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Master en médecine: l’UMONS ne lâchera rien!

Publié le 13 février 2023
Rédigé par Valery Saintghislain
Point par point, l'UMONS et ses Autorités tiennent à démonter les arguments utilisés par la Ministre pour justifier son refus d'accorder l'habilitation

Point par point, l’UMONS et ses Autorités tiennent à démonter les arguments utilisés par la Ministre pour justifier son refus d’accorder l’habilitation au travers d’une note visant à démontrer le bien-fondé de leur demande de Master, comme l’indiquait le dossier déposé à l’ARES et validé par son Conseil d’administration qui a remis un avis « Favorable » à la Ministre le 20 décembre 2022.

« Il ne s’agit pas de « saupoudrage financier » et encore moins de « sous-localisme » mais bien d’un enjeu social, sociétal et de santé publique pour la province du Hainaut et par-delà », martèle le Recteur, le Prof. Philippe Dubois.

Le Recteur de l’UMONS précise qu’à ce jour, il n’a pas eu de contact avec la Ministre et déplore ne pas avoir été préalablement informé de ce refus unilatéral, annoncé par voie médiatique.

Par leur action, l’UMONS et l’ULB osent espérer que la Ministre reviendra sur sa décision et que le Gouvernement et le Parlement seront à son écoute.

Notre demande de cohabilitation UMONS-ULB de Master en Médecine en Hainaut :

  • N’implique aucune augmentation du nombre d’étudiants en médecine étant donné le contingentement via le concours d’entrée, conditionné par le plafond des numéros INAMI. Seule une relocalisation des étudiants diplômés à l’issue de leur premier cycle à l’UMONS en Hainaut est ciblée avec pour effet recherché un accroissement relatif des médecins, particulièrement des généralistes, exerçant dans la province. C’est la raison pour laquelle le cursus de 180 crédits du Master UMONS-ULB en Hainaut mettra en évidence l’intérêt de la médecine générale et orientera les étudiants dans cette voie pour la suite de leurs études.
  • N’implique aucune augmentation financière significative :
    • Pas de création d’hôpital académique étant donné que l’Hôpital académique sera ERASME (y compris ses 200 lits CHU répartis dans 5 hôpitaux sur l’ensemble du territoire de la province). Notre cohabilitation impliquant l’ULB, la Loi fédérale de 1971 nous interdit de créer tout autre hôpital académique et, de plus, il est évident que l’ULB, via sa Faculté de médecine, ne pourrait l’accepter.
    • Pas de création d’une Faculté étant donné que la Faculté de Médecine et Pharmacie (FMP) existe déjà à l’UMONS (elle fête d’ailleurs son 50e anniversaire cette année). Notre demande conjointe avec l’ULB vise à compléter le Bachelier en médecine de l’UMONS avec ce Master de 180 crédits UMONS-ULB à l’instar de ce qui est maintenant fait en Pharmacie depuis 3 ans avec tout le succès qu’on lui connait, soit une augmentation de 48% des candidats pour le Bachelier en Pharmacie. Précisons encore que le métier de pharmacien est lui aussi inscrit sur la liste des métiers en pénurie. La FMP dispose donc bien de l’équipement scientifique ainsi que du personnel, complété par les collègues de la Faculté de médecine de l’ULB. De plus, sachant qu’une grande composante de ce Master s’articule sur des stages réalisés au sein des hôpitaux hainuyers partenaires (voir ci-dessous), le coût engendré pour la FMP sera à la marge.

