Impact de la crise du logement de la classe moyenne dans les dynamiques de recomposition socio-spatiale de la Région Métropolitaine de Port-au-Prince par Marie Anne-Laurence VERRET

Quand ?
Le 27 mai 2025 à 15:00

Organisé par

Promoteurs : Pierre CORNUT-Jean-Claude BOLAY

Soutenance de Thèse de Madame Marie Anne-Laurence VERRET

Résumé : 

La ville a toujours été largement caractérisée par le logement. Mode de vie concret d’une population, le logement est la traduction physique de ses mœurs, goûts et usages. Il est aussi et surtout cet abri constituant le support essentiel à la construction de l’identité de tout individu et à celle de la vie en société. Conscients des multiples enjeux liés au logement, les pays du Nord et ceux du Sud ont élaboré des politiques publiques et divers programmes visant le secteur. Néanmoins, la crise du logement semble toujours présente et frappe d’une manière particulière la classe moyenne qui représente pourtant un pouvoir économique grandissant. Haïti n’a pas échappé à cette crise du logement de la classe moyenne, pas plus qu’elle n’a échappé à l’urbanisation fulgurante des pays du Sud ; à la nuance près que son contexte historique de première République noire et sa longue histoire de crises sociopolitiques et économiques doublées de catastrophes naturelles, lui confèrent une spécificité propre. Ce pays de la Caraïbe, considéré comme l’un des plus pauvres au monde, voit paradoxalement se côtoyer l’extrême richesse et l’extrême pauvreté ainsi qu’une pluralité de conditions intermédiaires. Cette situation se traduit de manière tangible dans la Région Métropolitaine de Port-au-Prince (RMPAP) qui se caractérise par la complexité d’un habitat défini par une dualité (planifié versus informel) et un double processus de densification et d’étalement. Le séisme de janvier 2010 accentua cette problématique et, notamment, l’insatisfaction critique des besoins en matière de logement (symptomatique de la crise du logement) de la classe moyenne qui, en dépit d’un contexte socio-politique et économique contraignant, est porteuse d’un capital symbolique (au sens de Bourdieu) et joue le rôle de stabilisateurs sociaux en Haïti. Il intensifia, de plus, la fragmentation et la mixité socio spatiale tel qu’il est aujourd’hui difficile de nettement distinguer les zones aisées/moyennes des zones populaires/pauvres qui font tache d’huile dans la ville. Dans un pareil cotexte, quel est l’impact la crise du logement sur les carrières résidentielles de la classe moyenne, et quelles en sont les répercussions sur les dynamiques sociales et spatiales de la RMPAP ? L’hypothèse de cette thèse est que la crise du logement induirait un parcours résidentiel de la classe moyenne lié à des aspirations qui conduisent à fuir les quartiers en dégradation. À ce titre, ce parcours résidentiel, étant lié à une urbanisation non contrôlée et à l’émergence de poches de pauvreté au sein de quartiers résidentiels de classes moyenne et aisée, contribuerait parallèlement à la dégradation de ces quartiers et à leur disparation. Ce faisant, la mobilité résidentielle de la classe moyenne participerait à la création de nouveaux quartiers et à une expansion non planifiée de la ville qui, inversement, engendrerait également ceux-ci. Ce parcours résidentiel semble finalement être vécu de manière complexe par nombre de ménages, notamment dans des situations de déclassement socio spatiale. La « cohabitation » avec les classes populaires/pauvres ferait naitre des tensions entre ces groupes qui se traduiraient par des actes d’intimidation et de violence, renforçant ainsi la motivation et les stratégies de la classe moyenne pour se déplacer. Cette thèse a ainsi pour but d’analyser le parcours résidentiel de la classe moyenne et son impact sur les dynamiques de recomposition socio spatiale de la RMPAP, au prisme de la crise du logement. Elle s’est réalisée au moyen d’une approche méthodologique de recherche qualitative et d’une étude de cas des communes de Delmas et de Pétion Ville, et par le biais de deux objectifs spécifiques mais complémentaires : (i) l’étude des choix, stratégies et trajectoires résidentiels de la classe moyenne dans un contexte incertain de politique nationale du logement, (ii) l’analyse des retombées des trajectoires résidentielles en termes social et spatial. Ces objectifs renvoient à la compréhension des pratiques (urbaines) de logement à travers des analyseurs sociaux et institutionnels, entendu que les choix résidentiels s’inscrivent aussi dans un rapport complexe aux (ou à l’absence de) politiques publiques de l’habitat et du logement.

Jury : 

  • Etienne GODIMUS (Président de jury, Professeur, Faculté d’Architecture et d’Urbanisme, UMONS)
  • Thomas WAROUX (Secrétaire, Premier Assistant, Faculté d’Architecture et d’Urbanisme, UMONS)
  • Pierre CORNUT (Co-promoteur, Professeur, Faculté d’Architecture et d’Urbanisme, UMONS)
  • Jean-Claude BOLAY (Co-promoteur, Professeur, UNIQ)
  • Georges Eddy LUCIEN (Professeur, UNIQ)
  • Guenael DEVILLET (Chargé de cours, ULIEGE)
  • Sylvie PARE (Professeur, UQAM)
  • Luisa MORETTO (Professeur, ULB)

Lieu : Rosa Parks – Local 0.08 Landercy – Avenue Frère Orban, 7 à 7000 MONS. La défense sera suivie d’un drink.