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L’étude coordonnée par l’UMONS et Epicura montre que les patients présentant une anosmie initiale associée à des symptômes légers de rhume sont bien infectés par le COVID-19

Publié le 4 mai 2020
Rédigé par Valery Saintghislain
Dans le contexte du déconfinement où des systèmes très sophistiqués et coûteux de traçage humain sont mis en place, les résultats de l'étude indiquent qu'il serait utile de considérer le symptôme d’anosmie comme un des moyens simples de dépistage. Plusieurs pays européens l'ont d’ailleurs déjà ajouté à la liste des symptômes spécifiques du COVID-19.

Les Professeurs Lechien (ORL à l’Hôpital Foch, Paris) et Saussez (ORL à EpiCURA), tous deux chercheurs à l’Université de Mons (UMONS), ont progressé dans la deuxième phase de leur étude visant à démontrer la corrélation entre pertes du goût et de l’odorat et le COVID-19.

L’étude, coordonnée à l’UMONS et EpiCURA, laisse entendre que l’apparition brutale ou initiale de perte d’odorat est typique des formes légères de COVID-19. Une confirmation/information qui pourrait servir de moyen simple de dépistage en cette période de déconfinement.

Au cours de la pandémie de COVID-19, de nombreux médecins ont constaté l’apparition d’anosmie (perte partielle ou totale de l’odorat) et de dysgueusie (perte partielle ou totale du goût) chez les patients infectés.

Une récente étude européenne (la première étude scientifique à ce propos portant sur 417 patients COVID positifs), coordonnée par l’UMONS et à laquelle ont participé des médecins ORL d’EpiCURA, a montré que ces troubles de l’odorat et du goût étaient fréquents et qu’ils concernaient près de 9 patients sur 10 (86% de ceux présentant une forme légère de l’infection).

Dans une deuxième étude, portant cette fois sur 1420 patients présentant une forme légère du COVID-19, les chercheurs ont observé que les deux symptômes les plus fréquents de la maladie étaient les maux de tête (70.3%) et la perte de l’odorat (70.2%).

Ces deux études démontrent clairement que les formes légères de la maladie ne présentent pas le même panel de symptômes du COVID-19 que les formes sévères. Pour les formes légères, il était impératif de considérer l’anosmie comme un symptôme spécifique de la maladie (lettre publiée à ce propos dans la revue européenne des rhinologistes (Rhinology) et co-signée par le Professeur Claire Hopkins, présidente de la société Européenne de Rhinologie).

Enfin, les études ont montré que certains patients présentaient une anosmie initiale (comme premier symptôme), voire parfois isolée (comme seul symptôme). Une question se posait donc : « Un patient présentant une anosmie isolée ou initiale suivie de légers symptômes de rhume (nez qui coule ou bouché) est-il infecté par le coronavirus (SARS-CoV2) ? »

Dans ce cadre, un questionnaire en ligne a été déposé sur le site internet de l’UMONS (ce questionnaire est toujours accessible/voir infos pratiques ci-dessous).

Cette enquête concernant l’infection à COVID-19 a permis de récolter les réponses de plus de 5000 personnes.

Parmi celles-ci, 400 patients présentant une anosmie initiale (soit comme premier symptôme, soit isolée) ont accepté de participer à cette deuxième phase de l’étude.

Quels sont les résultats de cette deuxième partie de l’étude ?

Dans un premier temps, les ORL d’EpiCURA ont réalisé des frottis nasopharyngés de dépistage (RT-PCR) chez 78 patients présentant une anosmie initiale ou isolée. Ils ont ainsi pu montrer que si le frottis est réalisé dans les 12 premiers jours de l’anosmie, 87.5% des patients étaient infectés par le COVID-194.

En complétant par des sérologies au moyen des kits rapides mis au point par l’entreprise Zentech (Liège) pour les patients qui étaient négatifs au frottis, ce chiffre passe à 93%.

Sur base de ces études, publiées récemment, on peut conclure que :

  1. les formes légères de l’infection à COVID-19 présentent un ensemble de symptômes différents des formes sévères. L’anosmie est un symptôme spécifique des formes légères ;
  2. actuellement, les patients présentant une anosmie brutale initiale ou isolée semblent avoir 90% de risque de souffrir du COVID-19.
    Dans le contexte du déconfinement où des systèmes très sophistiqués et coûteux de traçage humain sont mis en place, il semblerait utile de considérer le symptôme d’anosmie comme un des moyens simples de dépistage. Plusieurs pays européens ont d’ailleurs ajouté l’anosmie à la liste des symptômes spécifiques du COVID-19.

Les auteurs de l’étude se tiennent à la disposition des scientifiques de Sciensano.

Ils rappellent également la poursuite de l’étude en ligne. Ils demandent à la population concernée de répondre massivement à l’enquête de préférence par le questionnaire en ligne accessible via ce lien.

Pour rappel, ce questionnaire s’adresse à :

  1. Tous les patients diagnostiqués Covid-19 + par un test PCR (qui ne sont pas en soins intensifs); si un patient a déjà répondu à l’enquête via un médecin de son hôpital, il ne doit plus remplir cette enquête générale;
  2. Tous les patients isolés à la maison par le Médecin traitant ou le médecin spécialiste sur base des symptômes (sans test PCR);
  3. Tous les patients anosmiques mais avec ce symptôme depuis seulement le 1er mars (et pas les patients souffrant de sinusite chronique ou opérés des sinus ou avec anosmie antérieure au 1er mars).

Si les répondants éprouvent des difficultés avec le formulaire en ligne, ils peuvent contacter par mail l’adresse covid19.rechercheclinique@umons.ac.be et y laisser leurs coordonnées.

Pour plus d’infos au sujet de cette étude, adressez-vous à sven.saussez@umons.ac.be ou jerome.lechien@umons.ac.be