Rem : La seule augmentation financière effective résultera du coût marginal représenté par les étudiants inscrit.e.s en Master en médecine dans une université de taille moyenne comme l’UMONS (ceci s’explique par le principe des nombres-plafonds au niveau inscription des étudiants en universités de grande taille vs. taille moyenne). L’impact financier de cette augmentation est estimé par la Ministre à moins de 500.000€ sur 3 ans[1], soit un montant annuel de l’ordre de 0,01% du budget 2023 de la FWB. Ce montant est de loin inférieur au crédit extraordinaire qui sera alloué pour le nouveau Bachelier en droit organisé par l’UCLouvain à Charleroi, soit 2.400.000€/an lorsque les trois années de ce bachelier seront organisées, sans parler du fait de la concurrence territoriale puisque ce Bachelier sera organisé à 7 endroits différents : 5 en Wallonie (Louvain-La-Neuve, Namur, Liège, Mons et maintenant Charleroi) et 2 à Bruxelles (notre partenaire, l’ULB et l’UCLouvain-St Louis).

N’implique aucune concurrence territoriale (suivant les critères de l’ARES) puisqu’en Wallonie, le seul endroit où le Master en médecine est organisé se trouve à Liège. En Région Bruxelloise, le Master en médecine est organisé par l’UCLouvain et notre partenaire, l’ULB.

    • En termes d’ « équité » des étudiants, est-il normal qu’un étudiant de Tournai ou de la Botte du Hainaut doive se rendre si loin et à quel coût de logement, pour poursuivre ses études de médecine alors que d’autre y ont accès « à domicile » ?
    • Pour ce qui concerne les vocations médicales, en tenant compte de la population des provinces, il faut noter que les candidats à l’examen d’entrée en médecine sont 50% en plus pour les résidents du Brabant wallon que pour ceux du Hainaut ! La différence en défaveur du Hainaut est de 25% par rapport à Liège et de 45% pour la Région Bruxelles Capitale, là où l’on retrouve les 3 Facultés de médecine organisant le Master (Réf 1). La différence en défaveur du Hainaut est comparable au niveau des futurs médecins en formation en médecine générale (Réf 2). Et ce, malgré le renforcement des efforts réalisés pour augmenter le nombre de médecins généralistes en formation depuis 2018 : si ces efforts ont porté leurs fruits avec une hausse dans les deux années qui ont suivi de 20% de futurs médecins généralistes à Bruxelles et 15% à Liège, les chiffres sont malheureusement restés inchangés pour le Hainaut (Réf 3).
    • Les Experts de l’Agence pour l’Évaluation de la Qualité de l’Enseignement Supérieur (AEQES) ont évalué le cursus « médecine » de l’UMONS en 2022 (Réf 4). Parmi leurs recommandations principales, on retrouve le développement de la pratique de la médecine générale en Hainaut et la mise en place de dispositifs facilitant l’installation de jeunes médecins. Ces experts soutiennent dans leurs analyses la mise en place d’un Master en Médecine à l’UMONS.
    • Le nombre de jeunes Hainuyers qui s’inscrivent dans l’enseignement supérieur en Hainaut est plus faible que partout ailleurs en Fédération Wallonie Bruxelles. La moyenne wallonne est supérieure de 20% à la moyenne hainuyère (de 17% en Région Bruxelles Capitale) (Réf 5).

Implique une plus-value en termes d’inclusion sociale et sociétale :

    • Ainsi, le Centre Fédéral d’Expertise de Soins de Santé (KCE) souligne le rôle prépondérant des Facultés de médecine dans l’attractivité de la médecine générale et le recrutement des futurs médecins généralistes (Réf 6) L’importance de la médecine générale au sein de la Faculté de médecine, le programme de cours, les stages en médecine générale et les modèles d’identification influencent le choix d’entamer une carrière en médecine générale.
    • Plusieurs études scientifiques internationales démontrent que l’orientation vers la médecine générale et l’installation dans les zones en pénurie sont directement influencées par le fait d’avoir grandi dans une zone en pénurie et par l’identité socio-culturelle ou encore par la perception du rôle social du métier (Réf 7). Ces facteurs peuvent multiplier par 3 ou 4 la probabilité qu’à l’issue de sa formation, le candidat ouvre son cabinet en zone de pénurie.
    • Le même constat a été fait lors du choix des stages en médecine générale (Réf 6) dont la localisation influence ensuite le choix de carrière future (Réf 8). Les stages en médecine générale en Hainaut seront renforcés. De mêmes, les stages et grandes cliniques seront organisés de manière préférentielle en Hainaut (voir ci-dessus).
    • Dans la mesure où c’est à la fin du cycle de master que l’étudiant est appelé à se positionner sur l’orientation qu’il prendra pour sa spécialisation, il convient de renforcer l’attrait pour la filière de médecine générale dès le début du cycle de master, ce qui est précisément la proposition de l’UMONS et l’ULB dans leur Master en médecine en Hainaut. Une bonne part de l’enseignement des disciplines relève de la pratique en médecine générale (Réf 9). Il est donc important d’intégrer la médecine générale dans les apprentissages de chaque discipline et non pas de la cantonner à la pratique spécifique à la médecine générale (Réf 6).

