Patrimoine industriel bâti du protectorat français à Casablanca : Enrichir l’évaluation de l’expert par la perception sociale par Chaima SEDDIKI

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Le 31 août 2023 à 09:00
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Organisé par

Promoteurs : Pierre CORNUT-Etienne GODIMUS

Soutenance de Thèse de Madame Chaima SEDDIKI

Résumé :

Le Maroc a vécu plusieurs bouleversements depuis son indépendance en 1956. Les grands changements d’ordre intérieur ont débuté à l’époque du Roi Hassan II et ont été étendus plus tard par le Roi Mohammed VI qui, depuis son couronnement en 1999, a fait des projets sociaux et de développement une priorité. Ces projets ont eu pour corollaire l’ouverture d’immenses chantiers sociaux, économiques, touristiques et industriels dans les douze régions du Maroc. C’est dans ce cadre que les quatre villes impériales, Fès, Meknès, Rabat et Marrakech, ont pu bénéficier de projets de développement misant sur le renforcement de la préservation, la sauvegarde et la réhabilitation de leurs patrimoines matériels et immatériels respectifs. Mais qu’en est-il du patrimoine de Casablanca, berceau de l’industrie et capitale économique du pays ? Qu’en est-il de sa Médina et de son patrimoine hérité de la période du protectorat ?

L’analyse du contenu de la législation explique l’intérêt porté au patrimoine des villes impériales mais montre l’insuffisance des textes en matière de patrimoine architectural résidentiel et industriel construit sous le protectorat français.

En 2013, un nouveau projet de loi vient renforcer la législation. De fait, la prise en compte du patrimoine industriel est soutenue par le Roi Mohammed VI en 2014 dans le cadre du projet de développement du Grand Casablanca 2015-2020. Néanmoins, malgré cet élan prometteur, les projets de sauvegarde sont presque inexistants.

Lorsque j’entame mes recherches en 2015, je fais les constats suivants :

  • En l’absence d’inventaire, d’outils et de structures d’expertise chargées d’évaluer le potentiel patrimoine, la frénésie immobilière se poursuit et s’empare des territoires stratégiques post-industriels. Casablanca, qui fut un laboratoire de l’architecture Néo-classique, Néo-mauresque, Art-Déco et Bauhaus, saccage son passé et se dépossède de son patrimoine industriel, hérité de la période du protectorat dans l’insouciance générale ;
  • La notion de « patrimoine industriel » dans la culture marocaine n’est pas très connue et la perception du patrimoine de « l’autre », le Français, est plutôt complexe.

Dès lors, je me pose les questions suivantes : Y-a-t-il un patrimoine industriel hérité de la période du protectorat à Casablanca ? Dans l’affirmative, comment est-il perçu par les acteurs locaux du patrimoine, y compris la population ? Les casablancais, principalement ceux des quartiers anciennement industriels, y-sont-ils attachés au même titre que le patrimoine ancestral immatériel ou matériel tels que les médinas, patrimoine mondial de l’UNESCO ?
Pour répondre à ces questions, je décide d’abord d’étudier les outils d’évaluation du patrimoine existants. Il s’en suit le constat suivant : ces outils ne prennent pas en compte la dimension humaine. Dès lors, je décide de les compléter et d’explorer le territoire en adoptant deux méthodologies inductives issues des SHS et des SIC : la méthode de l’enquête qualitative et la méthodologie de la théorisation enracinée (MTE) en vue d’analyser les données collectées.

A l’issue des deux enquêtes, menées successivement en 2017 et en 2018, je prends conscience qu’à travers mes choix méthodologiques, j’ai amorcé un travail de médiation et de co-construction d’un nouvel objet patrimonial : le Patrimoine Industriel Casablancais (PIC). Mon orientation méthodologique vers les sciences humaines et sociales et les sciences de la communication m’a permis non seulement de faire émerger un discours sur le PIC et sur les possibilités de sa requalification, mais aussi d’identifier pour la première fois la dimension humaine et sociale de celui-ci.

Jury :

  • Pierre CORNUT, Promoteur, Faculté d’Architecture et d’Urbanisme de l’Université de Mons (FA+U)
  • Etienne GODIMUS, Promoteur, Faculté d’Architecture et d’Urbanisme de l’Université de Mons (FA+U)
  • Laurent DEBAILLEUX, Président de Jury, Faculté Polytechnique de l’Université de Mons (FPMs)
  • Jeremy CENCI, Secrétaire de Jury, Faculté d’Architecture et d’Urbanisme de l’Université de Mons (FA+U)
  • Iman M. BENKIRANE, Ecole Nationale d’Architecture de Rabat (ENA R)
  • Hafida BOULEKBACHE, Institut National des Sciences Appliquées de l’Université Polytechnique Hauts-de-France (INSA)
  • Claudine HOUBART, Faculté d’Architecture de l’Université de Liège
  • Pierre CALLEWIER, Faculté d’Architecture et d’Urbanisme de l’Université de Mons (FA+U)
  • Quentin WILBAUX, Faculté d’architecture, d’ingénierie architecturale, d’urbanisme de l’Université de Louvain (LOCI-Tournai)

Bâtiment Rosa Parks – Local 8 – Avenue Frère Orban, 9 à 7000 MONS