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Dans le cadre de la Chaire Francqui, la FA+U a eu l’honneur de recevoir Thierry PAQUOT, Professeur émérite à l’Institut d’Urbanisme de Paris, philosophe de l’urbain.

Publié le 21 mai 2021
Rédigé par FA+U
Au cours de cinq grandes conférences, Thierry Paquot a pu développer différents aspects de son travail.

Lors de la leçon inaugurale intitulée Une Terre urbaine sans ville ?, Thierry Paquot est revenu sur le phénomène d’urbanisation de la planète pour en repérer les cinq modalités principales : la mégalopolisation, la bidonvillisation, les gated communities, la suburbanisation généralisée et la création de villes dortoirs. Fort de cette approche critique, Thierry Paquot a ainsi peu à peu développé l’hypothèse suivant laquelle à mesure que la Terre se lotit, l’esprit des villes, combinaison de trois qualités (l’urbanité, la diversité et l’altérité), tend à disparaître pour céder la place à une vaste banlieue urbanisée.

Au cours de la seconde leçon, L’écologie comme méthode, Thierry Paquot s’est s’appuyé sur les travaux des grands naturalistes des XVIIIe et XIXe siècles pour défendre l’idée suivant laquelle l’écologie n’est pas seulement une conviction politique qui viendrait perturber l’habituel découpage droite/gauche, mais une méthode, à la fois processuelle, transversale et interrelationnelle qui oblige à penser autrement, de façon horizontale et rhizomée et non plus verticale et hiérarchisée, le rapport aux territoires.

La troisième leçon fut consacrée à l’Habiter. Partant de la célèbre conférence de Martin Heidegger, « Bâtir Habiter Penser » (1951), mais en lisant aussi Maurice Merleau-Ponty, Emmanuel Levinas, Henri Maldiney et Ivan Illich, Thierry Paquot a interrogé le sens de ce mot en montrant pourquoi, paradoxalement peut-être, l’être humain « habite » avant tout sa langue et non pas une maison, un logement, un pays, la Terre, même si habiter suppose d’élever sa demeure.

La quatrième conférence intitulée De la Topophilie fut l’occasion de revenir sur certains textes de Gaston Bachelard, en particulier La poétique de l’espace (1957). Il s’agissait de se demander en quoi consistait cette amitié du lieu, cette amitié envers le lieu en revenant sur la « topoanalyse » revendiquée par Gaston Bachelard. Thierry Paquot revint également, bien que plus brièvement, sur les travaux de Clare Cooper-Marcus pour parler du logement comme « miroir de soi » ou de Edward Hall qui explore la « dimension cachée » de nos rapports aux lieux et aux autres.

Enfin, lors de la leçon de clôture L’ami-Livre, Thierry Paquot a proposé un exposé plus personnel, plus autobiographique dans lequel il est revenu sur les livres, à la fois pour montrer comment ceux-ci, dans leur matérialité spécifique, contribuent à la pensée et pour souligner l’intérêt de certains grands textes pour penser autrement notre rapport au monde bâti ou plus simplement à l’existence.

Tout le long de ce cycle, il  était question d’ouvrir l’architecture à d’autres regards, à d’autres perspectives, un peu décalées, comme celles développées par certains philosophes, par des architectes et des urbanistes qui ont fait un pas de côté par rapport aux logiques dominantes ou par des grands théoriciens de l’écologie pour mieux essayer de se rapporter autrement, plus librement, au monde qui nous entoure.

Chaque conférence a été filmée. Elles sont désormais disponibles sur la Chaîne YouTube de la Faculté d’Architecture et d’Urbanisme

Nous remercions le Professeur Thierry Paquot pour ces cinq interventions passionnantes.