La dépression à long terme démontrée pour la première fois chez un animal éveillé
L’existence de la dépression à long terme (LTD) dans le cervelet d’un animal éveillé vient d’être démontrée par l’équipe du Professeur Guy Cheron, du Service d’électrophysiologie de la Faculté de Psychologie et des Sciences de l’Education, en collaboration avec le Professeur Javier Marquez-Ruiz, de l’Université Pablo de Olavide de Séville.
La description de cette plasticité neuronale importante avait été faite en 1982 par l’équipe du Professeur Ito (Japon) sur tranche de cerveau et elle est à la base de la théorie de l’apprentissage moteur effectuée par le cervelet. Cependant, la preuve de l’existence de ce phénomène chez l’animal éveillé n’avait pas encore été faite. C’est ce phénomène que Marquez-Ruiz et Cheron viennent de publier dans la prestigieuse revue américaine PloS ONE.
Cette avancée scientifique devrait permettre d’aborder l’étude de la LTD chez des souris mimant des altérations spécifiques du système nerveux chez l’homme.
Pour bien comprendre le mécanisme de cette découverte, il faut savoir qu’il est aujourd’hui impossible de parler de la mémoire et de l’apprentissage moteur sans mentionner deux mécanismes physiologiques fondamentaux: la potentialisation à long terme (PLT) et la dépression à long terme (DLT).
Ces deux mécanismes ont été initialement découverts, il y a plus d’un demi-siècle, dans des structures neuronales différentes: l’hippocampe pour la PLT et le cervelet pour la DLT.
L’organisation cellulaire du cervelet peut être résumée en considérant l’existence d’un type de cellules principales, les cellules de Purkinje (CP) qui forment la seule voie de sortie du cortex cérébelleux et qui exercent une inhibition des neurones des noyaux profonds du cervelet eux-mêmes impliqués dans de nombreux comportements moteurs (saisir un objet, suivre une cible des yeux, marcher, etc….
Les CP sont sous le contrôle de deux voies afférentes excitatrices, les fibres parallèles (FP) (via les fibres moussues) et les fibres grimpantes (FG) en provenance des noyaux olivaires. De façon très résumée, si les FP et les FG sont stimulées simultanément pendant un certain temps, la réponse post-synaptique de la CP à une stimulation isolée des FP est significativement réduite. On parle alors d’une dépression à long terme (DLT). Il s’agit effectivement de la réduction durable de la force d’une synapse considérée comme un mécanisme pouvant expliquer l’existence d’une mémoire motrice.