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La Faculté Polytechnique de l’UMONS découvre que le Singe du Grand’Garde daterait du 15ème siècle !

Publié le 3 octobre 2023
Rédigé par Christophe Morel
C’est une découverte qui ne passera pas inaperçue à Mons, et même ailleurs ! Alors que pas mal de doutes subsistent quant à l’origine du porte-bonheur de la cité montoise, la Service de Métallurgie de la Faculté Polytechnique de Mons vient de découvrir que le corps du Singe du Grand’Garde était constitué d’acier à bas carbone. Ce qui confirmerait son ancienneté et le daterait bien du 15e siècle.

Le Service de Métallurgie de la Faculté Polytechnique de l’UMONS vient de découvrir que le Singe du Grand’Garde, présent sur la façade de l’Hôtel de Ville de Mons, était constitué d’acier à faible teneur en carbone. Cette trouvaille intervient juste après l’autorisation reçue par le Service de Métallurgie en septembre dernier de prélever un échantillon (environ 1 gramme) du corps de la statue (voir photos en page 2) afin d’analyser sa teneur en carbone.

Pour rappel, un acier contient moins de 2% en poids de carbone, et une fonte ferreuse plus de 2% en poids. L’analyse chimique a eu lieu au Centre Terre et Pierre de Tournai. Les résultats prouvent que le corps du Singe est en acier à bas carbone, l’échantillon contenant environ 0.1 % en poids de carbone.

Ce constat étant fait, on peut donc en déduire que le Singe du Grand’Garde pourrait dater du milieu du 15ème siècle, à l’époque où la région de Mons était à son apogée dans la fabrication de pièces en fer « bas-fourneau » forgé. En témoigne la réalisation du « Mons Meg » (photo de gauche), une bombarde de 7.5 tonnes, forgée à Mons et offerte au roi d’Ecosse par le duc de Bourgogne en 1457. Cette bombarde est actuellement exposée sur le site du château d’Edimbourg en Ecosse.

L’acier obtenu par le procédé « bas-fourneau » ne passe pas par l’état liquide car la température maximale obtenue n’est que de 1100°C (il n’était pas possible de fondre de l’acier jusqu’au 17ème siècle environ). Ce procédé consiste en la réduction directe de petits morceaux de minerai en petits morceaux de fer par combustion du charbon de bois, ce qui conduit à une agglomération de ces morceaux de fer pendant la réduction, avec pour conséquence la formation d’une éponge plus ou moins dense prénommée « loupe ». Cette loupe de fer contient de nombreux défauts comme du laitier ou des morceaux de charbon de bois ou la présence de petites cavités.

Lors d’une conférence donnée à l’Artothèque de Mons le 16 février 2023 par le Prof. Fabienne Delaunois pour présenter ces résultats, certaines personnes présentes avaient émis un doute sur la nature du matériau utilisé. Selon les sceptiques, il était impossible de réaliser une statue de ce type en acier forgé. Le Singe devait donc obligatoirement être réalisé en fonte ferreuse et coulé dans un moule. Les récentes découvertes réalisées par le Service de Métallurgie prouvent le contraire.

La saga du Singe du Grand’Garde n’est donc pas encore terminée. Souvenez-vous, en novembre 2022, les analyses réalisées sur ce même Singe par le Service de Métallurgie avaient déjà beaucoup fait parler. Après avoir été enlevé de la façade de l’Hôtel de Ville de Mons pour cause de rénovation de bâtiment, il avait fait l’objet d’une étude approfondie de son état de surface. C’était également l’occasion d’essayer d’en savoir plus sur son origine, sa datation, et également sur sa composition chimique. Des sources diverses avançaient deux matériaux possibles pour sa réalisation : du « fer battu », c’est-à-dire de l’acier à basse teneur en carbone qui est mis en forme par forgeage, ou de la fonte ferreuse, un alliage de fer et de carbone qui contient plus de 2% en poids de carbone et qui est mis en forme par fonderie.

A la suite de ces analyses réalisées en novembre, le service de Métallurgie s’était orienté vers la réalisation de la statue par la technique du forgeage de blocs de fer de bas-fourneau comme cela se faisait vers le 15ème siècle jusqu’au début du 18ème siècle dans la région de Mons.