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Rencontre Trump – Zelensky : comment la présence d’un interprète aurait changé le dénouement final ?

Publié le 13 mars 2025
Rédigé par Robin Raedt
Le 28 février dernier, une rencontre diplomatique attendue entre Volodymyr Zelensky et Donald Trump à la Maison-Blanche s'est soldée par un échec. Le président ukrainien, confronté aux provocations de Trump et de son vice-président JD Vance, a quitté les lieux plus tôt que prévu, laissant derrière lui des négociations avortées et une Europe réaffirmant son droit à participer à l'aide à l'Ukraine. Mais au-delà des enjeux géopolitiques, un élément clé de la communication diplomatique était absent : l'interprète.

Ici, à la Faculté de Traduction et d’Interprétation de l’Université de Mons (UMONS), nous déplorons cette absence. Pourquoi ? Parce qu’un interprète n’est pas seulement un passeur de mots, mais un médiateur essentiel qui favorise une communication équilibrée et sereine.

 

Un équilibre linguistique

 

Notons tout d’abord que l’anglais n’est pas la langue maternelle de Zelensky. Se retrouver face à un président américain et son administration, à devoir s’exprimer dans une langue qui n’est pas la sienne, constitue un désavantage stratégique. Un interprète aurait permis de rétablir l’égalité linguistique entre les parties, évitant à Zelensky de négocier dans une langue qui n’est pas la sienne, sur le terrain de son interlocuteur.

Ensuite, l’interprète joue un rôle de régulateur des interactions. Lors d’échanges aussi tendus que ceux du 28 février, sa présence aurait pu atténuer les tensions. Il ne s’agit pas simplement de traduire fidèlement les propos, mais aussi d’apporter un cadre, une neutralité et une distance qui permettent d’éviter l’escalade verbale et les malentendus. Zelensky, sans interprète, s’est retrouvé seul face à un rapport de force inégal, renforcé par la dynamique même de la langue.

 

Un métier qui reste essentiel

 

Cette absence interroge. Pourquoi un interprète n’a-t-il pas été mobilisé ? Faut-il y voir une stratégie de la part de l’administration Trump pour accroître la pression sur Zelensky ? Ou était-ce la volonté du président ukrainien qui se sentait confiant ? Nous ne pouvons l’affirmer avec certitude, mais cette situation rappelle une fois de plus à quel point le rôle de l’interprète est crucial dans les relations internationales.

Dans un monde où l’Intelligence artificielle est présentée comme un possible substitut aux professionnels de la traduction et de l’interprétation, cet épisode pose une question fondamentale : souhaitons-nous vraiment confier l’avenir des grandes décisions diplomatiques à des algorithmes ? L’interprète, par son intelligence humaine, sa compréhension des subtilités culturelles et sa capacité à anticiper les tensions, demeure un acteur irremplaçable.

A la Faculté de Traduction et d’Interprétation de l’UMONS, nous réaffirmons notre engagement à former des professionnels aptes à relever ces défis. Notre mission est de rappeler l’importance de ce métier et d’insister sur le fait que l’interprétation ne se réduit pas à un simple codage-décodage de mots, mais constitue un véritable levier diplomatique.