Enseignement Futur étudiant

Focus sur l’option information et communication – Interview de notre Professeure Manon Libert

Publié le 26 février 2020
Rédigé par
Chargée de cours à l’ESHS et responsable de l’option information-communication, Manon Libert nous parle de son parcours universitaire, des recherches qui l’ont amenée à publier son livre « Carrières et conditions d’emploi et de travail des journalistes » et des avantages à entreprendre des études dans les métiers du journalisme ou de la communication au travers de l’Ecole des Sciences Humaines et Sociales.

Bonjour Manon, merci pour cette interview. Peux-tu, tout d’abord, te présenter en quelques mots ?

Bonjour ! Merci, c’est un plaisir pour moi ! Je suis donc Manon Libert, chargée de cours à l’Ecole des Sciences Humaines et Sociales depuis 2017. Je donne des cours en Information et Communication (Théorie de la communication, socio-économie des médias, sociologie des médias, etc.), notamment des cours de journalisme qui est mon domaine de recherche.

Quel a été ton parcours pour arriver jusqu’à l’ESHS ?

J’ai fait un Master en journalisme à l’ULB. A la fin de mes études, j’ai travaillé environ un an en tant que journaliste indépendante. Quelques mois plus tard, j’ai vu passer une offre d’emploi de l’ULB pour un projet de thèse sur les carrières journalistiques. Comme j’avais adoré faire mon mémoire à l’époque et que le sujet m’intéressait particulièrement, j’ai postulé. C’est comme ça que j’ai réalisé un Doctorat en Information et Communication. J’ai défendu ma thèse en juin 2017 et en septembre de la même année, j’étais engagée à mi-temps par l’École des Sciences Humaines et Sociales. Enfin, depuis cette année académique 2019-2020, j’ai obtenu un temps-plein dans notre École et je suis chargée de mettre sur pied et de développer le service Information et Communication.

Tu as donc réalisé un Doctorat en Information et Communication à l’ULB. Quel a été ton domaine de recherche ?

Ma thèse portait sur l’évolution récente des carrières et des conditions d’emploi et de travail des journalistes de la presse quotidienne belge francophone.

J’imagine qu’en tant que professeure à l’université tu poursuis tes recherches ?

Oui, tout à fait. Je travaille principalement sur la question des carrières et des trajectoires professionnelles des journalistes belges. Pour l’instant, je poursuis l’analyse des résultats d’une large enquête nationale, co-réalisée en 2019 avec l’ULB et l’Université de Gand (UGent), et qui interrogeait le profil, les situations d’emploi et les représentations des journalistes à l’égard de leur métier. Avec ma collègue Florence Le Cam, Professeure de journalisme à l’ULB, nous travaillons sur une partie des données de cette enquête, celles qui concernent les journalistes les plus âgés. Nous cherchons à savoir dans quelle mesure l’âge est-il oui ou non un facteur aggravant d’inégalités pour les journalistes femmes, notamment en termes de situation d’emploi et de sécurité économique. Avec Lise Ménalque (doctorante à l’ULB), nous finalisons aussi l’écriture d’un livre portant sur la carrière des femmes journalistes en Belgique. Ce livre fait suite à une recherche-action menée en partenariat avec l’Association des journalistes professionnels qui avait pour objectif de mieux comprendre pourquoi les femmes sont si peu nombreuses en journalisme, alors qu’elles sont majoritaires dans les formations au métier.

À la suite de tes diverses recherches, tu as eu l’opportunité de publier le livre « Carrières et conditions d’emploi et de travail des journalistes », paru en novembre dernier. Peux-tu nous en parler ?

Ce livre a été réalisé à partir de ma thèse de doctorat. Il est consacré à la question des  évolutions récentes des conditions d’emploi et de travail des journalistes de la presse quotidienne belge francophone, dans un contexte d’érosion des ventes et de nombreux  bouleversements induits par les mutations technologiques. J’y explore la manière dont les journalistes vivent et ressentent ces évolutions afin de comprendre comment elles influencent leur carrière.