Implique un retour sur investissement garanti en termes de santé publique :

    • En Hainaut, la densité des médecins généralistes est inférieure de 19% par rapport à la moyenne wallonne (Réf 2). De plus, le vieillissement de l’âge moyen des médecins contribue à l’accroissement de la pénurie à moyen terme en Belgique (Réf 10). C’est le cas en Hainaut plus qu’ailleurs, avec un départ massif de médecins généralistes à la pension des aînés. Les médecins âgés de 60 ans et plus représentent en Hainaut 53% de la totalité, soit nettement plus que la moyenne wallonne (Réf 2).
    • Ce souci démographique va s’amplifier, vu la faible relève qui s’annonce : les médecins hainuyers âgés entre 40 et 50 ans représentent moins de 10% du nombre total de leurs confrères dans la province (Réf 2).
    • Le Hainaut est la province avec le revenu moyen le plus faible de la Région wallonne (Réf 12) et l’espérance de vie y est la plus faible de toute la Belgique (en moyenne 2,6 années plus basse que la moyenne belge (Réf 11).
    • Les facteurs de risque liés au comportement, pour lesquels une prévention est importante et dès lors la médecine générale de première ligne, sont une cause majeure de mortalité en Belgique (Réf 10) et la prévalence plus élevée de ces facteurs de risque dans les catégories sociales défavorisées contribue largement aux inégalités en matière de santé et d’espérance de vie (Réf 13).
    • Face à cette situation, le partenariat entre l’UMONS et l’ULB en Hainaut vise à réduire cette inégalité en favorisant l’accès à l’enseignement universitaire en Hainaut ainsi que les vocations dans un domaine où il existe un besoin sociétal cruellement mis en lumière lors de la crise du Covid. Leur objectif conjoint est de susciter et de favoriser les vocations des jeunes Hainuyers et de les orienter vers les soins de premières lignes et la médecine générale pour qu’une fois diplômés, ils et elles exercent leur pratique dans la province qui les a formés et contribuent ainsi à la sortie de pénurie.
    • Au travers d’une offre de proximité abordable, la codiplômation favorisera l’accès à ces études au sein d’une zone en forte pénurie tout en favorisant la mixité sociale et l’égalité des chances.

En conclusion, par cette demande de Master en médecine en Hainaut, qui n’est donc pas un Master de spécialisation, l’UMONS et l’ULB visent la formation qui est commune à tous les médecins et qu’ensuite les étudiants termineront leur formation spécialisée dans les hôpitaux universitaires existants que sont Erasme, Saint-Luc ou le Sart Tilman. Notre objectif est d’augmenter l’accessibilité à la formation de base en Hainaut de manière à pallier la carence par rapport aux autres provinces et de stimuler pendant la formation de base les vocations pour la pratique d’une belle spécialisation qu’est celle de médecin de famille.

NB: toutes les informations et données reprises dans cette note figure dans le dossier de co-habilitation déposé par l’UMONS et l’ULB auprès de l’ARES. Elles ont été visées et discutées par les Chambres thématiques, le Bureau exécutif et les Services administratifs de l’ARES  et validées par son Conseil d’administration en date du 20 décembre 2022. L’avis favorable de l’ARES et dûment motivé avec ces données a été ensuite transmis à Madame la Ministre V. Glatigny.

