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Le stress, l’anxiété et la dépression liés au Covid-19 augmentent depuis un an chez les 3-25 ans

Publié le 29 avril 2021
Rédigé par DCOM
L'équipe qui a élaboré et mis en ligne voici un an le site Home Stress Home constate un impact psychologique de la crise Covid sur les plus jeunes d'entre nous qui se manifeste notamment par un glissement de la peur vers la tristesse et la dépression.

Voici bientôt un an, une équipe composée des chercheurs/chercheuses issus de la Faculté de Psychologie et des Sciences de l’Education ainsi que de la Faculté de Médecine et de Pharmacie de l’UMONS,  lançaient un site web baptisé « Home Stress Home ».

Ces chercheuses/chercheurs sont toutes membres de l’Institut de Recherche Santé de l’UMONS.

L’objectif de ce site toujours accessible via l’adresse : https://www.home-stress-home.com était de mesurer l’anxiété chez les 3-25 ans, en lien avec la crise sanitaire liée à l’épidémie Covid.

Depuis la mise en ligne à la mi-mai 2020, de nombreuses données quant à l’anxiété, la dépression et le stress des jeunes ont pu être collectées.

Au total, 278 jeunes enfants, 163 enfants, 442 adolescents et 1053 jeunes adultes ont témoigné.

Ces données, disent les chercheurs, nous permettent aujourd’hui de voir l’évolution du bien-être psychologique de chaque tranche d’âge, au fil de cette pandémie »

Les principaux résultats obtenus montrent que :

  • Entre mai 2020 et fin août 2020, 31.5% des ados répondants montraient des symptômes d’anxiété tandis que 37.8% montraient des symptômes de dépression.
  • Chez les jeunes adultes, ils étaient 38.5% à montrer un stress important, 40.38% à avoir des symptômes d’anxiété et 38.7% présentaient des symptômes de dépression.
  • La situation semblait avoir moins d’impact sur les enfants puisque seulement 12.4% montraient des symptômes d’anxiété et 16.5% des symptômes de dépression.
  • Bien que l’utilisation du site amène un biais de sélection (les personnes qui s’évaluent sont probablement celles qui s’inquiètent le plus pour leur santé psychologique), ces chiffres amènent à un constat assez inquiétant.

D’autant plus, poursuit l’équipe, que nous observons une augmentation nette au fil du temps du nombre de personnes présentant des symptômes d’anxiété et de dépression dans les groupes adolescents et jeunes adultes. En effet, entre septembre et fin décembre, pour les adolescents 47.8% avaient des symptômes d’anxiété et 56.5% de dépression. Et chez les jeunes adultes 47.8% étaient stressés, 52.5% avaient des symptômes anxieux, 59.1% présentaient des symptômes dépressifs, faisant passer le nombre de personnes en souffrance psychologique de 2 à 3 sur 5 ».

Les données, analysées mois par mois, permettent également de constater que l’augmentation des symptômes dépressifs et anxieux est importante pour les enfants les mois correspondants à des confinements, mais ils redescendent aussi très rapidement lors des déconfinements.

A contrario, chez les adolescents et les jeunes adultes, il est noté des augmentations significatives au cours des mois correspondants aux confinements, mais ces niveaux ne redescendent pas ou peu par la suite (janvier-avril).

Les symptômes anxieux et dépressifs des jeunes adultes se pérennisent depuis le début de la crise covid-19, là où pour les enfants, les chercheurs/chercheuses constatent plutôt des augmentations en réponse aux mesures les plus fortes. Ceci pourrait être mis en relation avec le fait que les mesures concernant les adolescents et les jeunes adultes n’ont pas connu de relâchement depuis le mois d’octobre 2020 (école en semi-présentiel ou en code rouge, interdiction des activités extrascolaires).

Plus inquiétant encore, les symptômes dépressifs commencent à prendre une place de plus en plus importante dans les résultats chez les jeunes adultes, mais surtout, chez les adolescents.

Entre les vagues 2 et 3 (janvier-avril 2021), les symptômes anxieux ont diminué pour les adolescents (43.7% au lieu de 47,8%), alors que les symptômes dépressifs ont, eux, continué d’augmenter (58.9 au lieu de 56.5%). Ainsi au fil du temps, il est constaté un glissement des sentiments exacerbés de peur vers de la tristesse importante.

Le site Home Stress Home a été conçu pendant le confinement par une équipe mixte composée de graphistes, de chercheurs/chercheuses de l’Université de Mons spécialisées dans différents domaines tels que la psychologie cognitive, la neuropsychologie, la neurophysiologie et les neurosciences en général… et même d’un étudiant en dernière année de la Faculté de Psychologie et des Sciences de l’Education !

Il repose sur un dispositif organisé en deux étapes : l’évaluation du niveau de stress par un questionnaire spécifique et, ensuite, la proposition d’un programme adapté.

A la demande des utilisateurs, le site procure maintenant des évaluations du niveau de stress et un programme adapté aux adultes, en plus de celui spécifique aux jeunes adultes.

Nous avons aussi développé des pages ressources pour les parents, professionnels ou proches de personnes stressées ou anxieuses, qui leur procurent des conseils et outils pour les aider à gérer ce stress », conclut l’équipe.

Plus d’infos ? https://www.home-stress-home.com

Laurence Ris, laurence.ris@umons.ac.be  et Justine Gaugue, justine.gaugue@umons.ac.be,