Transition de la maison Hanok et du Riad marocain vers un nouveau contexte socioculturel et durable par Rime El Harrouni

Quand ?
Le 05 décembre 2025 à 14:00

Organisé par

Vincnet BECUE-Iman Benkirane, Promoteurs

Soutenance de Thèse de Madame Rime EL HARROUNI

Résumé :

L’architecture vernaculaire est le mode de vie traditionnel et naturel des communautés. Il s’agit d’un processus évolutif exigeant des changements et une adaptation constants en réponse aux contraintes sociales et environnementales. Partout dans le monde, la standardisation économique, culturelle et architecturale menace la survie de cette tradition, confrontée à de graves problèmes d’obsolescence, d’équilibre interne et d’intégration. De ce point de vue, on peut conclure que cette part indissociable du patrimoine bâti n’est que le reflet de la société, voire de sa culture. Par conséquent, il est nécessaire de rester attentif non seulement aux différents courants qui ont marqué la pratique architecturale, mais aussi à l’architecture dite traditionnelle, rurale ou populaire, qui représente les deux tiers de la construction mondiale. Parmi les maisons traditionnelles du monde, nous nous concentrerons sur le modèle coréen des maisons Hanok et le modèle marocain du Riad, car nous pensons que comparer l’architecture traditionnelle des régions les plus éloignées de la civilisation ou de la distance constitue un sujet de recherche intéressant. Les Hanok coréens se divisent en deux grandes catégories :
– « Waga » est une maison au toit de tuiles d’argile, habitée par la classe dirigeante appelée Yangban sous la dynastie Joseon (XIVe-XIXe siècle), où sont appliquées de nombreuses techniques architecturales luxueuses ;
– « Choga » est une maison au toit de chaume recouvert de paille de riz, habitée par la classe dirigeante et utilisant des techniques et des matériaux bruts.

À première vue, le riad marocain est considéré comme le plus proche du premier des deux types de Hanok. En termes de décoration architecturale, Hanok et Riad sont difficiles à comparer directement. Cependant, il serait très pertinent d’analyser la signification de l’organisation spatiale et des décorations mises en œuvre dans les Riad et Hanok, respectivement. Comparer l’émergence et l’évolution de ces deux formes architecturales au fil du temps, tant à petite échelle qu’à grande échelle urbaine, constituerait également un thème de recherche pertinent. En particulier, le développement durable ayant récemment suscité une attention accrue dans tous les domaines, l’évolution des formes architecturales centrées sur les villes historiques et la présentation de nouveaux modèles sont également très intéressantes. Ces deux formes distinctes de patrimoine architectural et culturel partagent un élément commun : le patio.

Il est difficile de retenir un seul fil conducteur pour aborder le thème des maisons à patio, tant les interactions entre géographie, climat, histoire, culture, sociologie, architecture et urbanisme sont nombreuses. La maison à patio est l’un des deux schémas d’habitat urbain les plus célèbres de l’histoire. Elle a résisté à l’épreuve du temps. Elle a évolué vers un modèle plus raffiné et plus complexe, toujours d’actualité. C’est un modèle d’habitat universel, présent dans une grande diversité de lieux géographiques, de cultures, de climats et de sociétés, et dont la continuité historique est remarquable. Ce patrimoine, aux aspects matériels et immatériels, perdure et constitue une source d’inspiration pour contribuer, dans un esprit de développement durable, à notre adaptation au monde d’aujourd’hui et de demain. Ainsi, une bonne compréhension de la valorisation du modèle de la maison à patio pourrait améliorer la réhabilitation des villes historiques et même servir de référence pour l’adaptation bioclimatique de l’habitat à l’ère de l’efficacité des ressources et du développement à long terme.

Certaines institutions coréennes et marocaines ont pris des mesures essentielles pour préserver ce patrimoine inestimable. Cette recherche nous aidera à analyser les différentes actions menées pour sa sauvegarde, avec des exemples de maisons traditionnelles réhabilitées et rénovées. Avec la généralisation de l’IA, de l’IoT et du big data, et la pandémie de COVID-19 qui remodèle les comportements sociaux et les besoins spatiaux, on observe une demande croissante d’espaces qui transcendent les modèles traditionnels, repoussant les limites physiques de l’habitat pour accueillir de nouvelles activités et fonctions. Les recherches antérieures sur le développement et la réhabilitation de l’habitat traditionnel n’incluaient que des interventions sur la structure et les caractéristiques thermiques de l’habitat traditionnel, ignorant ainsi la configuration spatiale de la maison et sa transformation en fonction des pratiques et des besoins des consommateurs d’aujourd’hui. Cependant, les nouvelles technologies de structure et de construction n’ont pas encore été développées et ne sont pas encore commercialisées. Elles suscitent notamment un débat social sur l’authenticité de la structure de l’habitat traditionnel (Hanok et Riads). Cette recherche abordera l’habitat traditionnel en lien avec la qualité spatiale et la transition sociale. Elle utilisera la syntaxe spatiale pour repenser l’agencement spatial des riads marocains et des hanoks coréens afin de créer un espace plus flexible, durable et multifonctionnel, reflétant le mode de vie actuel.

Bien que cette recherche présente des limites en termes de conception de base au niveau de la planification et que le contexte urbain global n’ait pas pu être pleinement analysé, elle propose un système en évolution et la nécessité de le compléter ultérieurement, ainsi qu’une approche humaine et psychologique pour repenser l’habitat traditionnel, en tenant compte du contexte social actuel.
Des recherches continues sur les technologies vertes sont nécessaires pour évaluer l’effet d’amélioration des performances pratiques et l’applicabilité d’une conception axée sur les activités dans les maisons traditionnelles, qu’elles soient touristiques, commerciales ou liées aux espaces de travail, pour des espaces accessibles.

Par conséquent, nous attendons de cette recherche la revitalisation d’un nouveau bâtiment de type hanok et de riads adaptés au cadre de vie actuel. Pour une installation et une diffusion harmonieuses de ces modèles d’habitat traditionnel, chaque communauté doit élaborer une stratégie d’adaptation aux futures technologies des Hanoks et des Riads. Cette stratégie repose sur une compréhension des besoins des consommateurs, à travers une analyse socioculturelle, comportementale et physique de ces technologies et de la qualité spatiale, afin de comprendre l’évolution de leurs perceptions. Les résultats montrent que la réutilisation adaptative des Hanoks et des Riads peut générer des modes de vie durables et socialement responsables, à condition de s’appuyer sur l’identité culturelle, la sensibilité environnementale et les pratiques spatiales modernes. La thèse met en avant le patio (cour intérieure) comme l’élément morphologique et symbolique le plus significatif, unissant les deux typologies. Il s’agit d’un élément architectural universel et intemporel dont la réinterprétation peut guider la réhabilitation des villes traditionnelles et éclairer les orientations actuelles en matière de conception bioclimatique.

Jury :

  • Becue Vincent, UMONS, Promoteur
  • Benkirane Iman, Promoteur
  • Godimus Etienne, UMONS, Président du jury
  • Tenkoul Abderrahman, UEMF, Rapporteur
  • Mhammedi Mouna, ENA Rabat, Rapporteur
  • Cenci Jeremy, UMONS, Rapporteur
  • Diab Youssef, Gustave Eiffel University, Examinateur
  • Haeun Rii, Dongguk University, Examinateur

Lieu : Campus Archi Dolez – Salle Macquet. La défense sera suivie d’un drink.