International

La Faculté d’Architecture et d’Urbanisme et le Centre de Langues Vivantes de l’UMONS ont saisi l’opportunité du tout en ligne pour développer des projets de collaboration virtuelle visant à internationaliser les enseignements. Une autre façon de donner aux étudiant.e.s la possibilité de bénéficier d’une expérience internationale tout en restant « à la maison ».

Publié le 23 février 2021
Rédigé par Julie WALASZCZYK
Deux initiatives très différentes mais complémentaires ont été mises en place au premier quadrimestre de cette année académique :

 

La première est un échange virtuel avec le Japon dans le cadre du cours d’anglais de troisième année de bachelier, mené par Lisa Demaret (CLV). En collaboration avec Sandra Healy et Yasushi Tsubota, tous les deux enseignants de langue anglaise au Kyoto Institute of Technology (KIT), et Julie Walaszczyk (CLV) pour la scénarisation et la conception des modules, l’enseignante a intégré dans son cours des activités d’apprentissage contribuant au développement de compétences interculturelles et à l’échange sur des thématiques liées à la discipline des participant.e.s. 12 étudiant.e.s de BAC3 de l’UMONS se sont porté.e.s volontaires et 15 bacheliers de première année du côté japonais ont pris part à cette première édition. Les étudiant.e.s ont été réparti.e.s en tandems ou en petits groupes afin de faciliter la discussion. Des modules en ligne ont été mis à leur disposition au fur et à mesure de l’échange, proposant différentes ressources et tâches à accomplir collectivement ou en duo. Un poster final a été co-évalué par des enseignants de matières : Chaïma Seddiki (FAU, UMONS) et Takuya Miyake (Department of Architecture and Design, KIT). Le projet s’est clôturé par une fête virtuelle, durant laquelle les étudiant.e.s ont eu l’occasion, par le biais d’activités ludiques, de faire connaissance avec le reste du groupe.

La deuxième initiative s’est déroulée lors de la semaine créative, du 9 au 13 novembre 2020, toujours en BAC3, sous la guidance et l’impulsion de Chaïma Seddiki (FAU) et de Julie Walaszczyk (CLV). Le CARE LAB (Creating Adequate Residence for the Elderly – Learning Across Borders) est né d’une réflexion sur le (ré)aménagement de l’espace domestique et résidentiel des seniors, visant à assurer davantage d’autonomie et de bien-être. Une question pertinente au cœur de l’actualité sur laquelle les étudiant.e.s de la FAU se sont penché.e.s, en équipe avec des étudiant.e.s en éclairagisme (lighting design) de l’Université ITMO à Saint-Pétersbourg. Des étudiant.e.s en architecture et en ingénieurerie d’UPC (Barcelone, Espagne) et de la KULeuven ont également participé à cet échange interdisciplinaire sur base volontaire. Des experts invités sont venus alimenter les réflexions des différents groupes : Fany Cérèse, chercheuse et spécialiste du sujet en question, a lancé le débat par une visioconférence sur l’interaction entre architecture, santé et la notion du chez soi (Architecture, Health and the Sense of Home for the Elderly) et Kevin Charras, docteur en psychologie environnementale, a abordé l’impact de l’environnement sur les personnes atteintes de démence (Institutional Settings for People with Dementia). Chaïma Seddiki (UMONS), Miguel Usandizaga (UPC) et Daria Chirimisina (ITMO) ont accompagné, encadré et guidé les participant.e.s tout au long du workshop.

  • L’anglais comme lingua franca (ELF)

À l’heure actuelle, l’anglais est majoritairement utilisé par des non-natifs à travers le monde. Les étudiant.e.s et futur.e.s diplômé.e.s sont et seront, dans le cadre de leurs études ou de leur travail, amené.e.s à  être davantage en contact avec des paires, collègues et enseignant.e.s pour qui l’anglais n’est pas la langue maternelle ou la langue seconde, et qui l’utilisent principalement comme outil de communication. Or, l’apprentissage d’une langue étrangère, et plus particulièrement l’évaluation du degré d’exactitude grammaticale et lexicale, est encore souvent guidé par les dictats des normes dites « natives » (principalement l’anglais américain et l’anglais britannique). Des propos tels que « Je n’ai pas un bon accent » ou « Je parle mal » dénotent un certain malaise par rapport à sa propre langue maternelle qui vient « ternir » un standard idéalisé (« gatekeeping », Jenkins, 2007). L’avantage d’utiliser l’anglais comme langue commune permet de débloquer certaines attitudes et de ne plus percevoir la langue comme une fin en soi, mais comme un outil pour négocier le sens.

  • Une internationalisation inclusive et accessible à tout.e.s

Malgré une démocratisation du programme Erasmus depuis son lancement en 1987, un séjour à l’étranger représente un coût financier qui n’est pas toujours totalement compatible avec la situation socio-économique de l’étudiant.e ou couvert par l’octroi d’une bourse. Il existe également des contraintes familiales ou personnelles qui ne permettent pas la mobilité physique pour des périodes plus ou moins longues. Les échanges de type COIL (Collaborative Online International Learning) ou de mobilité virtuelle (co-diplomation avec une institution partenaire) sont restés jusqu’à présent des expériences anecdotiques dans les programmes (bien souvent mis en place dans le cadre des cours de langues). La crise sanitaire actuelle a remis fondamentalement en question et bouleversé notre rapport au déplacement. Ces échanges en ligne peuvent offrir une complémentarité à un Erasmus « physique », voire une alternative plus durable, et donner l’opportunité à tou.te.s les étudiant.e.s de développer des compétences interculturelles, quel que soit leur bagage académique et leur niveau de langue.

