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Olivier Houdé, de Charleroi à Paris. De l’UMONS à la Sorbonne.

Publié le 25 juin 2019
Rédigé par Lena Goessens
Considéré par ses pairs comme le « Piaget du XXIe siècle », Olivier Houdé, ancien étudiant de l’Université de Mons à Charleroi, a acquis ses lettres de noblesse à Paris. Bruxellois de naissance, instituteur de formation, il est aujourd’hui professeur de psychologie du développement à la Sorbonne.

Considéré par ses pairs comme le « Piaget du XXIe siècle », Olivier Houdé, ancien étudiant de l’Université de Mons à Charleroi, a acquis ses lettres de noblesse à Paris. Bruxellois de naissance, instituteur de formation, il est aujourd’hui professeur de psychologie du développement à la Sorbonne. Dans cette interview, il revient sur sa première formation universitaire qu’il a suivie à horaire décalé à l’UMONS Charleroi. 

A l’occasion des 40 ans de l’UMONS Charleroi, vous avez exposé votre théorie du développement de l’intelligence chez l’enfant. Votre théorie de l’apprentissage va un pas plus loin que les travaux de Jean Piaget. En quoi vos recherches dépassent-elles celles de votre modèle ?

Jean Piaget considérait la construction de l’intelligence chez l’enfant (calculer, raisonner, etc.) comme l’une des formes les plus subtiles de l’adaptation biologique. A l’époque, ces réflexions restaient très théoriques. Aujourd’hui, avec l’imagerie cérébrale, on peut commencer à réellement explorer la biologie du développement cognitif. Nos jugements et décisions sont le plus souvent dominés par des heuristiques intuitives, très rapides, fondées sur des biais cognitifs erronés. D’où nos illogismes !

A partir de mes propres découvertes chez l’enfant et l’adulte, j’ai proposé une nouvelle théorie de l’intelligence en trois systèmes: 1) le circuit court des heuristiques approximatives, 2) le circuit long des algorithmes logiques exacts et 3) le système inhibiteur qui bloque les heuristiques, au cas par cas, selon le but et le contexte. Il est guidé par des émotions telles que le regret. C’est cette inhibition positive, créatrice, qui est la clé de l’intelligence dans le cerveau et qu’il faut éduquer ou coder.

Comment est née votre vocation pour l’éducation des enfants et, plus tard, pour la psychologie et le développement de l’enfant ?

En 1981, à 18 ans, je rêvais de devenir instituteur, le plus beau métier qui soit : apprendre aux enfants le monde et éveiller leur intelligence ! Encore en Belgique à cette époque, j’apprends en Haute Ecole à enseigner le français, les mathématiques, mais aussi la géographie et l’histoire, ainsi que le dessin aux jeunes élèves. Peintre amateur et passionné durant mon adolescence, l’idée d’éveiller tout à la fois la beauté et l’intelligence dans le cerveau des enfants me comble.

A l’aube de mes 20 ans, lors de la rédaction de mon mémoire de fi n d’études – celles d’instituteur duraient alors deux ans – je me plonge dans la lecture d’un livre de Jean Piaget, « La formation du symbole chez l’enfant », paru en 1945. Ce fut un choc, une révélation ! J’y découvre l’existence d’une science expérimentale (comme la physique, la chimie, la biologie) de l’intelligence en construction chez les enfants. C’est extraordinaire ! Moi-même à peine sorti de l’enfance, cette découverte m’avait bouleversé. La voie était alors tracée : le métier de chercheur comme Piaget sera le mien.

Je décide alors de m’inscrire dans un cursus universitaire de psychopédagogie à Charleroi. L’UMONS y offrait une formation accélérée en psychologie de l’enfant pour les étudiants déjà instituteurs. C’est ensuite à Paris, à la Sorbonne, que je poursuis en 1985 ma licence de psychologie, suivie du cursus jusqu’au Doctorat soutenu en 1991 sur le développement de la catégorisation chez l’enfant.

Quel souvenir gardez-vous de vos études à l’UMONS Charleroi ?

J’en garde un excellent souvenir, très studieux. C’était ma première formation universitaire d’emblée de haut niveau en psychologie de l’éducation et en sciences expérimentales.

Je me souviens surtout du Prof. Jean Dierkens, éloquent, captivant tout son auditoire, « LE » modèle de professeur d’université tel que je n’en ai jamais rencontré d’autre, même en France à la Sorbonne. J’ai aussi gardé de bons contacts avec Bruno De Lièvre, compagnon très amical d’étude en 1984-85.

En savoir plus sur les travaux de recherche d’Olivier Houdé : http://olivier.houde.free.fr/