La démocratie à la croisée des chemins, stop ou encore ?
Anne-Emmanuelle Bourgaux, constitutionnaliste et chargée de cours à l’Université de Mons (Ecole de Droit), revient sur les alternatives démocratiques qui existent, en-dehors du seul suffrage universel. En remontant le fil de l’histoire constitutionnelle de notre pays, elle a fait découvrir à son public – venu en nombre l’écouter à l’occasion de la conférence de clôture du cycle « Les Invités de l’UMONS » sur le campus de Charleroi – une « autre » histoire de la participation politique dans nos contrées. Une histoire passionnante dans laquelle la démocratie n’a pas dit son dernier mot et où tous les rêves de citoyenneté sont encore permis !
En ce début de XXIème siècle, la démocratie est en ébullition. En son nom, des révolutions éclatent. En son nom, des nouveaux mouvements et partis politiques chamboulent les paysages politiques. En son nom, des nouvelles expériences démocratiques voient le jour (tirage au sort, budget participatif…). En son nom, des référendums s’organisent partout dans le monde. Mais dans le même temps, la démocratie s’essouffle. Des leaders forts la remettent en question. Des scandales éthico-financiers la décrédibilisent. Des enquêtes et baromètres la bousculent. Des tentations autoritaires la minent.
Dans ce contexte démocratique chahuté, « il faut dissiper, ce que j’appelle, le malentendu du suffrage universel« , explique Mme Bourgaux. « Mes recherches ont en effet montré qu’on disait déjà, en 1919-1921, que, seul, le suffrage universel ne va pas suffire et qu’il faut le prolonger par autre chose que voter. La consultation populaire est l’une de ces possibilités démocratiques, au même titre que l’est le référendum« .
La démocratie, encore et encore plus…
Le suffrage universel est donc incapable de répondre seul à ces espoirs de renouveau démocratique et de renforcement de la citoyenneté. Le constat est sans appel mais des solutions existent. « Il suffit de poursuivre ce qu’on avait décidé au moment du suffrage universel. Il faut démocratiser la décision politique pour cesser cette impression de déjà vu et cette idée que « ce sont toujours les mêmes au pouvoir » et offrir aux citoyens une formation à la citoyenneté démocratique pour qu’ils puissent exercer leur citoyenneté en connaissance de cause car la complexité constitutionnelle et institutionnelle enraille la compréhension. En d’autres termes, il faut démocratiser nos modèles de vote et instaurer le dialogue entre élus et électeurs en faisant confiance au peule pour redonner dès lors l’envie, aux jeunes et aux moins jeunes, de rêver encore de lendemain qui chante ! »
Pour voir ou revoir cette conférence, rendez-vous sur la web TV de l’UMONS.