  • Valorisation de la collaboration interdisciplinaire et des compétences transversales
    Participer à un échange virtuel, c’est apprendre à être résilient, sortir de sa zone de confort et se confronter au regard de l’autre. Remettre en question ses propres préjugés et cultiver une distance critique par rapport à sa culture. Faire preuve de bienveillance, partager des connaissances et être exposé à des approches parfois très différentes et tout aussi légitimes sur un même problème sociétal. Mais aussi gagner en autonomie d’apprentissage en collaborant avec d’autres et en étant activement impliqué. Autant de compétences qui permettront aux futur.e.s diplômé.e.s de fonctionner de manière responsable dans des environnements de plus en plus diversifiés. La télécollaboration peut être un levier d’internationalisation des programme,s en phase avec les Objectifs de Développement Durable définis par les Nations Unies, et en particulier l’ODD 4, qui vise à promouvoir une éducation de qualité en intégrant des composantes telles que l’interculturalité, le multilinguisme et l’inclusion.

Témoignages de certain.e.s participant.e.s :

Chloé : « J’ai beaucoup apprécié participer à cet échange virtuel avec le Japon, j’ai trouvé très intéressant de partager ma vision de l’architecture avec Kohsei et de découvrir comment il travaillait dans son école. Les tâches à réaliser étaient aussi très intéressantes, et certains concepts japonais m’ont aidé dans la réalisation de mon projet. La communication avec mon partenaire japonais a été plus simple que prévu, même si nos accents sont très différents. Et je pense que dans notre formation, c’est important de pouvoir s’exprimer en anglais et de collaborer avec des étrangers. J’ai aussi beaucoup apprécié les jeux organisés lors du zoom final qui m’ont permis de rencontrer d’autres étudiants japonais. Malgré le programme très chargé du premier quadrimestre de la bac 3 en architecture j’ai vraiment été très heureuse de participer à cet échange! »

Paul : « Lors de cet échange, j’ai eu l’opportunité de travailler avec deux partenaires du KIT. Ce que j’ai préféré, ce sont les appels vidéo avec mes partenaires, pendant lesquels nous avons pu discuter des tâches à accomplir, mais aussi de nos cultures respectives, de la langue et de nos expériences. Ce fut un peu compliqué au niveau pratique, en raison du décalage horaire important, mais avec un peu d’organisation, nous avons pu rendre le travail à temps. J’ai d’ailleurs amélioré ma manière de m’organiser, de travailler en groupe, et j’ai appris beaucoup de choses, notamment sur ma propre culture, à travers les différentes activités. Et dans une période de pandémie, cet échange est réellement intéressant, car il m’a permis de voyager et d’apprendre sans bouger. J’ai beaucoup apprécié cette experience. »

Maxime: « Selon moi le mot qui ressort de ces échanges est : partage. Il est intéressant de partager avec des élèves venant d’un autre milieu que le sien sur une problématique donnée. Cela nous permet de confronter nos différences et d’arriver à une solution. Ces deux expériences étaient très gratifiantes. En ce qui concerne l’échange avec le Japon. C’était une opportunité qui nous a été donnée par notre professeure d’anglais et cela n’était donc pas obligatoire. Au début, j’avais un peu peur de ne pas pouvoir assumer la tâche de travail mais en réalité les échéances étaient parfaites et le tout était bien encadré. Il nous a été demandé de réfléchir par binôme à ce qu’était le bien-être que nous pourrions ressentir grâce à l’architecture. J’ai été mis en binôme avec une élève qui était assez ouverte à la discussion. J’ai pas mal appris sur sa manière de vivre et sur la vie au japon en général. De plus on a eu quelques activités assez intéressantes. Pour ce qui est de l’échange avec les élèves russes. Cet échange ne s’est pas fait en binôme mais par groupe. On devait réfléchir à un complexe inclusif et multigénérationnel. Cet échange contrairement à celui du japon nous était imposé et il n’est pas tombé à la période idéale. Cependant on a travaillé sur un projet plus concret ce qui nous imposait une réflexion différente sur le sujet. Je suis assez reconnaissant d’avoir pu faire ces échanges, j’en ressors avec des sentiments très positifs. »

Remerciements et félicitations à tous les étudiants de la FAU qui ont participé aux deux échanges, et en particulier à Chloé, Paul et Maxime qui nous ont fait part de leurs impressions.


Interview avec Haruka, Kohsei et Salam du KIT (Japon) sur leur expérience de l’échange :

Interview avec Lisa Demaret (UMONS), Sandra Healy (KIT) et Yasushi Tsubota (KIT) qui ont co-enseigné cette activité dans le cadre du cours d’anglais :

Interview avec Chaïma Seddiki (UMONS) et Miguel Uzandisaga (UPC) qui ont tous les deux contribué au CARE LAB :

Francisco de Goya, Aun Aprendo (Je continue à apprendre)

 


Références et ressources supplémentaires

2020: the year of European virtual mobility?

7 tips for implementing virtual mobility

An international curriculum fit for Generation Greta

COIL – Virtual mobility without commercialisation

L’enseignement supérieur en marche vers 2030

Virtual exchange and Internationalisation at Home: the perfect pairing

Fuchs, Carolin; Hauck, Mirjam and Müller-Hartmann, Andreas (2012). Promoting learner autonomy through multiliteracy skills development in cross-institutional exchanges. Language Learning & Technology, 16(3) pp. 82–102.

Blog de Fany Cérèse: https://www.unmondeapart.org/

Web page d’ITMO sur le projet CARE LAB: https://news.itmo.ru/en/blog/211/