La première partie du livre est consacrée aux résultats d’une large enquête quantitative conduite auprès des journalistes belges titulaires de la carte de presse. Elle détaille les profils, les situations d’emploi et les conditions de travail du groupe journalistique. J’ai essayé de mettre en lumière les spécificités du secteur de la presse quotidienne, en comparaison aux autres secteurs médiatiques. Pour étudier en profondeur l’évolution des conditions d’emploi et de travail, il m’est ensuite apparu nécessaire de réaliser une étude de cas et d’observer ce qui se passe à l’intérieur d’une entreprise de presse déterminée. J’ai choisi de travailler sur l’entreprise Rossel & Cie et plus précisément, sur le quotidien Le Soir. La seconde partie du livre retrace l’histoire des relations de travail au sein de ce journal depuis la fin des années 1990 à 2013. J’y aborde la fragilisation des conditions d’emploi, la question de l’autonomie journalistique, de la dispersion au travail, l’introduction du journalisme pluri-média, etc. Cette partie met en lumière les logiques managériales qui sous-tendent ou accompagnent ces mutations. Enfin, la dernière partie est centrée sur la manière dont les journalistes appréhendent, vivent et ressentent ces mutations. A partir d’entretiens biographiques, j’ai cherché à comprendre comment ces évolutions transforment leur trajectoire professionnelle. Pour une partie des journalistes, ces évolutions ont été une source de souffrance, de perte de sens dans leur travail. Elles ont entraîné de profonds bouleversements identitaires confrontant ces journalistes à des tensions entre leur identification au groupe professionnel, leur appartenance au milieu organisationnel et leur trajectoire individuelle. Le livre souligne et explique le désengagement progressif de ces journalistes par rapport à leur journal et parfois aussi, à leur carrière en journalisme.

Tout cela me parait bien sombre pour les futurs journalistes. Que pourrais-tu conseiller aux étudiants intéressés par ce domaine ?

C’est vrai qu’il est plus difficile aujourd’hui de se stabiliser dans le journalisme. Les débuts sont plus compliqués, et cela généralement sur une période de 3-4 ans, avant de pouvoir trouver une situation d’emploi plus stable dans le métier. Mais c’est un beau métier. Et chaque année, des étudiants parviennent à faire leur trou et à s’insérer dans la profession. Le conseil que je pourrais donc donner aux futurs étudiants qui seraient passionnés par le journalisme est de s’accrocher, de développer de l’expérience et de miser sur des projets valorisant un journalisme de qualité.

Que penses-tu de notre BSHS pour se diriger vers le journalisme ?

La particularité qu’on a chez nous, c’est de proposer aux étudiants d’acquérir des connaissances et des compétences dans une diversité de domaines liés aux sciences humaines et sociales. Nos étudiants développent des connaissances en politique, en sociologie, en économie, en management, en histoire, en psychologie, etc. Quand on souhaite travailler dans le journalisme ou la communication, ce bagage représente une grande richesse : il permet d’analyser des situations diverses, de pouvoir y apporter un éclairage, de les commenter, les expliquer, etc.

Par ailleurs, une autre particularité de l’ESHS est la dimension humaine de l’école. Cela permet de mettre en œuvre des cours forts interactifs, permettant une vraie participation des étudiants. Cela permet aussi de leur donner un feedback plus approfondi sur leurs travaux, leurs exercices. Dans les cours de l’option Information et Communication, je pense que ces discussions et feedbacks jouent un rôle important dans le développement des compétences spécifiques à la communication et au journalisme.

Quels sont les cours spécifiques à l’option information-communication du BSHS de l’UMONS ?

Je peux en citer quelques-uns : Introduction à l’information journalistique, Pratique du journalisme, Pratique de la communication, Fondements de marketing, Socio-économie des médias, etc. L’option est pensée de manière à offrir aux étudiants un bagage théorique solide en information et communication, mais également à les initier à la pratique du journalisme et de la communication. Par exemple, le cours de Pratique du journalisme dispensé en Bloc3 par Gorian Delpature, journaliste à la RTBF, permet notamment aux étudiants de s’exercer à la radio. Cette mise en pratique amène les étudiants à découvrir la réalité des métiers du journalisme et de la communication, à s’y confronter et à développer les compétences spécifiques essentielles pour ces métiers.

Merci Manon pour toutes ces informations et ces bons conseils et bonne continuation !

 

« Carrières et conditions d’emploi et de travail des journalistes », par Manon Libert