ISALA NOVA – Pour une transformation durable des carrières académiques et scientifiques

Dans un monde académique encore marqué par les inégalités de genre, sociales, raciales ou liées au handicap, ISALA NOVA agit pour une transformation systémique en vue de mettre en place « une science par tous pour tous ». Ce réseau interuniversitaire a pour ambition de rassembler des ambassadeurs de différentes universités en vue de réfléchir à des solutions innovantes facilitatrices de l’équité et la diversité au sein de l’université, et ce afin de proposer une science qui réponde aux besoins de tous et qui bénéficie de l’apport de tous.

Avec le soutien du fonds Sakura de la Fondation pour les générations futures, l’UMONS et l’UNamur tentent d’opérationnaliser et initier les premiers travaux de ce réseau autour de la problématique du tuyau percé et des discriminations de genre. ISALA NOVA c’est donc pour l’instant un premier projet de recherche-action, d’une durée de 3 ans, qui poursuit les objectifs suivants :

• Identifier et lever les freins à l’égalité dans les carrières scientifiques.
• Créer des environnements de travail plus justes, inclusifs et durables.
• Favoriser l’émergence de solutions concrètes et innovantes sur mesure, issues du terrain, portées collectivement ;
• Expérimenter la mise en place et l’efficacité d’un réseau de transformation en vue d’un passage à large échelle ;
• Diffuser les connaissances et bonnes pratiques acquises pendant le projet au grand public.

A l’issue du projet pilote, nous espérons poursuivre l’aventure et travailler sur toutes problématiques et autres discriminations qui pourraient empêcher l’équité au sein des carrières académiques et scientifiques à l’université. Nous espérons ouvrir ce réseau à d’autres institutions partenaires.

LE SAVIEZ-VOUS ?

Le nom ISALA NOVA n’a pas été choisi au hasard. Il rend hommage à Isala Van Diest, première femme médecin belge et pionnière du combat pour l’égalité. Le mot Nova évoque le renouveau, l’espoir. Un clin d’œil à cette nouvelle génération d’actrices et d’acteurs du changement, prête à éclairer un système encore trop inégalitaire.

Les pistes récemment discutées par l’OCDE en novembre 2024 dans le cadre d’un atelier sur l’égalité, la diversité et l’inclusion (EDI) pour pallier ces constats, donnent à penser qu’il faut :

• Comprendre les causes du tuyau percé au sein des carrières académiques de nos universités ;
• Identifier scientifiquement pour chacune de ces causes les meilleures interventions basées sur le système et ses éventuels dysfonctionnements ;
• Et partir de cette dynamique interpersonnelle et systémique pour coconstruire véritablement des solutions adaptées, qui pourront être remises en propositions de projets aux autorités et que la communauté s’appropriera au fur et à mesure et collégialement.

Notre objectif n’est pas de nous limiter à des actions destinées à conscientiser les femmes ou leur donner des clés pour maintenir la progression dans leur carrière (sensibilisation, formation, mentorat), ni à des actions de formations ou sensibilisations mises à disposition des membres de l’institution de manière plus générale (comme les formations aux biais inconscients dans le recrutement). Les sensibilisations et actions ne sont pas suffisantes pour faire évoluer tout un système. Souvent, elles reçoivent bon accueil principalement chez les personnes déjà sensibles ou sensibilisées et touchent peu les autres.

 A contrario de la sensibilisation, le groupe est un levier indispensable pour faire évoluer des règles qui, bien que socialement acceptables, pourraient contribuer au maintien des inégalités. Notre objectif est de créer des groupes de chercheurs de tous horizons et statuts, hommes et femmes, pour réfléchir sur les causes des inégalités et du tuyau percé, discuter de bonnes pratiques efficaces et de l’état de l’art sur ces causes, et co-construire des solutions adaptées à leur environnement qu’ils pourront ensuite diffuser autour d’eux au sein de leurs institutions respectives. D’où le nom des groupes germes.

La nouveauté du projet ISALA NOVA repose donc sur approche bottom-up pour amorcer une transformation systémique.

En outre, le projet part d’un ancrage dans les réalités locales, sur des problèmes qui concernent directement les personnes qui y travaillent pour pouvoir en tirer des enseignements généraux de fonctionnement qui puissent être implémentés dans d’autres institutions.

Enfin, c’est aussi travailler au départ d’une logique participative fondée sur l’intelligence collective, l’écoute et la coresponsabilité. Ce Réseau ne se contente pas de sensibiliser : il crée une communauté apprenante et solidaire, où chaque membre peut être acteur du changement. Il ouvre en ce sens de vraies possibilités de rencontre pour mettre en place des innovations sociales et/ou des projets de recherche interdisciplinaires qui répondront aux attentes des appels européens.

