L’intelligence artificielle en interprétation : un défi pour la FTI-EII
Des étudiants de première année de Master en interprétation, accompagnés de la Doyenne de la Faculté, Christine Michaux, et les enseignantes Astrid Cocciuti, Axelle Desmons, Daria Balandina et Peggy Van Ceulebroeck, ont assisté à une conférence de haut niveau sur l’intelligence artificielle et les défis qu’elle présente pour l’interprétation de conférence. Organisé par le Service d’interprétation de la Commission européenne, cet événement a rassemblé un panel varié d’experts issus du monde académique, entrepreneurial, institutionnel et scientifique. Des représentants de l’OCDE, du Parlement européen et de la Cour de justice de l’Union européenne ont également pris part aux discussions, soulignant ainsi l’ampleur du sujet.
Outre une belle représentation de la FTI-EII dans l’assistance, on peut également souligner la présence d’anciens diplômés de la FTI-EII dans la cabine française, assurant l’interprétation depuis l’anglais, l’espagnol, l’italien et l’allemand. Une belle reconnaissance des compétences acquises à la FTI-EII et de son rayonnement au sein des institutions européennes.
« J'ai adoré pouvoir écouter les interprètes tout au long de la conférence. J'ai adoré discuter avec eux lors des pauses café ou des lunchs. Ils nous ont donné de précieux conseils concernant nos études. Avec la conférence, j’ai touché mon futur métier du bout des doigts et j’ai hâte que ce rêve devienne une réalité ». – Violette Wauthier, étudiante en Interprétation en Master 1.
Adapter la formation des interprètes à l’ère de l’IA
Si les avancées de l’IA posent des défis pour l’avenir du métier, elles représentent aussi une opportunité d’innovation. De nombreux outils sont déjà disponibles ou sont en cours de développement. Certains de ces outils devraient faciliter certaines tâches associées à l’exercice de l’interprétation. C’est par exemple le cas d’outils d’extraction terminologique ou d’outils permettant de repérer et de retranscrire en temps réel les chiffres ou les noms propres dans une intervention orale.
Face à cette importante évolution, la FTI-EII ne se contente pas d’observer. Elle est pleinement consciente de la nécessité de surfer sur la vague du progrès. La FTI-EII est bien décidée à s’engager activement dans l’adaptation de ses formations pour intégrer ces nouveaux outils tout en préservant l’essence du métier d’interprète. Plutôt que de voir l’IA comme une ennemie, la FTI-EII anticipe et façonne l’avenir de l’interprétation comme à son habitude, mais cette fois avec l’IA en tant qu’allié.
Vers une IA responsable et encadrée pour l’interprétation
Parmi les enseignements tirés de la conférence, il apparait que, sur le plan purement technique, l’IA est en mesure de réaliser une interprétation. Toutefois, pour des raisons multiples et toutes tout à fait justifiées, aucune des institutions représentées n’était prête à envisager de troquer ses interprètes en chair et en os contre des machines. Aussi intelligentes soient-elles, elles n’en restent pas moins artificielles ce qui laisse de nombreuses questions notamment celles liées à la confidentialité, à la responsabilité, au décryptage des intentions de communication, du non-dit sans réponse.
« Je me sens davantage rassuré. L’IA ne prendra pas notre place » témoigne Damien Lambert, étudiant en Interprétation en Master 1. « Les institutions semblent y voir clair et souhaitent privilégier la qualité de l’interprétation aux économies qui pourraient être faites ».
Un travail de coopération entre les institutions et les universités pourra permettre de répondre à ces changements et de mettre en œuvre des stratégies pour arriver à tirer parti d’une IA responsable, traçable et gouvernable. En milieu naturel, pour survivre, il faut savoir s’adapter aux changements, face à une IA de plus en plus présente dans nos vies, il faut savoir s’en servir au mieux et judicieusement pour ne pas s’incliner devant elle. La capacité d’adaptation fait heureusement partie de l’ADN d’un interprète.
Cet événement a également été l’occasion d’entendre la lauréate du concours ‘young interpreters award’ livrer son discours devant une assemblée conquise et émue par la qualité, la maturité et les émotions de cette future interprète originaire de Zurich. « Elle a parlé de sa passion pour l’interprétation et de l’avenir avec une grande éloquence » ajoute Violette Wauthier. « Même les interprètes de la cabine allemande, qui ont fait un super bon travail, l’écoutaient en souriant ».
Cette participation à Interpreting Europe marque une étape pour la FTI-EII, affirmant sa position d’actrice clé dans la formation des interprètes de demain. L’avenir s’annonce riche en défis, mais aussi en opportunités pour celles et ceux qui souhaitent faire de l’interprétation leur métier. Et l’UMONS entend bien rester à l’avant-garde de cette évolution passionnante.
Crédits photo : European Commission & Peggy Van Ceulebroeck