Habitat informel : de la vulnérabilité à la résilience spatiale. Dynamiques d’adaptation et de transformation de l’habitat dans le secteur d’Oulad M’Barek (Kenitra-Maroc) par Ouassim BENSOUDA KORACHI
Soutenance de Thèse de Monsieur Ouassim BENSOUDA KORACHI
L’habitat informel, un phénomène mondial lié à la croissance urbaine rapide et à la pénurie de logements abordables, est souvent perçu soit comme l’expression d’une vulnérabilité socio-économique, soit comme la manifestation d’une résilience (économique, sociale, spatiale, etc.).
Au Maroc, divers programmes ont été entrepris pour faire face à ce phénomène. Le plus récent, le programme « Villes Sans Bidonvilles », a abordé la résorption de l’habitat informel à travers trois modes opératoires : le relogement, la restructuration et le recasement. Le recasement, bien que largement adopté, a rencontré plusieurs difficultés, conduisant à un phénomène de ré-informalisation, caractérisé par la reproduction des pratiques spatiales propres à l’habitat informel. Ce phénomène est particulièrement marqué dans le secteur d’Oulad M’barek, objet de notre étude.
Dans le cadre de ce travail de thèse, nous postulons que si le phénomène de ré-informalisation met en évidence les limites du mode opératoire adopté, il révèle également la résilience des populations vulnérables concernées par le programme. Une meilleure compréhension de ce phénomène pourrait donc favoriser l’élaboration de programmes plus adaptés. Notre thèse a ainsi entrepris d’identifier les caractéristiques spatiales conférant à l’habitat informel sa capacité de résilience, d’analyser les processus de leur réappropriation dans les sites de recasement et enfin d’en tirer des recommandations pour améliorer les modes de production des logements dans le cadre des programmes de recasement. Pour ce faire, quatre indicateurs de résilience spatiale spécifiques à l’habitat informel ont été développés : l’auto-organisation, la connectivité, la diversité et la flexibilité. Ces indicateurs représentent les attributs spatiaux qui favorisent la consolidation et l’intégration de nouvelles composantes spatiales au sein de l’habitat informel. À travers ces indicateurs, un cadre théorique a été élaboré. Ce cadre, constitué de sous-indicateurs comportementaux, intégrés et émergents, a été appliqué dans l’étude de cas menée dans le secteur d’Oulad M’barek, à Kénitra (Maroc). Les données, collectées par transects, groupes de discussion, enquêtes structurées et relevés architecturaux, ont fait l’objet d’une analyse thématique.
Les résultats de l’étude de cas d’Oulad M’barek ont confirmé la persistance des pratiques informelles résilientes malgré les interventions menées dans le cadre du programme de recasement. La résilience spatiale, caractérisée par l’adaptation, la transformation et l’expansion du tissu informel étudié avant sa démolition, a été transposée et réappropriée dans les nouveaux sites de recasement. Cela a conduit à l’émergence de mécanismes de production de logements hybrides, situés à la confluence des domaines formel et informel. Ces mécanismes permettent aux populations recasées d’adapter le développement du logement à leurs contraintes spécifiques. Les résultats de nos recherches ont abouti à la conception d’un guide pratique destiné aux acteurs locaux, comprenant des recommandations issues de l’analyse de la résilience spatiale observée sur le territoire d’étude. Ce guide soutient une approche holistique et inclusive, recommandant une vision dynamique et adaptative des programmes de recasement.
Mots-clés : Habitat informel, Recasement, Vulnérabilité, Résilience, Résilience spatiale, guide de conception.
Jury :
- Pr. Vincent BECUE, FAU-UMONS, Promoteur
- Pr. Iman Meriem BENKIRANE, EMADU-UEMF, Promotrice
- Pr. Jérémy CENCI, FAU-UMONS, Co-Promoteur
- Pr. Isabelle DE SMET, FAU-UMONS, Examinatrice
- Pr. Laurent DEBAILLEUX, FPMS-UMONS, Rapporteur
- Pr. Etienne GODIMUS, FAU-UMONS, Rapporteur
- Pr. Abderrahmane HADDAD, ISJP-UEMF, Examinateur
- Pr. Abdelhadi IBNYAHYA, ENAR, Invité
- Pr. Sanae KASMI, ISJP-UEMF, Invité
- Pr. Majid MANSOUR, ENAR, Rapporteur
- Pr. Abderrahman TENKOUL, FSHS-UEMF, Président
Soutenance publique de thèse à l’UEMF (Maroc) à 13h (heure marocaine) – 14h (heure belge)