Les processus de vulgarisation des langues de spécialité dans la culture populaire – Colloque international
Nous avons le plaisir de vous annoncer la tenue de ce colloque international à la FTI-EII de l’UMONS. Plus d’informations sont disponibles ci-dessous et dans le document à télécharger ci-contre.
Les langues de spécialité (LSP), que l’on peut définir largement comme les usages spécialisés de la langue par une communauté dans un domaine particulier, font partie intégrante de la culture populaire. Selon Johns (1994, p. 4), les discours écrits et oraux des langues de spécialité peuvent être vus comme des « artéfacts culturels », voire des « genres servant des objectifs de communication au sein de groupes d’individus qui se considèrent comme appartenant à une communauté ».
De ce fait, les marqueurs des langues de spécialité tels que l’énonciation de théories ou d’hypothèses, le jargon scientifique, la terminologie, le recours à des diagrammes ou à des formules se manifestent (souvent sous une forme vulgarisée) tant en littérature que dans les films de science-fiction ou encore dans les forums de fandoms, dans le but de fournir de l’information tout en servant un objectif de divertissement.
A titre d’exemples, citons Donald au pays des mathémagiques (1959), un film d’animation expliquant des théories mathématiques fondamentales dans un court-métrage à destination des enfants ; Le Jeu de la dame (1983), un ouvrage fictionnel qui s’articule autour de l’univers du jeu des échecs en décrivant notamment les stratagèmes d’ouverture et l’étude du jeu en général (ce roman a donné lieu à une adaptation éponyme sous forme d’une série produite par Netflix (2020)) ; la sitcom The Big Bang Theory (2007 – 2019), qui met en scène de jeunes physiciens qui travaillent à l’université et abordent une multitude de théories scientifiques à travers de nombreuses références et clins d’oeil dans chaque épisode ; les films de science-fiction, qui s’appuient eux aussi abondamment sur la LSP pour véhiculer des idées réelles ou hypothétiques : le film Interstellar (2014), par exemple, explore la théorie de la relativité pour faire voyager des astronautes à travers l’espace-temps.
A l’occasion d’un colloque international, nous accueillons des propositions de communication sur l’exploitation des langues de spécialité et / ou de leur traduction dans la culture populaire à travers 5 axes (sans que cette liste soit exhaustive) :
- Considérations linguistiques et terminologiques : comment le jargon scientifique et la terminologie sont-ils intégrés dans la narration ? Quels processus linguistiques agissent comme marqueurs de la vulgarisation dans la narration (et pourquoi ?) ou ciblent délibérément une communauté scientifique en particulier ? La vulgarisation scientifique se manifeste notamment à travers des métaphores (Fries, 2011 ; Rossi, 2015), des questionnements, la personnalisation, l’humour, la contingence (Giannoni, 2008). Peut-on considérer que les narrations littéraires et audiovisuelles ayant pour thèmes des théories scientifiques agissent comme des mises en récit de celles-ci ? Si oui, quels procédés témoignent de cette mise en récit (Resche, 2016) ? Quels marqueurs discursifs témoignent de l’exploitation des langues de spécialité (Babaii et Asadnia, 2021) ? Quelle place les langues de spécialité et les processus de vulgarisation occupent-ils dans diverses formes de communication (romans, bande dessinée, films de science-fiction, sous-titres, publicité, publications sur les réseaux sociaux, tweets, …) ?
- Considérations didactiques : Comme le rappellent Kirby (2014) et Vidal (2018), le « modèle du déficit » selon lequel les connaissances scientifiques déficitaires du public poussent les scientifiques à considérer leur communication d’un point de vue nécessairement pédagogique semble toujours être l’approche dominante, et ce malgré de nombreuses critiques (Pouliot et Godbout, 2014). De ce point de vue, LSP et vulgarisation semblent indissociables. Mais quels phénomènes inter- ou intralinguistiques peut-on observer ? Par exemple, constate-t-on une différence de registres des langues de spécialité dans les échanges entre les personnages (profane / expert) ? Par quelles manifestations cette différence se marque-t-elle ? D’un point de vue différent, de nombreux auteurs (Johns, 1994 ; Petit, 1999 ; Isani, 2009 ; Whyte, 2016 ; Cartron, 2022) proposent le recours à la fiction populaire (littéraire, cinématographique ou télévisée) en tant que matériau authentique pour l’enseignement des LSP. Dans quelle mesure ces textes offrent-ils aux apprenants “une voie d’accès aux langues de spécialité” (Petit, 1999) ?
- Réception : Selon Kirby (2014), la science-fiction influence les croyances et les perceptions du public récepteur en véhiculant des postulats scientifiques. Comment l’oeuvre en question est-elle accueillie ? Remarque-t-on des processus d’identification à une communauté (communauté de scientifiques, non experts, fandoms, …) ou, au contraire, un rejet de la part du public ? De nombreux auteurs et scénaristes font appel à des scientifiques pour tendre à une représentation fidèle des notions scientifiques. Comment cette démarche est-elle perçue par le public profane et par le public savant ? L’utilisation et la traduction des langues de spécialité peuvent-elles avoir une influence sur la sociologie des publics (Esquenazi, 2009a) ? En adoptant la perspective ouverte par les études de fans, et le développement de la « culture geek », pourrait-on considérer le public scientifique comme un public à part entière (Clark, 2008) ?