Références :

  1. Examen d’entrée et d’accès aux études en sciences médicales et dentaires – Statistiques descriptives (éditions 2017 à 2021), Décembre 2021
  2. Base de données des Statistiques Annuelles des Professionnels des soins de santé en Belgique : Nombre de professionnels en droit de prester au 31/12/2020 et influx 2020. Publication de la Cellule Planification de l’Offre des Professions des Soins de Santé. https://organesdeconcertation.sante.belgique.be/fr/file/statan2020frxlsx.
  3. Statistiques Annuelles des professionnels de soins de santé en Belgique : Nombre de professionnels en droit de prester au 31/12/2020 et influx 20. Publication de la Cellule Planification de l’Offre des Professions des Soins de Santé (Tableau 8, page 14)

https://organesdeconcertation.sante.belgique.be/sites/default/files/documents/statan_2020_-_fr.pdf

  1. Agence pour l’Evaluation de la Qualité de l’Enseignement Supérieur (AEQES), Rapport préliminaire d’évaluation du Cluster Médecine (2020-21) Université de Mons (UMONS), 2022
  2. CReF Données statistiques les plus récentes : Annuaire statistique 2020 http://www.cref.be/annuaires/2020/tab_1-2-2.pdf

https://www.ares-ac.be/images/publications/2021-12-10_EXMD-Indicateurs-publics.pdf

  1. KCE reports 90 B 2008, Médecine générale : comment promouvoir l’attraction et la rétention dans la profession ?

https://kce.fgov.be/sites/default/files/2021-12/d20081027364.pdf

  1. A.Goodfellow et al. Predictors of Primary Care Physician Practice Location in Underserved Urban and Rural Areas in the United

States: A Systematic Literature Review. Acad. Med., 2016 September ; 91(9): 1313–1321. doi:10.1097/ACM.0000000000001203.

  1. E.Blake Fagan et al. Family medicine graduate proximity to their site of training: policy options for improving the distribution of primary care access. Fam Med., 2015 February ;47(2): 124-30.

https://fammedarchives.blob.core.windows.net/imagesandpdfs/pdfs/FamilyMedicineVol47Issue2Fagan124.pdf

  1. F Rolland et coll. Choisir une discipline médicale d’exercice : facteurs de choix et représentations des étudiants en médecine en France. Pédagogie Médicale 20, 111-119 (2019)

https://doi.org/10.1051/pmed/2020013

  1. State of Health in the EU · Belgique · Profils de santé par pays 2021, European commission OECD

https://health.ec.europa.eu/system/files/2022-01/2021_chp_be_french.pdf

  1. Statbel 14/7/2022

https://statbel.fgov.be/fr/themes/population/mortalite-et-esperance-de-vie/tables-de-mortalite-et-esperancede-vie

  1. Statbel 26/10/2021, https://statbel.fgov.be/fr/themes/menages/revenus-fiscaux

6 KCE Report 341S Performance of the Belgian health system: projection-based indicators, Chap 1.22 General practitioners p19-20.

  1. Clément Clesner, Espérance de vie, revenu, chômage… : des chiffres qui interpellent en province du Hainaut, RTBF info, 10 février 2023

https://www.rtbf.be/article/esperance-de-vie-revenu-chomage-des-chiffres-qui-interpellent-en-province-du-hainaut-11150905

[1] En utilisant le calcul de la Ministre, cela représente un coût marginal supplémentaire de 2070€/étudiant inscrit en Master médecine à UMONS-ULB qu’il faut multiplier par 67 étudiants (suivant les estimations de la Ministre qui se base des extrapolations des données des inscriptions 2021-2022 au sein de l’UMONS et tenant compte du quota « INAMI » qui sera de 711. Le montant sera donc que de 138.690€ par année de Master.