L’originalité de notre approche réside aussi dans la collaboration interuniversitaire entre l’UMONS et l’UNamur. Nos groupes germes seront en effet constitués des membres intéressés appartenant à ces deux institutions. Il ne s’agit donc pas de réfléchir uniquement en interne mais aussi d’ouvrir les réflexions aux réalités de contextes universitaires pouvant être variés. En effet, même si les membres de ces groupes germes évoluent dans des contextes différents de par la spécificité de leur institution, certaines problématiques rencontrées sur le terrain leur sont communes. Des initiatives locales ont peut-être déjà été mises en place, avec succès ou pas. En partageant leur expérience de terrain, pistes d’actions déjà développées, succès et difficultés, nos groupes germes interuniversitaires pourront faire émerger des propositions tenant compte de ces réalités déjà éprouvées. Ils seront d’ailleurs accompagnés par des experts ayant déjà travaillé sur des problématiques qui les préoccupent et pouvant dès lors les éclairer sur les points d’attention spécifiques à avoir face à ces problématiques.

Malgré des engagements répétés, les femmes restent largement sous-représentées dans les postes à responsabilités académiques. Cette inégalité n’est pas simplement une question d’équité : elle appauvrit l’innovation, biaise les savoirs produits et limite les perspectives offertes à la société.

Le projet ISALA NOVA veut :

• Identifier les freins systémiques qui entravent la progression des femmes;

• Créer un réseau interuniversitaire d’ambassadrices et ambassadeurs engagés;

• Élaborer des solutions sur mesure, issues du terrain, portées collectivement;

• Expérimenter une méthodologie transférable à d’autres universités;

• Diffuser les connaissances et bonnes pratiques acquises pendant le projet au grand public.

Le projet repose sur une double expertise :

• Recherche : étude des vécus, suivi de l’impact des actions, analyse comparative entre l’UMONS et l’UNamur.
• Administration : coordination des groupes, soutien institutionnel, diffusion et ancrage des pratiques.

Les « groupes germes » (réseaux d’ambassadeurs et ambassadrices) sont le cœur du dispositif. Ils participent à :

• des ateliers collaboratifs,

• des focus groupes,

• des rencontres interuniversitaires régulières.

Ces acteurs deviennent des passeurs de changement, au sein même de leur environnement.

Ce projet aimerait poursuivre un impact sociétal fort par la diffusion des résultats sous différents canaux et formes. L’objectif est de quitter un mode de communication académique et viser un public varié, en ce compris le grand public. En effet, force est de constater que nous sommes devant un problème de société qui ne concerne pas que le monde universitaire. Le changement du contenu des croyances et des normes passe aussi par une action vers le grand public.

ISALA NOVA souhaite engager une collaboration innovante avec les écoles supérieures des arts (ESA) et les Hautes Ecoles.

Objectif : vulgariser la recherche, bousculer les imaginaires collectifs et ouvrir le dialogue avec le grand public, à travers :

• des créations artistiques (scène, image, performance, etc.),

• des expositions dans des lieux comme le MUMONS,

• des ateliers participatifs et projets pédagogiques.

Cette dimension STEAM (Sciences ➕ Arts) rappelle que les inégalités de genre touchent aussi les milieux artistiques.

« L’absence de modèles féminins invisibilise des vocations. ISALA NOVA veut briser ce cercle. »

Il n’est dès lors pas seulement question de communiquer au sein des universités, mais aussi de communiquer vers la société, en différentes occasions, de sorte à toucher les jeunes et leurs proches et requestionner leurs idées reçues et/ou sensibiliser sur les leviers et freins nécessaires pour une société plus inclusive et égalitaire.

L’équipe se base sur un partenariat, fort mais rare, entre recherche et administration. La recherche aura pour objectif d’identifier les causes de la fuite des femmes et de faire le monitoring de l’impact de ces groupes germes. L’administration quant à elle actionnera les leviers qui faciliteront l’implémentation et l’animation des groupes germes, la valorisation et la dissémination des résultats. L’étude pilote des groupes germes sera conduite sur l’UMONS et l’UNamur, soit deux institutions dont la taille est proche mais dont l’organisation interne diffère. La comparaison des deux écosystèmes identifiera les points d’attention en vue du passage à échelle au niveau des universités de la Fédération Wallonie Bruxelles.