son pays après avoir obtenu chez nous le statut de réfugiée politique.
A l’UMONS, elle contacte alors le Prof. Safar qui y supervise le programme d’accueil des réfugiés. Et après quelques péripéties, elle obtient l’équivalence de son Master et entame, sans pourtant bien maîtriser le français et en ne bénéficiant que d’un appui modéré d’un petit fonds social et du Conseil de Recherche, un doctorat lors de l’année académique 2014-2015.
Au sein du service chimie thérapeutique et pharmacologie dirigé par le Professeur Pierre Duez, elle s’attaque, avec l’aide de son promoteur, du Professeur Laurence Ris pour les expériences in vitro et de Mario Manto, à sa thèse intitulée : « Pathogenesis of essential tremor: characterization of potentially involved endogenous alkaloids of dietary origin and evaluation of their activity on an original 3D neurospheroid model ”.
Mes recherches portent sur le tremblement essentiel, une maladie neurologique de mouvements anormaux rencontrée chez certaines personnes atteintes de Parkinson, explique le nouveau Docteur. Il y a deux causes à cette maladie : environnementale ou génétique. On ne peut trouver un traitement sans trouver les causes de la maladie. J’étudie les causes environnementales. Je travaille sur les toxines présentes dans la viande et cherche à savoir si certaines d’entre elles peuvent affecter les patients. J’ai ainsi travaillé sur une nouvelle méthode de culture 3D qui constitue une nouveauté à l’UMONS et permet d’étudier la toxicité de ces molécules ».
Il s’agit de neurosphères qui sont des assemblages spontanés de cellules du cerveau (neurones, cellules gliales) et constitue un modèle d’une organisation du tissu cérébral. On y retrouve par microscopie confocale les différents types cellulaires », précise le Prof. Duez qui, à l’instar des autres encadrants de Rania, a autant appris du domaine choisi que la doctorante qui, sa thèse désormais en poche, aspire à réaliser un post-doctorat ou trouver un travail dans le domaine académique.
Plus d’infos sur cette thèse ? pierre.duez@umonsac.be ou rania.aro@umons.ac.be