- Adaptation et intermédialité : D’un point de vue intersémiotique, comment les théories et concepts scientifiques sont-ils représentés ? Le rapport entre différents systèmes sémiotiques – image, langue et LSP, dialogue, musique, etc. – est-il nécessairement mis au service du processus de vulgarisation ? La représentation de “systèmes scientifiques” (Kirby, 2008, 2014) donne-t-elle lieu à des considérations spécifiques dans le cadre d’adaptations littéraires, cinématographiques et audiovisuelles ? Le transfert d’un médium à un autre est-il nécessairement révélateur d’une tension entre des formats narratifs et des besoins opposés (Kirby, 2008) ou peut-il, au contraire, témoigner de genres à portée inter- ou transmédiale comme on peut le dire de la science-fiction (Van Parys et Hunter, 2013) ?
- Référentialité : Quelles potentielles références, quelles connaissances ou quel bagage scientifique sont nécessaires à une compréhension fine du contenu scientifique présenté dans l’oeuvre ? Kirby (2008), lorsqu’il aborde la question de la représentation scientifique au cinéma, indique que les rapports entre la communauté scientifique et les cinéastes donnent lieu à une tension entre les buts recherchés. Là où les uns s’attachent à l’authenticité, les autres se contentent de vraisemblance. Dans quelle mesure la référentialité, entendue comme référence au monde extérieur, dans ses aspects proprement scientifiques a-t-elle une influence sur l’authenticité de l’univers fictionnel ? Quelle est la place à accorder à la notion de vérité scientifique dans la traduction ou l’adaptation ? Les processus de vulgarisation se mettent-ils au service de la « vérité de la fiction » (Esquenazi, 2009b) ?
Les propositions de communication doivent comporter un titre, 5 mots-clefs, un résumé de la présentation (500 mots max. hors bibliographie), les noms des auteurs ainsi qu’une courte notice biographique comportant notamment leur affiliation et leur fonction. Les propositions peuvent être rédigées en français ou en anglais au format .doc ou .docx et sont à envoyer à l’adresse LSP2025@umons.ac.be pour le 15 octobre 2024 au plus tard. Elles seront anonymisées et feront l’objet d’une évaluation en double-aveugle par le comité scientifique. Les communications retenues seront de 20 minutes suivies de 10 minutes d’une séance de questions-réponses.
Le colloque se tiendra dans le bâtiment principal de la Faculté de Traduction et d’Interprétation.
Faculté de Traduction et d’Interprétation
Campus de la Plaine de Nimy – Université de Mons
Avenue du Champ de Mars 17
7000 Mons
Belgique
Il est possible de se rendre à pied sur le campus de la plaine de Nimy depuis la gare de Mons.
6 et 7 mai 2025
Il n’y a pas de frais de participation au colloque, mais il est demandé aux participants et intervenants de s’inscrire à cette adresse avant le 1er mars 2025.
Pour vous restaurer, nous vous proposerons un menu du restaurant de l’Université de Mons situé sur le même site que le colloque. Si vous souhaitez prendre part au repas, il vous suffit de l’indiquer dans le lien d’inscription où vous pourrez également indiquer d’éventuelles restrictions alimentaires. Le prix d’un repas est de 15 €/jour pour les doctorants et de 20 €/jour pour les autres participants. Nous vous demandons de bien vouloir vous acquitter de la somme totale au plus tard pour le 1er mars 2025 sur le compte BE36 0910 0987 0181 (BIC : GKCCBEBB). Veuillez mentionner LSP2025 – T210PC001 – Votre nom.
- Ouverture de l’appel à communications : 15 juin 2024
- Fermeture de l’appel à communications : 15 octobre 2024
- Décision d’acceptation des communications : 30 novembre 2024
- Date limite d’inscription au colloque (et au repas) : 1er mars 2025
- Tenue du colloque : 6 et 7 mai 2025
Audrey Louckx (audrey.louckx@umons.ac.be) – Université de Mons
Charlène Meyers (charlene.meyers@umons.ac.be) – Université de Mons
Tiffany Jandrain (tiffany.jandrain@uclouvain.be) – Université catholique de Louvain
Kiara Giancola – Université de Mons / Université catholique de Louvain
Eponine Moreau – Université de Mons
Marine Valverde – Université de Mons
Romuald Dalodière (Université de Mons)
Christophe Den Tandt (Université Libre de Bruxelles)
Fanny Domenec (Université Paris 2)
Pascaline Dury (Université Lumière Lyon 2)
Lobke Ghesquière (Université de Mons)
Emilie Gobeil-Roberge (Université Laval)
Catherine Gravet (Université de Mons)
Marie-France Guénette (Université Laval)
Tiffany Jandrain (Université catholique de Louvain)
Gwen Le Cor (Université Paris 8)
Audrey Louckx (Université de Mons)
Evgueniya Lyu (Université Grenoble-Alpes)
Charlène Meyers (Université de Mons)
Christine Michaux (Université de Mons)
Sabrina Mittermeier (Universität Kassel)
Philippe Millot (Université Lumière Lyon 2)
Jessy Neau (Centre Universitaire de Mayotte)
Lucie Ons (Université Laval)
Marie Pascal (King’s University College, University of Western Ontario)
Joëlle Popineau (Université de Tours)
Micaela Rossi (Università degli Studi di Genova)
Francesca Strik Lievers (Università degli Studi di Genova)
Faye Troughton (Université de Mons)
Gudrun Vanderbauwhede (Université de Mons)
Marie-Hélène Fries (Université Grenoble-Alpes)
Mie Hiramoto (National University of Singapore)
Paul Wells (Loughborough University)
7000 Mons, Belgique